«On a décidé d’agir à notre échelle, déclare M. Prouteau. On ne pouvait pas rester sans rien faire en contribuant davantage à la dégradation de la planète. » Pour lui, les pailles sont un produit de luxe qui n’apporte rien à la consommation. « On en prend par réflexe quand on les trouve en libre-service, mais on n’en a pas vraiment l’utilité », explique-t-il. Il ajoute que ces tubes de plastique, n’étant pas recyclés au Québec, ne servent qu’une seule fois et finissent dans la nature, où ils menacent la biodiversité.
Rien qu’à l’UdeM, les services alimentaires achetaient 17 000 pailles chaque année, selon la porte-parole de l’UdeM Geneviève O’Meara. Depuis cet été, grâce à l’initiative de Local Local, c’est l’équivalent de 8 kg de plastique qui ne prendront pas le chemin des sites d’enfouissement.
Une décision réfléchie et bien accueillie
Avant de prendre cette mesure, le service de restauration a voulu explorer différentes solutions écoresponsables. Mais parmi les pailles en carton, biodégradables et compostables, aucune ne s’est avérée adéquate. « Toutes celles qu’on a commandées étaient très chères et dénaturaient le goût des boissons, car elles s’y décomposaient rapidement, rapporte M. Prouteau. Au vu de la nécessité du produit, on s’est dit que c’étaient des déchets supplémentaires inutiles. »
Les services alimentaires ont obtenu le soutien de la FAÉCUM dans leur décision et ils notent de bons retours de la communauté universitaire. « On devrait continuer dans cette voie et interdire dans les universités tous les objets en plastique à usage unique comme les pailles, les bouteilles d’eau ou les sacs », encourage l’étudiant à la maîtrise au développement durable, Olivier Boucher-Carrier, qui s’étonne que l’initiative n’ait pas été prise plus tôt.
Une optique « zéro déchet »
Que ce soit à la cafétéria Grande Cuisine, anciennement Chez Valère, ou au pavillon Marie-Victorin, le bannissement des pailles confirme la marche amorcée par Local Local vers le « zéro déchet ». Le directeur des services de Résidences, Hôtellerie et Restauration affirme que la plupart des emballages à salade, des tasses à café et des ustensiles sont déjà fabriqués avec des éléments bioresponsables. « On dirait du plastique, mais c’est une matière faite à base d’amidon et que l’on peut mettre au compost », explique M. Prouteau. Il ajoute qu’il est nécessaire de s’adapter à la clientèle des générations actuelles, plus sensible à la pollution liée à la surconsommation, et donc plus exigeante.
Olivier raconte qu’il a souvent refusé d’acheter de la nourriture à l’Université parce qu’elle était emballée dans du plastique. « Si les étudiants savaient que la matière était en fait compostable, ils seraient plus enclins en acheter, affirme-t-il. Il faut faire plus de publicité à ce niveau-là. »
Pour M. Prouteau, tout le monde doit mettre la main à la pâte pour le développement durable avant qu’il ne soit trop tard. Local Local veut montrer l’exemple dans cette voie et être actif pour sensibiliser la communauté de l’UdeM.