Le site du Virage, conçu par des étudiants de la Faculté de l’aménagement en 2016, a accueilli une vaste gamme d’activités sur le chantier au cours de l’été. Pour la première fois cette année, une programmation complète a pu y être tenue. Le Catalyseur d’imaginaires urbains, une initiative qui vise à penser la ville à travers l’art et la réflexion critique, est à l’origine de la plupart des évènements de la saison estivale. « On a présenté des expositions, des installations artistiques, des spectacles-performances et des ateliers de recherche-création », raconte la doctorante en littérature comparée à l’UdeM et coordonnatrice des activités du Catalyseur, Marie-Ève Bradette.
Le Catalyseur est avant tout un travail étudiant, comme l’explique le professeur au Département de littératures et de langues du monde et cofondateur du projet, Simon Harel. « Ce projet existe essentiellement en fonction de l’apport, de l’idéation, de la conception et de la réalisation des étudiants, dit-il. Ils ne sont pas des assistants de recherche, ils sont des cocréateurs. »
Renouveler les pratiques d’enseignement
Si les activités organisées sur le chantier du Campus MIL sont souvent de nature festive, elles se distinguent des autres initiatives citoyennes du genre par la volonté d’y inclure un aspect pédagogique. Marie-Ève Bradette donne l’exemple d’un spectacle du duo électropop Rouge Tonic ayant eu lieu au Virage cet été, qui proposait de repenser le film Eldorado de Charles Binamé à travers un univers musical et visuel. « C’était une performance, mais c’était aussi un discours critique et analytique sur un film », explique-t-elle.
Une exposition photojournalistique portant sur les différentes communautés qui vivent à proximité du site du chantier a été présenté par la doctorante en littérature comparée Catherine-Ève Groleau et le photographe Hubert Hayaud sur le site du Virage. « J’aurais pu faire une conférence sur le sujet, ça aurait été très intéressant, mais ça n’aurait été que pour quelques personnes, croit Catherine-Ève. On peut dire les mêmes choses, dans des jargons différents, et ça permet de joindre un public plus large. »
Selon M. Harel, il est essentiel pour les universités de repenser les modes d’enseignement et les relations avec les communautés. « Ce qu’on voudrait faire, ultimement, ce serait de contribuer à un renouvellement des pratiques d’enseignement à l’UdeM », déclare-t-il.
Tisser des liens
Les activités organisées sur le chantier du futur campus de l’UdeM visent également à provoquer des rencontres avec les citoyens des quartiers qui entourent le lieu. « Notre programmation estivale se voulait une façon pour connaître nos voisins, et surtout, que nos voisins nous connaissent », résume M. Harel.
Situé aux frontières des arrondissements d’Outremont, de Rosemont, de Parc-Extension, du Plateau Mont-Royal et de la Ville de Mont-Royal, le contexte du quartier du Campus MIL offre de belles possibilités pour donner envie à des jeunes d’horizons divers de se joindre à la communauté de l’UdeM, croit M. Harel. « On est là pour dire : “ce brassage, on l’aime, on l’accentue, venez jouer avec nous !” », conclut-il.
Pour l’équipe du Catalyseur d’imaginaires urbains, il est clair que l’acte de parler, de raconter et d’écouter est un moyen efficace et peu coûteux de créer des transformations sociales sur ce campus en devenir.