2007 : 80 % des étudiants se prononcent en faveur de l’instauration d’un laissez-passer universel lors d’un référendum organisé par la FAÉCUM. 2010 : Les négociations entre la FAÉCUM et l’administration de l’UdeM piétinent. La U-Pass ira-t-elle dans vos poches ou à la brocante?
Trois ans après le référendum, des retards incessants laissent croire que la FAÉCUM a tabletté l’ébauche de laissez- passer universel de transport en commun. La Fédération étudiante se défend toutefois d’avoir abandonné le projet. La situation serait même sur le point de changer, affirme Dorothée Charest-Belzile, coordonnatrice aux affaires externes de la FAÉCUM. «J’aimerais beaucoup dire que ce sera pour cet hiver. Je suis prudente, je dirais donc qu’il y a plus de possibilités que ce soit l’automne prochain », confie la jeune femme lorsqu’on lui demande quand pourra-t-on voir le premier tourniquet de métro s’activer à coup de U-Pass.
Les étudiants de l’UdeM ne sont pas les seuls à souhaiter un laissez-passer universel de transport en commun. Déjà, de Vancouver à Halifax, en passant par Sherbrooke et, plus récemment, Ottawa [voir encadré], des étudiants mettent en commun leurs coûts de transport en obtenant un laissez-passer universel de transport collectif intégré à la facture universitaire. Mais avec un tarif de titre de transport mensuel de 38,75 $ par mois pour un étudiant montréalais de moins de 25 ans, le jeu en vaut-il la chandelle ? «Ce qui est problématique à Montréal, c’est que le taux réduit ne s’applique qu’aux étudiants à temps plein de 25 ans et moins. Au moment où un étudiant atteint 25 ans, il doit payer 70 $», explique Mme Charest-Belzile.
En septembre 2009, Éloi Lafontaine-Beaumier, alors coordonnateur aux affaires universitaires de la FAÉCUM, affirmait au Quartier Libre que le contexte économique n’était pas étranger à l’arrivée tardive de la U-pass : «L’Université cherche à couper partout, affirmait-il, et l’implantation de ce projet suppose des coûts importants.» C’est d’ailleurs ce qui a causé le plus gros des délais selon Dorothée Charest- Belzile : «Il y avait une mésentente l’an dernier qui n’existe plus aujourd’hui.»
Soit. Mais si le problème est réglé, pourquoi le projet avance-t-il à pas de tortue ?
C’est la faute de la DGTIC, estime Mme Charest- Belzile. Selon elle, le progiciel de gestion intégré et le projet d’environnement numérique d’apprentissage occupent tellement les informaticiens de l’UdeM que ceux-ci n’auraient plus une minute à mettre dans la pauvre Upass. «Il y a trop de demandes pour la même ressource. C’est ce qui fait en sorte que la UPass n’est pas entre nos mains en ce moment», explique-t-elle, avant de déclarer clairement qu’il s’agit «d’un obstacle ».
Dorothée Charest-Belzile est optimiste. Elle affirme que l’arrivée de Guy Breton au rectorat semble être une bonne nouvelle pour le projet.
«Le nouveau recteur a dit que c’était un projet qu’il voulait mettre de l’avant. M. Breton était vice-recteur exécutif avant et c’est lui qui s’occupait du projet de la U-Pass », explique-t-elle. Son collègue aux affaires étudiantes aurait d’ailleurs consulté ses vis-à-vis dans l’administration universitaire afin de savoir si la U-pass était toujours à l’ordre du jour. «On nous a dit que c’était toujours le cas», rapporte Mme Charest-Belzile.
Du haut de la Tour, l’Administration semble partager l’optimisme de la Fédération étudiante.
Après trois ans d’attente, un miracle en septembre 2011 est-il possible et réaliste ? «Oui», affirme Louise Béliveau, la vice-rectrice aux affaires étudiantes et au développement durable.
«Dès son arrivée, M. Breton a indiqué que c’était une priorité pour lui», affirme avec confiance la nouvelle venue, qui s’excuse de ne pas pouvoir expliquer les embûches auxquelles le projet s’est heurté dans le passé. «Je n’étais pas là…»
Mais la vice-rectrice défend bien sa DGTIC, partageant la responsabilité du retard de trois ans entre tous les acteurs du dossier. «C’est vrai que la DGTIC est impliquée, mais la FAECUM, la STM et l’UdeM le sont aussi», ditelle en substance.
Appui soutenu
Malgré les retards, l’appui des étudiants ne semble pas s’être émoussé. William Hodgson, étudiant de deuxième année en droit, est favorable à l’instauration d’une U-Pass, parce qu’«une grande partie des étudiants sont des utilisateurs du transport en commun et bénéficieraient de cette mesure ». Le côté écolo du projet plaît aussi au rouquin, qui croit que certains de ses camarades automobilistes pourraient délaisser leur véhicule au profit du métro et de l’autobus.
«Si ça m’apporte une réduction, oui c’est une bonne idée », lance Camille Carrier- Belleau, une étudiante de première année en littérature comparée qui ne connaissait pas l’existence du projet. Celle qui flaire la bonne affaire dit aussi souhaiter que la collaboration STM-UdeM puisse faire réduire le «très long» temps d’attente pour recevoir la carte OPUS en début d’année.
Ottawa 1
UdeM 0
Les étudiants de l’Université d’Ottawa auront leur laissez-passer universel de transport en commun. Un montant de 145 $ viendra s’ajouter chaque session à la facture de tous les étudiants à temps plein habitant l’Ontario.
Ils étaient 64 % de la communauté estudiantine ottavienne du premier cycle à soutenir le projet pilote de laissez-passer universel de transport en commun l’hiver dernier. Les étudiants l’Université de Carleton, située aux abords du Canal Rideau, l’ont aussi appuyé.
Le débat autour du laissez-passer universel (U-pass) n’a pas soulevé les passions sur le campus de l’Université d’Ottawa. «L’importance du débat entourant la U-Pass a été quelque peu atténuée par la méconnaissance des étudiants par rapport à tout ce que cela impliquait, explique Isabelle Larose, journaliste de La Rotonde. Plusieurs se sont rendu compte de l’importance de l’enjeu uniquement en recevant leur dernière facture…»
Guillaume Pelegrin, ancien représentant des étudiants de Common Law, est un détracteur acharné du projet. Selon lui, c’est trop cher pour Ottawa : «Si on habite le moindrement au centre, tout se fait à pied. Les loyers coûtent plus cher au centre-ville, et les étudiants qui y habitent ne devraient pas avoir à payer en plus pour ceux qui économisent sur leurs coûts de logement en périphérie.»
Le point de vue de M. Pelegrin n’a pas eu beaucoup de poids dans la campagne référendaire en raison de l’absence d’un comité du «non», ce qui n’a pas contribué à l’équilibre du débat. Ted Horton, le vice-président responsable de ce dossier pour la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), croit plutôt que les étudiants ont voté en connaissance de cause. «Après une campagne d’information de trois ans, les étudiants étaient bien avisés. » Pour M. Horton : «Le plus grand avantage du laissez-passer universel, ce sont les économies qu’il crée pour une large majorité d’étudiants qui utilisent les transports en commun comme principal moyen de transport.»