La direction de l’UdeM vient d’envoyer un ultimatum à la communauté universitaire: les étudiants en grève – ou qui boycottent leurs cours, c’est selon – doivent retourner en classe pour le 10avril à défaut de quoi « l’Université de Montréal ne peut garantir, malgré les mesures de rattrapage mises en place, que tous les cours seront complétés pour la mi-juin. Pour des raisons qui tiennent à la disponibilité des ressources, certains cours pourraient en effet être suspendus s’il devient impossible pour l’Université d’assurer l’atteinte des objectifs pédagogiques et la validité du diplôme ». Bref, retournez en classe sinon vous perdez votre session.
La secrétaire générale de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM, Stéfanie Tougas, estime que l’administration « essaie encore d’entretenir la peur et de minimiser l’impact du mouvement».
Ça ne vous rappelle pas quelque chose? Il y a deux ans, les chargés de cours faisaient la grève pour réclamer notamment de meilleurs salaires. Le 27 mars 2010, l’UdeM lançait un ultimatum à ses chargés de cours en grève. S’ils n’étaient pas de retour en classe avant le 5 avril, tous les cours seraient annulés. À la date fatidique, les négociations ont échoué. Le suspense a été de courte durée : le lendemain, la ministre de l’Éducation de l’époque, Michelle Courchesne, obligeait la direction de l’UdeM à retourner négocier. Trois jours plus tard, le syndicat et la direction arrivaient à une entente. Les chargés de cours l’ont entériné le dimanche suivant. Les cours ont repris le lendemain, une semaine plus tard que l’ultimatum. La session avait été prolongée jusqu’au 9 mai. Comme quoi un ultimatum sert plus de référence qu’autre chose.
D’ailleurs, l’UdeM n’est pas seule. Dans Le Devoir du 31 mars, la Fédération des cégeps indiquait aussi que le 10avril était la date butoir pour une entente négociée entre le gouvernement et les étudiants.
Une personne dans le milieu des cégeps m’expliquait que le gouvernement libéral ne donnait aucune information aux directeurs de cégep sur une date possible de retour en classe. Selon elle, c’est du jamais vu. Même en 2005, le gouvernement communiquait avec ses directions pour les tenir informées des futures étapes de négociation. Pas cette année.
La date du 10avril devient donc une cible pour d’éventuelles négociations. Comme pendant la grève de 2010, la dépasser de quelques journées n’aura pas vraiment de conséquence.
Cet ultimatum est plutôt un message qu’envoient indirectement la direction de l’UdeM et la Fédération des cégeps au gouvernement libéral. Alors que 20 000 étudiants de l’UdeM – et plus de 200 000 au Québec – sont toujours en grève, le gouvernement aura de plus en plus de pression des recteurs d’université et des directeurs de cégep pour négocier et trouver une entente.
Trouver un compromis prend du temps. Il faut que les négociations commencent maintenant.