« Nous faisons confiance à l’Université pour qu’elle prenne la décision qui est proportionnelle à la gravité des propos », avance le vice-président de l’Association étudiante des musulmans de l’UdeM (AÉMUDM) et étudiant de deuxième année au baccalauréat en droit, Amine Harfouche.
L’AÉMUDM a ainsi lancé une mobilisation sur les réseaux sociaux relative au chargé de cours au Département de science politique Loïc Tassé, qui donne un cours sur le Japon. L’appel à l’action propose de porter plainte en envoyant un courriel destiné à diverses instances de l’UdeM.
Le message de l’AÉMUDM mentionne que le chargé de cours a comparé les pratiquant·e·s du ramadan à des « fous » et à des « défoncés », et réclame à l’Université « de prendre des mesures concrètes et immédiates pour répondre à cet acte d’islamophobie. »
Le texte contient également un lien menant à une vidéo extraite de l’émission animée par le journaliste Benoît Dutrizac et intitulée Ramadan : « Il serait temps que les musulmans arrêtent de faire ça », tranche Loïc Tassé.
Amine n’a pas voulu indiquer quelle mesure finale est attendue. Néanmoins, il estime nécessaire que le chargé de cours « ne soit plus au contact d’étudiants musulmans » en attendant que la décision soit rendue.
Le Bureau du respect de la personne analyse actuellement la recevabilité des plaintes, indique la porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara, par voie de courriel. « Pour le moment, M. Tassé poursuit son enseignement normalement », précise-t-elle.
Interrogée sur le fait que le dossier pourrait représenter un enjeu de liberté universitaire, la porte-parole indique que c’est plutôt la liberté d’expression de M. Tassé qui est le cœur de l’enjeu. Elle explique qu’il a tenu les propos dénoncés dans le cadre de ses fonctions de chroniqueur à QUB Radio, « d’autant plus que le sujet d’enseignement de M. Tassé porte sur l’Asie de l’Est ».
Pour Amine, si l’UdeM doit intervenir, et ce, même si les propos ont été tenus dans un cadre extérieur à l’Université, c’est parce que M. Tassé est présenté en tant que « professeur », puis « politologue » sur le graphisme du format vidéo de l’émission, si bien que ses mots « peuvent être pris pour du cash. »
Le détail des propos
Durant une partie de l’émission précédant le passage de M. Tassé, M. Dutrizac avance que les enfants musulmans ne devraient pas se voir imposer le jeûne durant le ramadan alors qu’ils vont à l’école.
« Je suis tellement d’accord avec toi, il ne faut pas imposer aux enfants les lubies religieuses, lui répond M. Tassé. C’est très mauvais de ne pas boire et de ne pas manger dans la journée, puis de se bourrer ensuite quand le soleil se couche. C’est des histoires de fous. » Le chargé de cours enchaîne. « Il serait temps que les musulmans arrêtent de faire ça », poursuit-il, en citant la pratique du carême qui « ne se fait plus depuis longtemps ». Un islam moderne « ne devrait pas faire ça », selon lui, pour ensuite ajouter, en coupant le journaliste, que les musulman·e·s rompent le jeûne « comme des défoncés quand le soleil se couche ».
M. Dutrizac reprend la parole pour insister sur le fait que si les adultes « peuvent faire ce qu’ils veulent », les enfants devraient aller à l’école avec « quelque chose dans le ventre », et ne pas jeûner sur l’heure du midi. « L’islam prévoit toutes sortes d’exception, alors ne pas en faire pour les enfants, c’est du fanatisme religieux », conclut M. Tassé, avant de procéder à l’analyse de l’actualité internationale durant les près de neuf minutes restantes de son passage.
M. Tassé a décliné les demandes d’entrevue de Quartier Libre.