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L’implication étudiante : quels obstacles ?

Activités virtuelles, absence de liens sociaux, manque d’inclusivité : des membres de la communauté étudiante de l’UdeM estiment que certains éléments bloquent l’implication au sein du mouvement étudiant, et ce, même avant la pandémie.

« La session passée, je n’ai pas eu l’impression d’avoir été à l’université », affirme l’étudiant en première année au baccalauréat en enseignement de l’éthique et de la culture religieuse au secondaire Léon Ryan-Lortie. La totalité des activités en mode virtuel ne lui a pas donné envie de s’impliquer dans l’association de son programme.

« Au cégep, j’étais dans le conseil exécutif de l’association étudiante, dans l’équipe d’impro, je faisais plein de trucs », témoigne celui qui n’a pourtant pas renoué avec ses implications depuis son entrée à l’UdeM en septembre dernier. L’étudiant estime que s’il avait rencontré des camarades et créé des liens, il aurait probablement eu plus envie de le faire. « Quand je me suis impliqué au cégep, c’était parce que j’avais des amis qui me disaient : “On s’inscrit-tu ?” », explique Léon.

Même s’il trouve quelques avantages aux cours à distance, le manque de contacts sociaux se fait sentir. « J’espère que ça ne sera pas comme ça pour tout mon bac », conclut-il.

L’importance des relations sociales

Pour l’étudiante au baccalauréat en science politique Maria Dakli, les relations sociales sont un élément clé dans l’implication universitaire. « Je ne vais pas mentir, ça a vraiment aidé que je connaisse des gens pour obtenir le poste [de déléguée externe de l’Association étudiante de science politique et d’études internationales (AÉSPÉIUM)] », admet-elle. D’après elle, les étudiants pour qui ce n’est pas la première année universitaire et qui ont déjà tissé des liens sociaux seraient donc plus à même de s’impliquer cette année.

L’étudiante ajoute que si les postes moins « importants » au sein des associations sont assez accessibles pour quiconque a envie de s’impliquer, ce n’est pas le cas des postes de présidence ou d’externe, pour lesquels il est « primordial » d’avoir des contacts et d’être connu dans le programme.

De plus, Maria estime qu’avec la pandémie, moins d’étudiants connaissent les possibilités d’implication et peu sont motivés par la participation en ligne. « La COVID-19 a fait diminuer notre taux de participation au sein de l’association étudiante », affirme-t-elle. L’étudiante raconte que lors des élections de septembre, il a été très difficile d’obtenir le quorum pour ouvrir l’assemblée générale de l’AÉSPÉIUM.

L’étudiante au baccalauréat en économie et politique Hilal Pilavci admet, elle aussi, que l’implication étudiante est souvent basée sur les amitiés. Elle ajoute qu’une certaine culture de « party » pouvait aussi, avant la pandémie, freiner l’implication de certaines personnes. « Si ce n’était pas quelque chose qui était dans ta zone de confort […], tu passais un peu à côté de la possibilité d’être élu », révèle-t-elle, précisant que l’aspect social de l’implication étudiante est difficile à ignorer.

Désenchantement

Hilal, qui a été deux fois externe de l’Association des étudiants d’économie et politique de l’UdeM (AÉÉPUM), puis une fois présidente, déplore la rigidité et la complexité de la structure politique de la FAÉCUM. « La structure fait en sorte que c’est très difficile de faire avancer des dossiers », avance l’étudiante.

« On lui avait donné un mandat clair de s’opposer à la loi 21 », se souvient Hilal, qui s’est battue pour cette cause lors du conseil central de janvier 2020. Or, elle affirme avoir été déçue de la prise en charge de cette demande par la FAÉCUM. « C’est difficile parce que tu te dis : le milieu étudiant, c’est vraiment l’endroit pour faire avancer des luttes sociales », souligne-t-elle.

Ces constats ont fini par affecter sa santé mentale. « Le psychologue m’a dit très clairement que ça ressemble à un désillusionnement face au mouvement étudiant », confie-t-elle. Depuis, elle a pris ses distances et a diminué ses activités d’implication.

Faciliter l’implication des personnes racisées

Pour Maria, le manque de représentativité des personnes racisées peut représenter un frein supplémentaire quant à l’implication étudiante. « Que ce soit à l’AÉSPÉIUM ou à la FAÉCUM, le milieu associatif est assez blanc », constate l’étudiante, qui est d’origine marocaine. Elle déplore que plusieurs étudiants racisés ne participent pas aux activités de son association.

C’est donc pour remédier à cette situation qu’elle a créé, avec trois de ses collègues, le Comité des étudiants racisés (CÉRA) de l’AÉSPÉIUM. Se faisant, elle espère inciter les étudiants à s’impliquer davantage.

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