« Propulser l’UdeM là où elle n’a jamais été. » C’est sur ces mots que le recteur Guy Breton a commencé son allocution annuelle. Le 18 octobre dernier, devant un amphithéâtre aux trois quarts vides, il a proposé sa recette du succès, digne d’un plan stratégique d’entreprise : marketing, formation continue, développement immobilier, augmentation des frais de scolarité.
Développer le « discours identitaire »
Après avoir longuement fait la démonstration que l’UdeM était la meilleure parmi les meilleures, M. Breton soutient que le succès s’accompagne malgré tout d’un paradoxe : « l’absence de discours identitaire ». Si l’UdeM est la meilleure, il ne faudrait pas craindre de l’affirmer, étant donné l’importance de l’image publicitaire dans la concurrence féroce dans laquelle se livrent les universités aujourd’hui : « Nous sommes dans un monde où l’image, la perspective, l’impression sont importantes. C’est stratégique », estime M. Breton.
Des défis à relever
Face au « déclin démographique », l’Université devra s’adapter, soutient le recteur. Pour aller chercher plus de « clientèles », il faudra intensifier le recrutement, en particulier chez les bébés-boomers. Le problème démographique recèle également en lui une chance : « Il nous donne l’opportunité de développer un marché immense, inexploité, qui s’appelle la formation continue », a-t-il confié à son public, avec un brin d’enthousiasme. En plus des bébés-boomers, il y aurait au Québec 330 000 professionnels susceptibles d’avoir besoin de ce type de formation.
La démographie se combine aussi avec des enjeux géographiques, plus particulièrement l’exode montréalais vers les banlieues. L’université s’est déjà rapprochée de ces régions grâce aux campus de Saint-Hyacinthe, de Longueuil et de Laval.
Ces « points de services », le recteur compte bien les développer grâce à une expansion immobilière marquée par une nouvelle étape à l’automne 2011 avec l’agrandissement du campus de Laval. Les facultés d’éducation permanente, des sciences infirmières, des sciences d’éducation et des arts et sciences seront appelées à y donner des cours.
Et la gare de triage d’Outremont dans tout ça ? « Nous allons procéder à la viabilisation du site », affirme le recteur.
L’épineuse question du financement
Tous ces projets vont évidemment nécessiter un financement adéquat. Tout le monde est appelé à payer la note : gouvernements, donateurs, entreprises et surtout les étudiants. « Je pense que c’est une responsabilité partagée », a-t-il confié.
En revanche, le plan quinquennal présenté sur une des diapositives ne semble pas corroborer ses dires. Le recteur préconise un désinvestissement de l’État qui n’aurait plus à assurer que 62 % du budget de l’université, après une réduction de 15 points de pourcentage. Qui comblerait ce retrait? La philanthropie des entreprises et des individus (2 %), la formation continue (1 %), les rendements de la recherche (6 %), mais avant tout la communauté étudiante. Les universitaires devraient assumer 22 % du financement de l’institution par des frais de scolarité et des frais institutionnels, alors qu’ils en paient aujourd’hui 15 %. Il s’agit pour M. Breton d’une fatalité : « Il est certain que les droits de scolarité ne pourront pas rester là où ils sont. » Il n’a cette fois-ci pas glissé mot sur sa recommandation de moduler les frais en fonction des disciplines, comme il l’a déjà fait sur d’autres tribunes.
M. Breton a la confiance de pouvoir réaliser tous ses projets, si l’ensemble de la communauté universitaire met la main à la pâte. « L’UdeM a démontré par le passé qu’elle est capable de se mobiliser », a-t-il conclu. Dans le contexte d’un dégel des frais de scolarité, il n’est pas dit que tout le monde s’entend sur le sens de cette « mobilisation »…