Depuis les cinq dernières années, le professeur au Département d’entrepreneuriat et d’innovation à HEC Montréal Laurent Simon remarque un intérêt plus marqué des étudiants pour les start-ups. « Pour beaucoup d’entre eux, le but est d’aller chercher une expérience concrète de gestion plutôt que d’aller la chercher dans une grande entreprise où ils n’auront pas une aussi grande autonomie », explique-t-il. Le mot « start-up » englobe les petites entreprises en démarrage, souvent associées au domaine des nouvelles technologies, mais qui s’étendent aujourd’hui à tous les milieux de l’entrepreneuriat.
« Personnellement je m’intéresse beaucoup plus aux start-ups puisque ça permet de toucher à tout, confie l’étudiant au baccalauréat en génie mécanique à l’Université de Sherbrooke (UdeS) Gabriel Fournier qui a organisé une fin de semaine entrepreneuriale. Si on me confie un seul dossier, je vais m’ennuyer très vite. » Travailler pour une entreprise en démarrage représente un gros avantage selon lui. « Tu peux tout créer de A à Z, le produit, le procédé. Tu pars de rien et tu crées quelque chose de concret, précise-t-il. Cela donne un sentiment de satisfaction. »
Favoriser les idées
Pour faciliter l’entrepreneuriat, les intéressés sont invités à s’inscrire à des Start-up week-end, comme celui de Gabriel et de l’étudiant au baccalauréat en génie mécanique à l’UdeS, Nicolas Monnin. Prenant place dans différentes villes, ces activités permettent aux jeunes entrepreneurs de tous les domaines de mettre sur pied un projet en très peu de temps. « Je ne voulais pas simplement me limiter à l’école, explique Nicolas. J’ai commencé à m’impliquer dans différents groupes, et c’est de cette manière que j’ai entendu parler du Start-up week-end. » Nicolas souhaite acquérir, grâce à cet évènement, une expérience concrète en affaires et le savoir-faire adéquat afin de créer sa propre entreprise par la suite.
Les étudiants ont également la possibilité de soumettre leurs projets à des incubateurs grâce auxquels ils pourront développer leur idée et travailler avec différents mentors. « Ce qui est significatif, c’est l’émergence d’incubateurs et d’accélérateurs, qu’ils soient universitaires, publics ou privés, note M. Simon. C’est un bon marqueur de l’intensité entrepreneuriale en ce moment. » Il ajoute que les start-ups sont de moins en moins des initiatives individuelles, mais naissent plutôt de rencontres entre étudiants provenant de disciplines différentes.
Travail d’équipe
Travailler ensemble est d’ailleurs un critère demandé par l’incubateur et accélérateur de HEC, l’Institut d’entrepreneuriat Banque Nationale – HEC Montréal, qui demande aux étudiants d’être au minimum deux dans l’entreprise. « Ça faisait longtemps qu’on avait envie de développer une entreprise ensemble » explique la diplômée en gestion d’entreprise à HEC Montréal Marie-Claude Bouchard, qui a créé l’entreprise 2e shift avec son amie Martine Therrien. Celle-ci propose de bénéficier de services d’aides domestique et familiale comme le gardiennage ou encore l’aide aux devoirs.
Pour Gabriel Fournier, si beaucoup de jeunes ont autant envie de se lancer en affaire ou de débuter dans une start-up, c’est également parce que les moyens d’action sont plus efficaces dans une entreprise à taille humaine. « Si quelque chose ne marche pas dans une petite entreprise, tu es capable d’en jaser assez vite pour régler ça, dit-il. Dans une grosse entreprise, tu as beau jaser avec tes supérieurs, les probabilités que ça change sont assez faibles. »
De son côté, Marie-Claude Bouchard a plutôt fait le chemin inverse en travaillant d’abord pour de grandes entreprises avant de créer la sienne. Cependant, elle constate que de plus en plus de gens choisissent de se lancer en affaires en parallèle ou directement après leurs études. « Il y a de belles options pour les jeunes qui décident de tenter leur chance et de développer un projet, dit-elle. Les incubateurs comme celui de HEC permettent de rencontrer un paquet de chefs d’entreprises, et c’est un superbe chemin pour un étudiant qui vient de graduer. »
Bien que le taux de survie des start-ups demeure limité, Marie-Claude Bouchard estime que se lancer en affaires pendant ou directement après l’université permet de développer de nombreuses aptitudes qui demeurent très utiles tout au long du parcours professionnel.