Dans une littérature en pleine effervescence, les mordus littéraires poussent les limites de la création toujours plus loin, pour initier le monde aux plaisirs de la lecture et la rendre surtout plus accessible. En effet, les mots ne sont pas l’apanage des maisons littéraires et s’écartent des balises pour s’essayer à d’autres styles, plus vivants et plus interactifs. Sur le banc des « initiateurs » figure la jeunesse universitaire, qui réinvente la littérature par la technologie et diverses innovations sociales.
Une initiative d’écriture de chanson engagée a, par exemple, été mise en place dans l’institution d’enseignement collégial Kiuna d’Odanak pour encourager la jeunesse autochtone dans la persévérance scolaire et l’affirmation identitaire, en sortant des murs de l’école.
La tendance des meetups offre également à chacun la possibilité de rejoindre un groupe de son choix qui se réunit autour d’une passion commune. Les meetups littéraires se donnent aussi bien en français qu’en anglais, et rejoignent un panel de sujets très éclectiques, souvent en rapport avec l’actualité. Ce mois-ci, le thème de l’histoire des Noirs est au centre de l’attention. Plusieurs événements et réunions littéraires sont organisés au sujet de la littérature noire, dans les universités. L’occasion pour chacun de débattre, de lire un livre de sa collection et de partager ses écrits personnels.
Côté numérique, la promesse d’un livre à retour tactile est peut-être à envisager. Depuis l’avènement des technologies et tout particulièrement du livre numérique, la littérature a connu une seconde jeunesse et se vend désormais avec l’option son et image. Mais les spécialistes ne s’arrêtèrent pas là. Ils s’emploient aujourd’hui à créer un écran tactile qui accompagnera bientôt la lecture numérique d’une expérience sensorielle. Cette invention, mise au point par des étudiants universitaires français, saura une fois de plus modeler le visage de la littérature et améliorer l’expérience de lecture au delà des pages du livre.
Au quotidien
Le 14 février dernier, l’artiste Marguerite Hardy a lancé l’idée des citations imprimées, dispersées de part et d’autre de la ville de Sainte-Catherine, sur des abribus. Une immersion originale aidant à promouvoir la littérature ailleurs que dans les librairies, dans le quotidien urbain. Cette initiative, qui aborde le thème de l’amour, en ce mois de la Saint-Valentin, rallie transport et littérature et fait d’ailleurs écho au projet des « tickets books » à Singapour. Le concept est simple : des livres miniatures (de poche) sont vendus pour le prix de 10 $ chacun dans les transports en commun pour encourager la population à lire, sans se ruiner.
Un autre moyen d’apprivoiser la littérature en dehors des murs est la librairie ambulante, ou plutôt « la librairie à domicile ». Ce concept a été proposé par l’Association des libraires du Québec (ALQ) dans le cadre du développement de la culture à Montréal. Ce projet s’adresse aux personnes à mobilité réduite, aux personnes âgées et à toute autre clientèle dans l’incapacité de se déplacer vers un lieu littéraire comme les bibliothèques universitaires ou les librairies. Ainsi, plus d’une trentaine de librairies indépendantes se déplaceront de février à juin 2017 dans des centres pour exporter la littérature vers des publics « plus marginaux ». Que ce soit dans les bibliothèques, à domicile, sur le terrain ou en partenariat avec d’autres formes d’art, la littérature ne connaît pas de frontières.