La CEVES, officialisée à l’automne 2019, a annoncé, lors d’une conférence de presse tenue le 4 février dernier, sa volonté d’organiser une semaine de la transition sur tous les campus universitaires du Québec du 30 mars au 3 avril.
La branche udemienne de la CEVES encourage les associations à faire voter une grève le vendredi 3 avril, pour exiger le désinvestissement financier des énergies fossiles de l’UdeM. Selon l’étudiante à la majeure philosophie et à la mineure en environnement, Dalie Lauzon Vallières, membre du comité CEVES-UdeM, la coalition propose également la mise en application d’alternatives éducatives ayant pour but de préparer de façon adéquate la population étudiante de l’UdeM aux défis du XXIe siècle.
Une grève pas comme les autres
Le comité propose un changement de tactique. « On utilise le temps de grève pour créer des espaces d’éducation populaires au sein des institutions scolaires, au lieu d’aller dans les rues », explique Dalie. L’étudiante précise que ce changement est nécessaire pour sortir du moule coercitif de la grève, qui rebute, selon elle, plusieurs membres de la communauté étudiante.
« Le but n’est pas de faire juste une grève, mais bien des panels, des tables rondes, des conférences organisées par la CEVES, les associations étudiantes et les comités qui voudront s’y associer », précise Dalie. Elle ajoute que la CEVES-UdeM souhaite soutenir les initiatives des regroupements et associations au niveau de la mobilisation.
« L’idée est venue après qu’on se soit confrontés à plusieurs barrières, développe l’étudiante, au sujet des dernières mobilisations. Faire des grèves, des manifestations devant des gouvernements qui ne réagissent pas, ça désespère. » La dernière grève organisée par les membres de cette nouvelle coalition remonte au 27 septembre 2019 et avait attiré environ 500 000 personnes dans les rues de Montréal.
« On veut ouvrir l’espace et démocratiser la lutte, soutient l’étudiante. On veut transformer ce qu’on entend par « grève », l’utiliser différemment. » Pour elle, la semaine de la transition permettra l’ouverture d’une discussion dont le but sera de lier l’apprentissage à la réalité de la crise environnementale.
Adapter l’éducation à la transition
« L’Université est censée nous garantir un avenir, avance Dalie. En ce moment, pour la communauté étudiante, il y a une perte de sens, on ne se sent pas outillés. » D’après elle, utiliser les espaces éducatifs pourrait aider les membres de la communauté étudiante à donner un sens à leurs études. Cela permettrait de réfléchir, selon les champs d’études, à la manière dont on peut lutter contre la crise environnementale.
À la demande d’étudiants impliqués dans le mouvement La Planète s’invite à l’Université, le professeur à HEC Yves-Marie Abraham, spécialiste en sociologie, en anthropologie de l’économie et en décroissance soutenable, compte participer à la semaine de la transition. Il prendra notamment part à une conférence dans laquelle il abordera son thème de prédilection : la décroissance. « Toute mon activité à HEC va dans le sens de la transition », détaille-t-il. Pour lui, inclure des notions liées aux bouleversements climatiques dans l’enseignement de toute discipline est un devoir moral. « C’est un devoir d’enseignant, un devoir de chercheur aujourd’hui, d’intégrer des notions comme l’anthropocène (voir encadré), cette nouvelle ère de l’histoire de la Terre », soutient le professeur.
M. Abraham se réjouit de voir les efforts de certains membres du corps professoral de HEC pour introduire des notions comme celle du développement durable dans les cours. « Les étudiants sont de plus en plus nombreux à le demander, et de plus en plus de profs font de la recherche dans cette direction », affirme-t-il. Il estime néanmoins que la notion pourrait être plus développée dans le cadre des cours.
Nous avons sollicité l’UdeM. Nous n’avons pas eu de réponse avant de mettre sous presse.