« C’est un travail d’architecture historique », déclare le commissaire délégué et professeur à la Faculté de l’aménagement, Georges Adamczyk. Il affirme que cette exposition redonne vie aux travaux d’une agence incontournable au Québec durant la Révolution tranquille. Il décrit ce groupe d’architectes comme progressiste et emblématique d’une fracture avec un mouvement plus néo-classique, par la réalisation de structures fortement symboliques. Il donne en exemple l’aérogare de Mirabel, le pavillon du Québec à l’Exposition universelle de 1967 et même le pavillon Thérèse-Casgrain de l’UdeM. « Des exemples d’œuvres architecturales qui rencontrent et traduisent l’énergie de la grande transformation du Québec après la Grande Noirceur, c’est le fondement de l’exposition », dévoile-t-il.
Des étudiants en architecture de l’UdeM participent à la mise sur pied de cette galerie, une opportunité pour eux de redécouvrir le processus de construction d’importantes œuvres architecturales. « L’exposition est un travail de recherche et un enjeu didactique, explique M. Adamczyk. Le but étant de réunir un certain nombre d’étudiants et de s’intéresser à la façon dont ces édifices sont construits, pour en faire des maquettes synthétiques. »
Inspiré par l’histoire derrière cette agence, l’étudiant au baccalauréat en architecture Hakim Lairini-Desjardins s’est décidé à participer au projet. À partir des dessins originaux élaborés par l’agence, Hakim et ses collègues ont transformé ces vestiges en maquette. « J’ai redessiné tous les plans et ce qui m’a accroché, c’est l’innovation dans la typomorphologie des bâtiments, partage Hakim. Ils sont extrêmement reconnus dans le monde des architectes et même de la population entière. » Cette implication donne aux étudiants l’occasion d’explorer la démarche conceptuelle propre à une période historique où l’innovation marque le monde de l’architecture québécoise.
L’étudiante à la maîtrise en architecture Marie-Christine St-Arnaud a été interpellée par la portée historique du projet. « Ça m’a permis de revisiter la pensée d’architectes qui est un patrimoine pour le Québec en entier », révèle-t-elle. Les réalisations de l’agence se démarquent dans le décor québécois et prônent un certain changement, selon elle. « Les plans s’organisent autour d’un système audacieux, architecturalement parlant », ajoute Marie-Christine. Pour elle, ces bâtiments se distinguent à travers leurs lignes et leurs postures physiques. La firme traçait des immeubles hors norme à l’époque, leurs dessins redéfinissant les angles et les perspectives.
Ce projet d’exposition est l’initiative de l’ancien directeur du Centre de design de l’Université du Québec à Montréal, Börkur Bergmann. « Il est important de visiter ce mouvement général, que ce soit en sociologie, en histoire ou même histoire des sciences, de s’intéresser à la période des années 1970 en architecture », souligne le professeur Adamczyk. La figure symbolique de ces bâtiments est l’expression d’une nouvelle direction de société, d’après lui. Le Québec témoigne, jusque dans son architecture, d’une volonté de se redéfinir. L’exposition invite à vivre cette ambiance moderniste qui caractérise l’agence.
Une architecture du Québec moderne
1958 – 1974 : Papineau, Gérin-Lajoie, Le Blanc
Centre d’exposition de l’UdeM | salle 0056 19 janvier – 18 février 2017 | Entrée libre