Volume 26

Selon les chiffres de 2009 du gouvernement, dans près de 26 000 jeunes familles québécoises,

Parent, Étudiant, argent

Catherine

L’étudiante en droit et mère d’une fille de 6 ans Catherine Séguin suit un cursus universitaire à temps plein. Pour couvrir toutes ses dépenses, elle travaille entre 20 et 30 heures par semaine.

Pour elle, les prêts et bourses ne sont pas suffisants pour retrouver le train de vie qu’elle avait avant de retourner aux études. « J’ai une voiture et une maison à prendre en plus en considération, dit-elle. Je ne parle pas de maintenir un gros train de vie sur les prêts et bourses, mais j’ai des paiements minimums à faire. » Elle mentionne qu’elle a des obligations financières liées à sa famille.

En calculant ses prêts et bourse avec le revenu de son conjoint, Catherine n’est pas admissible à une bourse. « On devrait augmenter, au moins, les prêts gouvernementaux pour les parents-étudiants qui ont de hautes dépenses, avec des preuves d’obligations financières », affirme-t-elle.

Blandine

« J’ai trois enfants, et je me suis séparée en juillet 2017, raconte l’ancienne étudiante en biologie moléculaire Blandine Monjarret. J’étais au doctorat, et malheureusement, le montant des bourses offertes ne me permettait pas de faire face à la vie en étant mère monoparentale. » Elle se remémore ne plus avoir été en mesure de payer ses frais de scolarité, son loyer et ses factures courantes. « Je me suis endettée énormément, regrette Blandine. J’allais à l’aide alimentaire, […] j’ai travaillé dans des bars, puis finalement puisque je ne pouvais même pas payer ma facture de l’hiver, je me suis résolue à quitter l’école et à trouver un emploi. »

Malgré tout, Blandine est reconnaissante envers l’Université. « J’ai eu énormément d’écoute de la part des personnes de l’aide financière de l’UdeM et des propositions d’aide de dernier recours », explique-t-elle. Mais, à bout de souffle et face à un montant insuffisant, elle a décidé de laisser ses études de côté.

Émilie

Même avec des allocations familiales issues du fédéral, l’étudiante au certificat en administration à HEC Émilie* dit avoir de la difficulté à boucler ses fins de mois. « En plus, mes allocations vont baisser bientôt car mon garçon va passer l’âge fatidique de 5 ans, raconte-t-elle. À 6 ans, les allocations sont recalculées à la baisse. » L’étudiante a l’impression que la seule issue est de s’endetter, c’est pourquoi elle ne veut pas qu’on augmente les prêts. « Il faudrait revoir les allocations pour qu’elles prennent en compte les dépenses de base, estime l’étudiante. En ce moment, si je voulais payer moitié-moitié un loyer d’appartement avec mon conjoint, je ne pourrais même pas. Je ne reçois pas assez d’argent pour ça. » Selon elle, une trop grande importance est réservée aux revenus du conjoint dans le calcul des allocations familiales.

Mélissa

Effectuant un retour aux études, l’étudiante au baccalauréat en histoire de l’art à l’UdeM Mélissa Sénésac** est mère de deux enfants, un garçon de 4 ans et une fille de 15 mois.

Comme Mélissa est en situation de handicap, elle reçoit uniquement des bourses de la part de l’aide financière. « Les montants sont hauts, ce qui me permet d’être à temps plein et de ne pas avoir à travailler, soulève-t-elle. Ce qui est le bonheur et le malheur d’avoir un handicap. »

Pour Mélissa, les fins de mois sont toujours stressantes. « Lorsqu’il y a des imprévus, je sais déjà que nous n’allons pas y arriver, raconte l’étudiante. Nous avons un budget strict à respecter. Si on le dépasse pour l’épicerie, on doit couper ailleurs. »

Elle dit être surprise de constater toutes les ressources offertes pour les parents-étudiants. « Lundi prochain je vais regarder pour adhérer à une banque alimentaire, confie-t-elle. Nous sommes dans un gros creux financier en ce moment. Avec mes revenus je serai éligible ! »

*L’intervenante a préféré ne pas utiliser son nom complet **Mélissa est apparue en Une du numéro 2 du volume 26 de Quartier Libre

14

Partager cet article