Les jeunes votent peu. Sous quel prétexte ? Rencontre avec André Blais, professeur de sciences politiques à l’UdeM, spécialiste de la participation électorale ainsi que des systèmes et des comportements électoraux.
Quartier Libre : C’est un fait, les jeunes votent peu. Pourquoi ?
André Blais : Tout d’abord, il faut préciser que les étudiants universitaires votent plus que les jeunes en général. L’éducation a une influence positive sur le taux de participation. Toutefois, le facteur de la mobilité est important. Les jeunes vivent moins longtemps au même endroit et sont moins intégrés dans leur milieu. Fondamentalement, c’est l’idée du devoir de voter qui est beaucoup moins forte qu’avant. Les jeunes éprouvent moins de culpabilité à la perspective de ne pas voter.
Q.L. : Doit-on s’en inquiéter ?
A.B. : Oui. A priori, on espère que les gens votent. Les jeunes qui ne sont pas intéressés par la politique et qui ne vont pas voter sont plus cohérents que les vieux qui gueulent, qui chialent, qui vont voter, mais qui ne s’informent pas. La politique n’a plus la place qu’elle avait et qu’elle devrait avoir.
Q.L. : Est-ce la faute des politiciens ? Les élections sont tellement rendues plates.
A.B. : Il ne faut pas idéaliser le passé. C’est vrai que cette élection est très peu stimulante, mais des campagnes électorales comme celle 1988 [Débat sur le libre-échange et élection de Brian Mulroney], il n’y en a pas beaucoup. En plus, l’offre politique est plus grande: les gens ont plus de choix qu’avant.
Q.L. : Y a-t-il de l’espoir ?
A.B. : Oui et non. Cette tendance est propre au vote. Il y a autant, sinon un peu plus, de mobilisation dans les rues aujourd’hui. Et même si les jeunes ont un désintérêt général pour la politique , ce n’est pas un rejet . Ponctuellement, lors d’un gros débat, comme un référendum, il est possible qu’ils retournent aux urnes. Mais nous ne reverrons jamais les taux de participations d’antan.