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5 choses à faire en attendant l’ascenseur du Lionel-Groulx

Il est 8 h 27. Les cours commencent dans trois minutes. Vous vous empressez de monter la côte Jean-Brillant pour arriver à temps. Une fois entré dans le Lionel-Groulx, malheur ! Vous n’êtes pas seul. Une dizaine de personnes attendent l’ascenseur qui ne se décide manifestement pas à descendre. Heureusement, voici cinq solutions qui sauront mettre un baume sur votre coeur en peine.

1- Prendre l’escalier

Si votre cours est au troisième étage, cette solution devrait venir d’elle-même. Par contre, si vous devez vous rendre au neuvième, la situation est délicate. En effet, si arriver à l’heure est votre but principal, vous serez peut-être porté à attendre ledit ascenseur. C’est beaucoup espérer. Si vous êtes claustrophobe et préférez attendre que la densité de la population s’amenuise, oubliez tout de suite le secours mécanique et montez en courant. Autrement, l’exercice physique a un effet généralement positif sur votre santé ; des tas d’affiches collées un peu partout vous le rappellent ironiquement.

2- Apprendre le mandarin

Si vous n’êtes pas du genre à vous entraîner pour le triathlon, une autre solution s’offre à vous. Vous n’arriverez pas à l’heure, vous l’avez accepté. Alors, autant bien s’éduquer plutôt que de faire le pied de grue. Avec un peu de chance, vous aurez sans doute le temps de passer en revue les 47 350 caractères de cette formidable langue. Quant à la prononciation délicate du mandarin, vous aurez certainement la chance de faire connaissance avec d’authentiques étudiants chinois attendant avec vous l’ascenseur du chanoine.

3- Trouver un autre nom au pavillon Lionel-Groulx

Le chanoine Lionel-Adolphe Groulx est un des pionniers de la discipline historique au Québec. Pourtant, vous n’appréciez pas particulièrement son essai L’Appel de la race dans lequel il prône la pureté du sang canadien-français et fustige les mariages mixtes. D’autant plus que la jolie Lijuan avec qui vous pratiquez votre mandarin vous est tombée dans l’oeil et que vous commencez à l’apprécier de plus en plus.

4- Fonder une famille

Il est préférable de ne pas faire cette étape dans le hall adjacent à l’ascenseur. Pour les détails, vous saurez bien comment vous y prendre.

5- Laisser tomber les études universitaires

Le petit Liang a déjà trois ans et Lijuan attend votre deuxième enfant. L’état du solde de votre compte à la Bibliothèque des lettres et sciences humaines est désastreux. Vous auriez vraiment dû renouveler ce livre de Siegfried Kracauer qui traînait au fond de votre sac lorsque vous êtes arrivé. Et puis, soudainement, vous vous rendez compte que vous n’en avez rien à faire de Kracauer. Vous n’y comprenez rien de toute façon et la vie du petit Liang vous ramène sans cesse aux choses essentielles de l’existence, qui n’ont rien à voir avec les considérations sur le cinéma et la modernité d’un vieil Allemand mort. Vous abandonnez l’idée de vous sur-spécialiser, et vous trouverez un véritable métier qui vous permettra de passer du temps avec votre famille et de ne plus avoir à attendre un ascenseur qui ne viendra jamais. Vous jetez le livre de Kracauer à la figure du nouveau venu qui vient d’entrer (parce que vous êtes désormais plusieurs centaines à faire la queue), vous faites votre chemin jusqu’à la sortie en prenant le petit Liang dans vos bras et vous dites bonjour au soleil en souriant. Là, vous avez l’air idiot, évidemment, mais vous êtes heureux et vous ne penserez plus jamais à l’ascenseur du Lionel-Groulx.

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