Pour la vice-doyenne aux études médicales de premier cycle et docteure en médecine, Geneviève Grégoire, la mention « succès » ou « échec » a été instaurée dans l’optique de favoriser le bien-être étudiant ainsi que la formation globale des futurs médecins du Québec. « La littérature nous rapporte que le passage à un mode de notation réussite ou échec diminue la compétition entre étudiants et augmente l’entraide et le travail en équipe, souligne-t-elle. Les étudiants développent leur autonomie et l’automotivation pour apprendre comment prendre soin de leurs futurs patients, plutôt que de viser la note maximale à l’examen. »
Pour l’étudiante en année préparatoire Anne-Sophie Eymard, c’est un changement qu’elle a hâte de vivre l’an prochain. « Mon impression est que nous allons être moins stressés, parce qu’il y aura moins de compétition entre les élèves, espère-t-elle. Je pense que nous allons quand même rechercher la réussite et l’acquisition de nouveaux savoirs, mais ce sera par une motivation intrinsèque plutôt que par désir de se prouver par rapport aux autres étudiants. » Anne-Sophie espère que l’atmosphère de travail sera plus conviviale et propice à l’apprentissage.
Elle a déjà connu la notation sous la forme « succès » ou « échec » dans un cours précédent et la recommande. « J’ai trouvé que c’était dans ces simulations que j’apprenais le plus, puisque je ne ressentais pas autant de stress de performance », se rappelle l’étudiante.
Un quotidien moins stressant
L’étudiante en première année de médecine Amélia Lamontagne voit ce changement de manière positive. « Je pense que c’est une excellente initiative de la part de la faculté, se réjouit-elle. Ça reflète un changement majeur et nécessaire dans la conception des études en médecine et de ce qui est attendu des futurs médecins. »
Amélia a le sentiment que cette réforme encouragera l’esprit de coopération entre les étudiants, en rendant le tout moins stressant. « Dans mon quotidien, le changement de notation me permet de consacrer mon étude à la compréhension des concepts médicaux importants plutôt qu’à la mémorisation d’informations moins pertinentes », partage l’étudiante.
Anne-Sophie espère vivre la même chose l’an prochain. « Dans mon quotidien, j’espère que cela va changer l’environnement stressant, qui est souvent présent en médecine. » Elle ajoute avoir été témoin de certains effets occasionnés par une atmosphère angoissante en classe. Parmi ceux-ci, des comportements solitaires ainsi qu’une anxiété liée à la performance chez les étudiants. Anne-Sophie souhaite également que ce changement lui permette d’avoir plus de temps libre pour s’impliquer dans les milieux hospitaliers, pour des recherches, ou encore pour participer à des activités sociales et sportives de l’Université.
Une sélection repensée
La principale source d’incertitude de ces étudiantes face à cette réforme concerne le processus d’entrée en spécialité. La vice-doyenne informe que les notes des étudiants n’ont plus d’importance lors de la compétition pour l’entrée en spécialité. Certains qui se seraient démarqués par leurs notes devront maintenant se démarquer par leur implication.
Selon la Dre Grégoire, les programmes de spécialisation se sont déjà préparés à ce changement et examineront différemment les candidatures. « Chaque programme est responsable de l’étude des dossiers des postulants, informe-t-elle. Les programmes donnant une pondération aux résultats littéraux devront pondérer autrement les dossiers des candidats, en tenant compte d’autres critères. » Ces derniers pourront notamment inclure l’expérience de l’étudiant en recherche, une entrevue, des lettres de recommandation et les commentaires des superviseurs de stages à l’externat, précise la professeure agrégée.
Ce changement de mentalité et de priorités s’avérera positif selon Amélia. « Je n’ai pas vraiment d’inquiétudes par rapport aux entrevues pour la résidence [spécialisation], raconte-t-elle. Au contraire, puisque les notes ont beaucoup moins d’importance, ce sont plutôt l’implication et le développement des compétences humaines et sociales des étudiants qui prennent le devant. » L’étudiante souligne que la nouvelle notation la rassure beaucoup quant à la qualité des futurs médecins, qu’elle estime moins centrés sur la compétition et davantage sur les qualités sociales et relationnelles.
L’UdeM et l’Université Laval sont les deux dernières universités au Canada ayant effectué cette transition, à la rentrée 2018, dans leur programme de médecine.