Culture

Le « duo Tinder » Cassandre Henry et Vincent Debons-Ricard. Crédit photo : Marie Isabelle Rochon

Univers jumelés

« L’union fait la force ! » s’exclame le coordonnateur de concert du CéCo et étudiant en propédeutique, Jean-Christophe Arsenault. Le concert verra le jour après un appel de projets sous la forme d’un « Tinder Créateur », un concept associant un compositeur et un auteur qui devront créer une œuvre ensemble. « Les étudiants se créent un profil sur internet et, à partir de celui-ci, ils peuvent s’agencer et trouver leur partenaire pour des créations, décrit Jean-Christophe. Soit une musique qui s’inspire de texte, soit un texte qui s’inspire de la musique, soit n’importe quoi entre les deux. »

L’idée du concert est née de ce désir de multidisciplinarité. « On veut mélanger le plus d’arts possible », s’enthousiasme Jean-Christophe. Le jeune homme, qui vise la maîtrise en musique, option Composition et création sonore, explique que l’objectif est également, d’un point de vue pédagogique, d’apprendre aux musiciens à composer avec la contrainte d’un texte. Les auteurs, eux, apprennent à utiliser leur créativité en tenant compte de la musique. « Ce sont des exercices auxquels on n’a pas toujours accès, déclare-t-il. Tous les auteurs ne connaissent pas des musiciens, et tous les musiciens ne connaissent pas des auteurs. » Ces liens peuvent aussi servir plus tard dans le milieu professionnel.

Un « duo Tinder »

Pour le concert, l’étudiante à la maîtrise en littératures de langue française Cassandre Henry et l’étudiant au baccalauréat en composition instrumentale à l’UdeM Vincent Debons-Ricard forment un « duo Tinder ». Leurs aspirations créatives respectives ont trouvé des résonances communes. « Je trouve que c’est un projet vraiment bien, avoue Cassandre. Je pense qu’il y a plusieurs liens à faire entre la musique et la littérature en général, parce que plusieurs textes parlent de la musique ou parce que la musique est souvent imprégnée de textes. »

Les deux étudiants ont choisi un texte philosophique sur la perception du temps, ainsi que des passages de l’œuvre canonique Un amour de Swann, de Marcel Proust. « On a décidé de combiner les deux textes ensemble, parce que le texte de Proust met en scène ce que dit le texte philosophique, un texte phénoménologique sur la perception du temps », explique Cassandre.

Pour sa part, Vincent explique que la musique qu’il compose pour accompagner le texte est minimaliste. « Il ne faut pas que la musique embarque sur le texte, mais, au contraire, qu’elle vienne l’appuyer, dit-il. J’apporterai également des modifications dans le son du piano afin d’en modifier la perception pour souligner davantage la signification des textes. » Les œuvres seront lues par Cassandre et préalablement enregistrées, car c’est la jeune femme qui jouera du piano sur scène, aux côtés d’une violoniste-interprète.

Inspiration littéraire

Aux étudiants qui travailleraient avec un texte en musique, le professeur en écriture et composition instrumentale à la Faculté de musique de l’UdeM François-Hugues Leclair conseille avant tout de lire le texte à voix haute afin d’en saisir les éléments musicaux déjà présents : le rythme, le tempo, les nuances, les articulations, les accentuations et les intonations. « À partir de cette compréhension intime et approfondie, le compositeur aura le choix d’aller dans le sens déjà présent dans le texte ou de s’en éloigner, de faire comprendre le texte ou, au contraire, de le rendre moins intelligible, de le magnifier ou de le déformer plus ou moins grâce aux différentes techniques de composition », indique-t-il.

M. Leclair atteste que la littérature constitue une véritable source d’inspiration pour sa musique instrumentale. Il a d’ailleurs transposé en musique de nombreux poèmes. « Le caractère, l’ambiance, les affects qui sont présents dans les textes vont très souvent susciter chez moi des correspondances musicales, révèle-t-il. L’écrivain a un monde imaginaire à partir duquel il puise et qui va trouver sa manifestation écrite dans le texte littéraire. Moi, je reçois cette œuvre avec ma propre sensibilité. »

Pour le professeur, il est important de vivre cette expérience, car les spécificités propres à chaque discipline artistique ne sont pas nécessairement simples à arrimer ensemble. « Les étudiants apprendront déjà beaucoup dans les rencontres interpersonnelles, et l’expérience leur ouvrira sans aucun doute de nouvelles perspectives, car maîtriser l’interdisciplinarité est un travail de longue haleine », affirme-t-il. Cette combinaison des disciplines devient une pratique de plus en plus répandue dans les milieux artistiques. Le « Tinder Créateur » offre ainsi une occasion aux étudiants de créer des liens pour des projets professionnels futurs fructueux.

Concert interdisciplinaire

14 mars, 19 h 30 | Salle Serge-Garant

200, av. Vincent-D’Indy | Entrée libre

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