Le professeur Roy a déposé une demande d’injonction le 24 mai dernier, ce qui constitue à ses yeux l’un des derniers recours possibles pour empêcher la tenue du rodéo urbain, étant donné le refus du maire de Montréal, Denis Coderre, d’écouter ses nombreux opposants dans ce dossier. « Certaines activités nous apparaissent particulièrement problématiques, compte tenu de la souffrance et des risques de détresse, d’anxiété et de santé encourus par les animaux », résume M. Roy.
En 2015, le gouvernement provincial avait voté à l’unanimité la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal, qui faisait passer les animaux du statut de « bien meubles », à celui d’êtres doués de sensibilité ayant des impératifs biologiques. Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, M. Pierre Paradis, parlait à l’époque d’un bond en avant de 200 ans. « On a l’impression que le gouvernement a oublié sa propre loi, s’exclame M. Roy. Pourtant, c’est un énoncé fondamental amenant un important changement de paradigme. »
Une implication étudiante
Enseignant notamment l’éthique et le droit de l’animal à la Faculté de Droit, M. Roy avait proposé à ses élèves, à la suite de discussions en classe, de s’impliquer dans sa cause. Il admet s’être inspiré de la démarche effectuée par son collègue Daniel Turp, qui tentait d’interdire la vente de véhicules blindés à l’Arabie Saoudite, avec l’aide de ses étudiants. « C’est une conception plus élargie de la fonction d’un professeur d’Université, confie-t-il. Je pense que nous sommes également des acteurs sociaux et que nous avons un rôle à jouer.
M. Roy a réussi à réunir 28 de ses étudiants pour sa cause. Agissant hors du cadre du cours, ceux-ci ont un rôle d’assistants de recherche auprès d’avocats travaillant pro bono et ont contribué à monter le dossier. Pour l’étudiante au baccalauréat en droit à l’UdeM Cara Parisien, l’expérience a été particulièrement enrichissante. « Ça n’arrive pas très souvent, dans le cadre universitaire, d’être encouragée à participer à une démarche qui a une application sociale et concrète », révèle-t-elle. C’est également un intérêt pour le domaine du droit des animaux qui l’a incitée à participer.
L’étudiante au baccalauréat en droit à l’UdeM Gynet Kozub a aussi choisi de s’impliquer dans la cause. Elle effectue des mandats de recherche pour aider les avocats et les informer sur la loi applicable. « J’ai fait une recherche qui portait sur la notion de foire agricole, donne-t-elle en exemple. En raison d’une exception dans la loi, le droit des animaux ne s’applique pas dans ces situations. Je devais m’assurer que ça n’ait pas d’impact sur l’injonction. » Elle est confiante des chances de succès de la démarche juridique, qui montrerait l’évolution de la société dans sa façon de traiter les animaux.