Délie ta langue! invite les participants à préparer une vidéo de 4 à 5 minutes autour de l’expression française choisie. Une dizaine d’étudiants seront retenus pour la finale, qui se tiendra le 20 mars 2019. La coordonnatrice du concours, Ha-Loan Phan met l’accent sur la vocation éducative de ce type d’évènements. « Entre théorie et pratique, une formation sera offerte aux finalistes pour les aider à parfaire leur éloquence avant la finale », indique-t-elle.
Le choix de proposer des vidéos au lieu d’une audition classique vient du souhait de créer un concours aussi libre que possible, sans le stress ou l’urgence qu’une épreuve classique peut procurer, selon Mme Phan. Elle veut le démarquer d’autres concours d’éloquence classiques qu’elle compare à des examens. « Je préfère créer un stress positif où l’étudiant est à l’aise, insiste-t-elle. De ce fait, on peut travailler librement et mieux développer son sujet. »
Au-delà de l’art oratoire, Délie ta langue ! souhaite inviter l’esprit critique dans ce concours. « Une des conditions de participation est de toucher à un enjeu social, appuie la coordonnatrice. On ne veut pas parler pour parler. On est là pour véhiculer certaines idées et faire passer un message. »
Promouvoir la francophonie dans la diversité
Selon la vice-rectrice associée à la langue française et à la francophonie, Monique Cormier, la langue française nage dans un océan anglophone sur le continent nord- américain.
« Nous ne sommes pas défensifs par rapport à la langue française, déclare- t-elle. Nous sommes offensifs dans notre fierté et dans sa valorisation. » Mme Cormier ajoute que l’UdeM revendique sa francophonie dans la diversité.
« Notre façon de nous présenter est à la base de la communication, insiste le professeur titulaire au Département de didactique de l’UdeM, Daniel Daigle. Elle nous permet de savoir à qui on a à faire. Malheureusement, elle est le parent pauvre de l’enseignement du français. » Le professeur explique que dans le programme du ministère de l’Éducation du Québec, il y a des compétences liées à l’oral, mais, selon lui, peu de choses sont faites par rapport à son enseignement. « L’éloquence a un rôle important à jouer au niveau professionnel ou encore au niveau de l’intégration », soutient M. Daigle.
Pratique désuète
Mme Cormier constate que l’éloquence a perdu de son importance. « On veut donc mettre l’accent sur la structure du message et de la pensée, pour améliorer la prise de parole, développe-t-elle. Sur le marché du travail, l’éloquence est un plus. »
Pour M. Daigle, la situation reste problématique et avec ses collègues du Département de didactique, ils essaient de l’aborder dans certains de cours. « On remarque que les étudiants connaissent finalement peu le “code oral”, cette mécanique de la langue qui est pourtant la base sur laquelle on fonde l’écrit », détaille le professeur.
Remettre l’éloquence au goût du jour est la motivation principale du concours, selon la coordonnatrice. « Il y a des groupes de débat ou d’improvisation à l’UdeM, mais ils ne sont pas assez mis en avant, déplore- t-elle. Délie ta langue ! a pour vocation d’encourager ces initiatives. » L’envoi de candidatures est possible jusqu’au 21 novembre à minuit, et les 10 finalistes seront dévoilés mi-décembre.