L’UdeM et l’UQAM ont conjointement ouvert cet été, un cours d’introduction à l’enseignement, explique la vice-doyenne aux études de premier cycle de la Faculté des sciences de l’éducation, Josianne Robert. Elle indique que celui-ci est ouvert à toute personne détentrice d’un baccalauréat qui souhaite se former à l’enseignement au primaire.
Mme Robert précise que l’Université a également mené des démarches auprès du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur pour débloquer une maîtrise qualifiante au préscolaire et au primaire. Cette maîtrise sera développée au cours de l’automne et les étudiants qui ont assisté au cours d’introduction à l’enseignement pourront y prétendre. « On va chercher une autre clientèle, qui pourrait contribuer au domaine de l’éducation par le biais de cette nouvelle voie de qualification et qui pourrait venir atténuer les besoins dans les commissions scolaires », poursuit-elle.
La vice-doyenne explique qu’actuellement, pour accéder à un brevet d’enseignement au primaire ou au secondaire, il est nécessaire de passer par un baccalauréat de quatre ans à temps plein et de valider 120 crédits. Selon elle, cette formation peut décourager des étudiants qui auraient déjà été diplômés dans d’autres domaines. « La création d’une nouvelle voie de qualification incite des gens qui ne souhaiteraient pas reprendre un bac de quatre ans », estime-t-elle.
Un bon accueil de la part des étudiants
Cette démarche a été bien accueillie, comme en témoignent les quelque 160 étudiants inscrits au cours d’introduction au sein des deux universités, dénombrés par Mme Robert. Le titulaire d’un baccalauréat en sociologie de l’UQAM et étudiant à la maîtrise dans la même discipline, Frédéric Savoie, est l’un d’entre eux. Il souligne l’occasion que représente cette initiative. « Je pense que ce cours est une excellente porte d’entrée pour quiconque désire s’abreuver des pans du métier d’enseignant », affirme-t-il.
Cette initiative a été positive pour le domaine de l’enseignement, comme le montrent les résultats des questionnaires distribués à la fin du cours. Mme Robert note ainsi que sur les 72 % des étudiants inscrits ayant répondu au sondage, 87 % mentionnent vouloir obtenir un brevet d’enseignement et 82 % veulent s’engager dans une formation qualifiante. « Après avoir fait ce cours, je dois avouer que j’ai envie de tenter l’expérience, celle d’enseigner à titre d’enseignant suppléant », soutient également Frédéric.
Des problèmes de fond persistants
L’inscription des étudiants à cette formation n’est pas prise en compte dans le taux d’inscription de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM, qui est à la hausse (879 étudiants inscrits en 2019 contre 866 en 2018). Mme Robert soutient que la faculté n’a jamais connu de problèmes d’inscription.
Pourtant, la tendance au Québec est à la baisse, comme le démontre un rapport du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur transmis à la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ ) le 15 juillet dernier. Ce document indique que l’on dénombre 3 000 étudiants en moins dans les facultés d’éducation et un nombre de diplômés stagnant autour de 1 400 par année.
En dépit de ce facteur, la présidente de la FSE-CSQ, Josée Scalabrini, soutient que les préoccupations devraient être ailleurs. « Ce n’est pas tout d’attirer des jeunes dans l’éducation, arrangeons-nous pour garder nos enseignants dans nos écoles », maintient-elle.
Pour elle, ce sont davantage les conditions actuelles des enseignants qui découragent les jeunes à se diriger vers le domaine de l’éducation, et c’est sur cela qu’il faudrait se concentrer. « Donnons de bonnes conditions, rendons la vie plus agréable dans nos écoles, et c’est ce qui va faire que les gens vont avoir le goût de revenir dans l’éducation », affirme-t-elle. Mme Scalabrini pointe également du doigt le manque de valorisation de la profession par le gouvernement ainsi que le manque d’accompagnement, associé à une faible rémunération.
Ces problèmes ne sont pas nécessairement un frein pour l’étudiante au baccalauréat Patricia Ménard. « Je veux aider ma future école à gérer la crise et je veux m’impliquer dans mon futur milieu de travail afin de rendre celui-ci meilleur, non seulement pour moi, mais aussi pour les enfants », déclare-t -elle. Elle avoue être consciente des défis auxquels est confrontée la profession, mais se dit prête à les affronter.