Le 28 octobre dernier, l’UdeM a annoncé, par voie de communiqué, adopter une nouvelle charte de sobriété numérique. Cette charte, qui précède les récentes recommandations de la Commission de l’éthique en science et en technologie (CEST) en matière de sobriété numérique, invite la communauté universitaire à respecter des gestes simples qui visent à réduire son empreinte numérique.
« La sobriété numérique contribue à nos objectifs institutionnels de carboneutralité et s’inscrit dans le mandat de l’Unité du développement durable, a indiqué le conseiller à la lutte contre les changements climatiques à l’Unité du développement durable de l’Université de Montréal, Thierry Gras Chouteau, à UdeMNouvelles le 28 octobre dernier. Nous travaillons d’ailleurs depuis plusieurs années à la mise en place de pratiques écoresponsables avec, notamment, les Technologies de l’information, mais également la Direction des immeubles ou bien encore les Services alimentaires. »
Parmi les gestes énoncés dans la charte se trouvent par exemple le fait d’éviter de charger son ordinateur de manière discontinue, la priorisation des moteurs de recherches traditionnels plutôt que l’utilisation de plateformes d’intelligence artificielle, ou encore la création d’hyperliens plutôt que l’envoi de documents en pièce jointe de ses courriels.
Dans une récente entrevue qu’il a accordée à Quartier Libre, le responsable de la partie numérique du projet de formation à l’écoresponsabilité Chemins de transition, Martin Deron, a rappelé l’importance d’encadrer l’industrie du numérique, qui représente entre 3 % et 5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). Cette pollution, moins visible, équivaut pourtant à celle de l’aviation civile ou des véhicules lourds.
« Des habitudes de sobriété numérique n’entraînent pas la réduction de gaz à effet de serre la plus marquée sur le plan organisationnel ou individuel, mais elles permettent de limiter de nombreux impacts environnementaux néfastes, comme l’extraction de minéraux rares, l’émission de GES pour alimenter des salles de serveurs, le transport d’équipements et bien d’autres », a précisé M. Gras Chouteau à UdeMNouvelles.
Récentes recommandations de la CEST
Dans un avis publié le 15 octobre dernier, la CEST partage d’ailleurs 16 recommandations pour accompagner le gouvernement vers une sobriété numérique au Québec.
Cet avis, réalisé par un comité de spécialistes, présente une analyse de la littérature scientifique qui met en garde contre les effets néfastes des technologies numériques sur l’environnement.
La Commission appelle notamment Québec à légiférer « afin de rendre obligatoire la divulgation du plus grand nombre possible de données ». Le but est de permettre aux chercheur·euse·s de mieux analyser le cycle de vie des appareils numériques ainsi que leur commercialisation.
M. Deron a en effet indiqué, dans le cadre d’une entrevue avec le journaliste Stéphane Blais pour La Presse canadienne le 15 octobre dernier, que les chercheur·euse·s qui tentent d’évaluer les conséquences des technologies numériques sur l’environnement rencontrent des difficultés d’accès aux données, ce qui complexifie leur travail.
La Commission recommande en outre au gouvernement de responsabiliser les acteur·rice·s du numérique en renforçant les normes environnementales et d’inciter les entreprises à adopter des pratiques de sobriété numérique, à favoriser la conception de basse technologie (low-tech) en créant des technologies qui exigent une moins grande quantité de matériaux à fort impact environnemental tout en garantissant une performance vers « l’utile, l’accessible et le durable », ou encore à favoriser la circularité des ressources, en respectant l’ordre de « réduire, réemployer et recycler » les appareils numériques.