Reconnus, mais pas soutenus. Telle est la situation des groupes d’intérêt au sein de l’UdeM. Délaissés par l’institution, ces rassemblements étudiants font face à de nombreux obstacles pour bénéficier d’une réelle visibilité et avoir un impact sur la communauté universitaire.
«Les groupes ont souvent l’impression de ne pas être aidés par l’université. Campus féministe avait organisé un festival de films. Au dernier moment, la Direction des immeubles a modifié le local sans raison, explique l’assistante technique à la Maison de la solidarité (MS) de 2008 à 2011, Myriam Minville. Finalement, l’évènement a été déplacé dans le bâtiment Jean-Brillant, dans les amphithéâtres du sous-sol où, apparemment , il y avait de sérieux problèmes de chauffage. Certaines personnes n’ont même pas pu s’y rendre puisque le lieu avait été changé à la dernière minute. »
La MS est un projet de l’Action humanitaire et communautaire (AHC). Affiliés à la MS, les groupes d’intérêt, constitués d’étudiants rassemblés autour d’une même passion ou cause, bénéficient d’un soutien administratif, logistique et financier. Campus féministe est l’un des 20 groupes d’intérêt existant sur le campus de l’UdeM.
« Les groupes d’intérêt ne sont pas une priorité de l’université », déclare Mme Minville, maintenant étudiante à la maîtrise en science politique. Mme Minville s’occupait exclusivement du travail administratif et communicatif de la MS. Elle informait les étudiants des procédures à suivre pour créer un groupe d’intérêt. «J’étais là pour répondre aux questions des groupes, ajoute-t-elle. C’est difficile de créer un rassemblement étudiant, surtout quand tu ne sais pas par où commencer.»
Le désintérêt de l’UdeM
Les rassemblements étudiants permettent de faire preuve d’un esprit d’entrepreneuriat et de leadership tout en donnant de la visibilité à l’UdeM. «L’université n’a toujours pas compris les avantages qu’elle peut tirer des groupes d’intérêt, regrette Mme Minville. Des étudiants ont la volonté d’organiser des choses, de mettre en oeuvre leur savoir-faire. Non seulement les groupes n’ont pas de soutien mais, en plus, l’université leur met des barrières.»
L’UQAM, de son côté, a instauré le Service de soutien aux activités étudiantes (SSAE) qui regroupe les associations et les groupes d’intérêt. Il joue un rôle d’interface institutionnelle entre les étudiants, les services et les instances de l’UQAM. En outre, les rassemblements étudiants bénéficient tous des mêmes privilèges, à savoir d’un local avec le mobilier approprié, d’une ligne téléphonique, du droit de diffuser de l’information par voie d’affichage ou à l’aide de présentoirs, ainsi que d’un recours pour obtenir d’autres droits, privilèges ou avantages.
«Les principes d’accessibilité et de démocratisation du savoir ont toujours guidé l’UQAM dans son développement depuis sa création en 1969, soutient la porte-parole del’UQAM, Jennifer Desrochers. Ce sont ces mêmes principes qui la guident dans l’acceptation et l’encadrement des groupes étudiants, qui apportent une variété et une grande richesse et en termes d’idées, de projets et d’intérêts pour l’UQAM.»
Un service de plus ?
Selon MmeMinville, il faudrait un service structuré, exclusivement réservé aux groupes d’intérêt et non pas un simple sous-projet de l’Action humanitaire et communautaire. «Lors de mon passage à la MS, on m’avait demandé de réaliser un état des lieux pour comprendre comment ça se passait dans les autres universités, mais mon bilan n’a jamais été pris en compte, déplore Mme Minville. Les choses n’avançaient pas tellement. La MS, ça a toujours été flou.»
La voix de la MS est difficile à faire entendre à l’université. En dépit des dysfonctionnements pointés, personne ne semble prendre la mesure des difficultés rencontrées. «Après son arrivée, Jean-Philippe Fortin a compris que la MS devait être revue. À plusieurs reprises, il a avancé la question de la Maison de la solidarité lors des rencontres avec les Services aux étudiantes (SAE)», explique Mme Minville.
La volonté et l’investissement des personnes de l’AHC ne suffisent pas à répondre aux besoins des étudiants des groupes d’intérêt. «L’AHC a peu de moyens et peu de pouvoir au sein de l’Université. Malgré les efforts et la vision éclairée de Jean- Philippe, peu de choses semblent pouvoir être accomplies pour le soutien des regroupements étudiants », déplore Mme Minville.
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L’Action humanitaire et communautaire est rattachée au service Accueil et Intégration du SAE de l’UdeM. Elle a pour mission de soutenir l’engagement bénévole des étudiants au sein de l’université (participation à un atelier, bénévolat dans un projet ou responsabilité d’une activité). Afin d’aider les regroupements étudiants non partisans et non confessionnels, la Maison de la solidarité a été créée en 1998 sous le nom de Maison internationale. À ce jour, elle regroupe 20 groupes d’intérêt pour un total de 40 rassemblements étudiants reconnus par l’UdeM.
La MS est gérée par un étudiant comme Myriam Minville, sous contrat d’une durée de 150 à 250 heures conclu avec l’université. L’étudiant est seul pour gérerles groupes affiliés. L’évolution et l’amélioration de la structure dépendent de l’investissement de cet étudiant qui y travaille, et de l’intérêt démontré par l’université.
Les groupes d’intérêt confessionnels et partisans ne peuvent pas s’affilier à la Maison de la solidarité en raison d’un principe pluraliste, qui privilégie l’approche scientifique inhérente à l’université. Toutefois, ils sont reconnus par l’université, mais ne bénéficient pas des mêmes avantages que les groupes intégrés à la Maison de la solidarité. En effet, les droits des groupes reconnus et non affiliés sont les suivants : le droit à l’utilisation de la dénomination UdeM, la possibilité d’afficher au sein de l’université et l’emprunt des locaux.