Bixi, espaces réservés pour les graffitis ou tournée des maisons de jeunes : les membres du Conseil jeunesse de Montréal (CjM) ont participé à la naissance de toutes ces initiatives. Intégrer le Conseil, qui lance actuellement sa campagne annuelle de recrutement, est une expérience enrichissante pour ces jeunes qui peuvent ainsi goûter à la gouvernance municipale .
C’est grâce aux membres du CjM que la Ville réserve maintenant des endroits où les graffiteurs peuvent exercer leur art. L’organisme apolitique «gagnerait à être connu, notamment pour avoir plus de poids devant les grands décideurs », estime son vice-président sortant et étudiant à la maîtrise en administration et en politiques publiques à l’Université Concordia, Michael Wiseman .
Les membres ont d’ailleurs presque tous découvert le Conseil jeunesse par hasard. «À l’époque, j’étais pigiste et je fréquentais souvent les carrefours jeunesse-emploi. C’est en lisant l’affiche un matin que j’ai découvert le Conseil», se souvient M. Wiseman. La représentante de l’arrondissement Ville-Marie, Christina Lazarova, l’a connu par le biais d’une connaissance déjà membre. «Je m’impliquais déjà dans plusieurs comités à l’université et j’ai décidé de me lancer», se rappelle celle qui est aussi conseillère en recherche à la Fédération des cégeps. Quant à David Nelson, étudiant en science politique et administration publique à l’UQAM, c’est en se rendant à l’hôtel de ville pour payer ses taxes qu’il est devenu le représentant de Saint-Léonard .
Une expérience gratifiante
«Pour tous ceux qui ont la fibre de l’implication, le CjM est une grosse lumière qui attire et rassemble les passionnés, comme des papillons, dans le but d’aider à améliorer la vie des jeunes», explique l’étudiant en droit à l’UdeM, Mountagha Sow, et le plus récent membre recruté au Conseil. La mission des membres est de «conseiller le maire et le comité de direction, de façon régulière et continue, sur toutes les questions relatives aux jeunes», comme le définit le site internet du Conseil. «Permettre aux jeunes de faire entendre leur voix auprès des instances est gratifiant», avance celui qui en est le coordonnateur, Martin Crépeau.
Chaque année, le CjM organise la Journée des jeunes Montréalais, qui prend la forme de tournois de soccer ou de rencontres à l’hôtel de ville. Les jeunes peuvent ainsi discuter avec les élus. Le Conseil organise également des consultations auprès des jeunes, afin d’informer et d’échanger avec ceux-ci sur leurs besoins. «Ils ont des besoins qui évoluent rapidement et ils ne savent pas à quelle porte cogner pour faire avancer les choses », détaille M. Wiseman. Il s’agit également de sensibiliser les jeunes à la gouvernance municipale. M. Nelson fait par exemple la tournée des maisons de jeunes des arrondissements de l’île afin de les motiver à aller voter en les sensibilisant et en les éduquant sur les différents partis qui se présenteront aux élections municipales de 2013. Une action essentielle, car certains jeunes « ne savent même pas où est situé l’hôtel de ville», déplore M. Wiseman .
Jongler entre les études, le travail et le bénévolat
Être membre du CjM est exigeant. «Je dois aller dans chacune des maisons de jeunes à Montréal et y faire une présentation de 45 minutes. Ça me prend énormément de temps, mais j’adore ça», déclare M. Nelson. Mais, pour les autres membres, la charge de travail est moindre et se limite aux obligations de base. «Nous devons assister à une réunion mensuelle avec toute l’équipe et une réunion mensuelle avec les membres de notre comité de travail», explique Mme Lazarova . Six membres sur les quinze siégeant au Conseil sont des étudiants à l’université qui travaillent en parallèle pour payer leurs études. L’organisme se montre donc compréhensif quant au degré d’implication de chacun de ses bénévoles .
Malgré l’important investissement personnel que représente le fait d’être membre du CjM, les jeunes qui en font partie retiennent surtout la dimension enrichissante de cette expérience. «J’ai appris que la politique publique jeunesse allait plus loin que le sport et la culture. Il y a des problématiques que je n’aurais jamais cru aborder, comme les gangs de rues», dit M. Sow. Et «voir les résultats est tellement satisfaisant », rajoute Mme Lazarova.
Le CjM et les allégations de corruption à la mairie de Montréal
Les accusations de corruption visant l’administration Tremblay lancées par Lino Zambito à la Commission Charbonneau ont soulevé d’importants débats au sein du Conseil. «À la suite des profondes discussions que nous avons eues, nous avons décidé de nous concentrer sur les jeunes et de ne pas prendre position dans le conflit. Nous sommes un organisme apolitique, c’est-à-dire non relié au parti qui siège à l’Hôtel de Ville», explique le viceprésident du CjM, Michael Wiseman. Pour le membre du Conseil, David Nelson, «il y a toujours eu de la corruption et il y en aura toujours en politique, nous devons attendre les résultats des juges».
L’organisme s’attend à ce que ces accusations aient un impact sur l’accomplissement de sa mission. «Le travail du Conseil auprès des jeunes sera plus difficile à l’avenir, car il faudra combattre le cynisme et la méfiance qu’ils auront envers l’Administration municipale », s’inquiète Christina Lazarova, membre du Conseil pour l’arrondissement Ville-Marie.
Comment devenir membre du CjM?
Ceux qui souhaitent devenir membre ont jusqu’au 3 novembre pour postuler. Pour cela, il suffit d’envoyer un CV et le formulaire d’inscription. Il est nécessaire de remplir certaines exigences : être âgé de 16 à 30 ans, habiter ou avoir un établissement d’affaires sur l’île de Montréal depuis au moins un an, ne pas être impliqué dans un conseil d’administration d’un autre organisme jeunesse ni être membre du conseil de direction d’un parti politique ou d’une organisation syndicale. Le CjM est composé de 15 membres, mais n’est renouvelé que partiellement chaque année, les mandats ayant une durée de trois ans. Les jeunes sélectionnés sont convoqués à une entrevue. S’ils la réussissent, leurs candidatures sont stockées dans une banque de données dans laquelle le CjM puise pour nommer des membres. Les aspirants au Conseil peuvent donc attendre jusqu’à un an avant d’être recontactés.
* Article modifié le 18 octobre 2012