Volume 21

Le professeur au Département des génies civil, géologique et des mines Gérald J. Zagury explique que la sensibilisation à l'environnement est une thématique abordée à l'École polytechnique. (Crédit photo: courtoisie: Gérald J. Zagury).

Jamais sans les mines

Certains militants souhaiteraient la cessation de l’activité minière au Québec. Les professeurs de l’École polytechnique estiment pourtant qu’il serait difficile de se passer du secteur minier. 

Le professeur au Départe- ment des génies civil, géo- logique et des mines Richard Simon rétorque que la fermeture des mines s’avère irréaliste. « Les minerais sont indispensables. Ce n’est pas avec du bois ou du tissu qu’un objet est conçu, soutient M. Richard. C’est avec du minerai. » Il ajoute que dans le cas des énergies vertes, il faut se rappeler que « les panneaux solaires sont faits avec des fils de cuivre par exemple, ou que l’éolienne contient du métal. »

Les mines, un incontournable

Le porte-parole de la coalition Québec Meilleure Mine et ingénieur en géologie, Ugo Lapointe, constate lui aussi que l’activité minière a sa raison d’être dans la société. Ce qui dérange cette coalition, ce n’est pas l’extraction minière tout court, mais les lacunes au niveau des restrictions environnementales qui lui sont imposées.

Le professeur au Département des génies civil, géologique et des mines Gérald J. Zagury, qui offre un cours sur la gestion des rejets miniers, tient à souligner que les préjudices subis par l’extraction minière découlent d’une façon de faire qui remonte à plus de 35 ans. La sensibilisation aux impacts environne- mentaux auprès des étudiants n’était pas alors chose courante. « Depuis environ 1995, les enjeux environnementaux sont des thématiques interreliées aux notions sur la gestion des rejets miniers, et ce courant ne fera que prendre de l’ampleur dans les années à venir », précise-t-il.

M. Zagury aborde également des facteurs sociaux dans son cours, en mettant en scène une audience publique, par exemple. Autour d’un cas sur la restauration d’un site minier, les étudiants doivent se positionner soit en tant que citoyens, soit en tant que membres d’un groupe de pression ou entrepreneurs miniers, et tenir compte des demandes et besoins de chaque parti impliqué.

L’étudiante de troisième année au baccalauréat en génie des mines Marie Tardif-Drolet qualifie de son côté l’École polytechnique d’école avant-gardiste qui promeut des tech- niques de travail pour les ouvriers et l’environnement, qui sont meilleures que celles enseignées en Afrique ou en Amérique du Sud. Ayant opté pour l’orientation « environnement » dans son cheminement, elle consi- dère que les normes de sécurité au Québec ont de l’allure. « C’est bien contrôlé ici, et les facteurs de sécu- rité que l’on doit respecter sont supérieurs qu’ailleurs », ajoute-t- elle. Le baccaulauréat en génie des mines offre à ses étudiants un cours d’éthique et trois cours sur les aspects environnementaux de l’activité minière.

Place au changement

M. Lapointe décrit une vision dicho- tomique des acteurs liés au secteur minier. « Je constate un clivage entre une vieille école de pensée et une génération plus jeune et pro- gressiste qui souhaite que les choses changent », lance-t-il. Il fait alors allusion aux jeunes profes- sionnels qui sont davantage sensibilisés par la sauvegarde de l’environnement qu’il y a 10 ans, alors qu’il terminait ses études en ingénierie. « Je reconnais que des efforts sont faits, mais on pourrait en faire beaucoup plus », remarque-t-il. La coalition Québec Meilleure Mine croit entre autres que certains minerais, tels l’uranium et l’amiante, devraient être supprimés car des études ont pu démontrer leurs répercussions néfastes sur la santé humaine.

À Polytechnique, Marie Tardif-Drolet juge que le projet de Loi sur les mines proposé par le gouvernement Marois fait preuve de bon sens, mais estime que ce projet pourrait dissuader les petites entreprises minières d’investir localement.

C’est la troisième tentative de réforme en moins de quatre ans qui est proposée à l’égard de la Loi sur les mines. Si le projet de Loi 43 est approuvé, cela donnerait plus de pouvoir aux municipalités et fournirait un encadrement plus serré lors de l’exploitation des sites miniers.

Karina Sanchez

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