Campus

En attendant le campus d’Outremont…

 

 

 

 

 

 

Dans presque tous les locaux visités, le thermostat est inutilisable. (Crédit photo : Olivier Simard-Hanley)

 

 

 

 

 

 

Les étudiants de la Faculté de musique sont exaspérés. Les murs de leur pavillon sont bourrés d’amiante, les toits coulent, la peinture est défraîchie. Les installations ne suffisent plus à la tâche, mais les étudiants devront sans doute attendre 2021 pour constater une amélioration significative.

« Dans les locaux de répétition, la peinture s’écaille, des panneaux de mousse insonorisante tombent, et il y a de la moisissure sur les murs […] nous sommes là de trois à cinq heures d’affilée à respirer on ne sait quoi! » s’exclame David T. Brongo, président de l’Association des étudiants en musique de l’UdeM (AÉMUM). L’objet de sa colère : l’état du pavillon de la Faculté de musique, en haut de la côte de l’avenue Vincent-D’Indy, construit il y a un demi-siècle.

La pénurie de locaux de répétition individuels et de salles de classe fait aussi l’objet de récriminations de la part des étudiants. « Souvent, je ne peux pas pratiquer, il n’y a même plus de locaux », commente François-Nicolas Guertin, étudiant de 3e année. « Les cubicules ne sont pas idéaux: ils sont petits, sentent le renfermé et ça peut être dérangeant d’ouvrir la fenêtre à cause du bruit et des pianos. Ça manque de professionnalisme pour une université sérieuse », conclut-il.

Dans plusieurs locaux, outre les tuiles de plafond manquantes ou jaunies, les murs sont endommagés et les dimensions exiguës. Presque tous les locaux visités possèdent un thermostat inutilisable.

Les étudiants en musique remettent en cause la priorité des rénovations de l’UdeM (voir encadré). Ils signalent au passage que leur café étudiant a été rénové récemment. « C’est excellent, mais on est ici avant tout pour répéter et suivre des cours théoriques », rappelle Jennifer Lachaîne, représentante aux cycles supérieurs de l’association étudiante.

Aucune rénovation majeure des locaux n’est prévue pour l’instant malgré les revendications des étudiants. Quelques affiches disséminées dans le pavillon font aussi état de la présence d’amiante, à quelques pas des casiers des étudiants et des salles de classe.

Dans un rapport d’analyse de 2004, une firme d’ingénieurs dressait un portrait inquiétant de l’état de certaines structures sur le campus.

Le bâtiment de la Faculté de musique récoltait un des pires indices de vétusté des pavillons d’enseignement, tout comme la salle Claude-Champagne, adjacente au pavillon. Il s’agit de la salle de concert principale des ensembles musicaux de la faculté. On estimait alors qu’il faudrait investir 25 M $ pour la désamianter et la moderniser.

« Nous avons fait quelques travaux mineurs récemment et le système d’aération a été remplacé, ce qui rend la salle maintenant archi-confortable, relativise Stéphane Pilon, conseiller en communication à la Faculté de musique. L’année prochaine, il y a des travaux majeurs qui s’en viennent : nouvelle scène, nouveaux sièges, pour une des plus belles salles de Montréal au niveau de l’acoustique », renchérit-il.

Pour l’instant, les travaux se sont donc concentrés sur les salles de concert à l’intérieur du pavillon, dont la salle Serge-Garant.

L’Université semble vouloir procéder prudemment, d’autant plus que la Faculté de musique est confrontée à une impasse budgétaire.

Chaque étudiant y coûte plus à l’Université que ce qu’il rapporte en frais de scolarité ! Le doyen a récemment remis sa démission dans la foulée de la création d’un conseil des sages formé afin de cerner ces enjeux budgétaires.

À terme, plutôt que d’agrandir son campus sur la montagne, le rectorat mise sur le futur campus Outremont, un projet de plus d’un milliard de dollars. Le plan directeur de l’UdeM prévoit que la Faculté de musique pourrait y faire son nid vers 2021 si un philanthrope consent d’ici là à délier les cordons de sa bourse…

Rénovations à grande échelle

L’Université s’attelle à rénover son parc d’immeubles. Elle a ainsi injecté 55millions sur trois ans pour réaménager le 3200 Jean-Brillant, le pavillon le plus fréquenté du campus, qui n’avait pas été rénové depuis son ouverture en 1968. Le travail est pourtant loin d’être terminé.

« Il y a eu beaucoup de rénovations au cours des deux dernières années, tempère Sophie Langlois, directrice principale du Bureau des communications de l’UdeM. Il y avait le programme d’infrastructures du savoir, des mesures [fédérales] pour stimuler l’économie […] qui ont généré des retombées intéressantes pour la revitalisation du campus. » C’était par contre des investissements exceptionnels. « Au cours des deux dernières années, il y a eu beaucoup de gros projets ; là, on revient à des budgets plus normaux », précise Sophie Langlois.

Quelques salles de cours disséminées sur le campus seront rénovées prochainement. D’autres travaux débutent actuellement dans la tour Roger Gaudry, autre édifice ciblé dans le rapport de 2004.

Les toilettes du pavillon Marie-Victorin seront de plus modernisées.

La coordonnatrice aux affaires universitaires à la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM, Maude Marquis-Bissonnette, se dit satisfaite des rénovations entreprises par l’Université et de l’avancement du projet du campus Outremont. Cependant, elle déplore l’état de certains autres pavillons, notamment celui du pavillon Strathcona où des salles de classe ont été condamnées pour insalubrité. Elle ajoute que la Fédération prépare un rapport sur la concurrence entre les universités, et le rôle joué par les nouvelles constructions pour attirer de nouveaux étudiants.

L’administration de l’Université dit encadrer strictement les rénovations majeures afin d’éviter des déboires financiers.

L’UdeM a un déficit accumulé de 144 millions de dollars, le plus élevé parmi les institutions universitaires québécoises.

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Ajout apporté le 11 novembre 2011 à la position de Maude-Marquis-Bissonnette.

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