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Opinion: Dehors, Breton!

À la veille de l’imminente renomination du recteur de l’Université de Montréal Guy Breton le 24 février prochain, il convient de dresser un bilan.

« Un malaise s’est abattu sur le campus lorsque le Conseil de l’Université (CU) a annoncé la nomination de Guy Breton au poste de recteur, le lundi 22 février ». Ainsi commence le mandat de Guy Breton et l’article du Quartier Libre publié le 3 mars 2010 titré avec justesse : « Guy Breton n’a pas d’amis », car c’est en vain que l’équipe du QL a cherché des personnes désireuses de manifester leur appui pour le recteur récemment nommé.

En effet, le recteur ou la rectrice de l’UdeM n’est pas élu·e. À la suite d’un long processus de consultation de la communauté universitaire qui dure des mois, c’est le Conseil de l’université qui choisi la rectrice ou le recteur. Ce conseil est composé de 24 membres, dont seulement cinq appartiennent à la communauté de l’UdeM. Huit sont choisi·e·s par le ou la lieutenant-gouverneur·e· du Québec, soit le ou la représentante de la Reine d’Angleterre au Québec, deux sont choisis par « le modérateur des facultés ecclésiastiques », huit autres sont choisi·e·s par le Conseil de l’université lui-même et le dernier n’est nul autre que le recteur ou la rectrice de l’université.

Breton est nommé par les représentant·e·s de Dieu sur terre, soit la Reine et les autorités ecclésiastiques. La majorité des postes du Conseil sont donc comblés par des éléments externes ayant leurs propres intérêts : gens d’affaires, représentant·e·s de banques, philanthropes, gestionnaires de compagnies d’assurances, etc. Seulement cinq places sont accordées à la communauté universitaire.

Dès le départ, Breton se comporte en autocrate : « En moins de 24 heures, M. Breton fait parvenir à la ville de Montréal une lettre annonçant son intention de vendre le 1420, Mont-Royal Ouest à la firme Catania qui souhaite en faire des condos de luxe ». Cet acte constitue le premier d’une longue série d’affronts du recteur envers la communauté de l’UdeM. Cette inauguration du mandat du recteur enclenche la vente d’un pavillon patrimonial acquis en 2003 par l’université devant servir, selon les consultations des années précédentes du corps professoral, à l’aménagement sur la montagne du parc immobilier de l’université. De plus, cette vente à perte se fait à une entreprise nommée à la commission Charbonneau et maintenant poursuivie pour corruption, malversation, voies de fait, liens avec la mafia, etc. En rétrospective, nous pouvons dire que la gestion douteuse de l’UdeM par Guy Breton commence dès le premier jour de son mandat.

Cette conduite d’apparence frauduleuse est couplée d’une vision mercantiliste de l’université et de l’éducation. Comme il l’a montré avec fierté pendant la grève de 2012, pour lui, le savoir doit servir les intérêts et le profit de l’entreprise privée : « Les cerveaux doivent correspondre aux besoins des entreprises». Cette nouvelle mission est désormais ce pour quoi existe l’UdeM; nouveau royaume de Breton où les connaissances sont des ressources que les individus doivent obtenir pour pouvoir être utilisés le mieux possible par les escomptes monétaires.

Pour mieux asseoir son règne, Breton recourt à la répression et, à la suite de son acceptation de la demande d’injonction pendant la grève de 2012, il entame des poursuites judiciaires contre des associations en grève et les étudiant·e·s qui les représentent tout en renforçant la sécurité et la surveillance. Ces politiques répressives culminent alors qu’il fait intervenir l’anti-émeute du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sur le campus les 27 et 28 août 2012 lors de la rentrée scolaire. Bilan : des professeur·e·s sont pris·e·s en souricières, les étudiant·e·s sont intimidé·e·s dans leurs couloirs, les cours sont annulés et 19 étudiant·e·s sont arrêté·e·s au sein même de leur université en vertu d’une loi contestée en recours constitutionnel et, depuis lors, annulée2.

Nomination antidémocratique, simulacre de légitimité, affronts à la communauté universitaire, apparence de corruption, mauvaise gestion, subordination aux intérêts extérieurs, dénaturation de la mission de l’université, répressions, surveillances, arrestations.

Pour toutes ces raisons, nous sommes contre la renomination de Guy Breton au poste de recteur pour un deuxième mandat et nous disons : Dehors, Breton !

Nous vous invitons à consulter le site web suivant pour de plus amples informations : http://dehorsbreton.wordpress.com et la page Facebook : Pour la démission de Guy Breton et contre sa réélection.

           

1 Guy Breton lors d’un « rendez-vous du savoir », 5 octobre 2011.       

2 Radio-Canada, « Rentrée mouvementée à l’UQAM et à l’UdeM », 27 août 2012.

 

Signataires: Capucine Berdah (étudiante au baccalauréat en Science politique), Jean-Pascal Bilodeau (étudiant en Études internationales), Dominique Boisvert (étudiant au baccalauréat en Musicologie), Marc Boulanger (diplômé au baccalauréat en Études Cinématographiques), Nicolas Bourgois  (étudiant au baccalauréat en Sciences politiques et Philosophie), David Therrien-Brongo (étudiant à la maîtrise en Musique-Interprétation et au baccalauréat en Science Politique et Philosophie), Élisabeth Chevalier (étudiante au baccalauréat en littératures de langue française et philosophie), Gabriel Clermont (étudiant au baccalauréat en philosophie), Simon Dabin (étudiant en maîtrise de Science Politique), Vincent Ferland (étudiant au baccalauréat en Sciences politiques et Philosophie), Xavier Ferrand (étudiant au baccalauréat en Science politique et Philosophie), Lynda Khelil (diplômée au baccalauréat en Études internationales), Julien Labonté (étudiant au baccalauréat en philosophie), Andréanne Leclerc (étudiante au baccalauréat en Neurosciences), Marie-Hélène Marier (étudiante à la maîtrise en Anthropologie), Véronique Meunier (étudiante au baccalauréat en Sciences de la communication), Loïc Mineau-Murray (étudiant à la majeure en littératures de langue française), Laurie Pabion (étudiante à la maîtrise en science politique), Yann Panneton (Bachelier en Science Politique et en Histoire et étudiant à l’école de Service Social de l’UdeM), Aleksandra Pelletier (étudiante à la maîtrise en Sciences de la communication), Jean-François Rioux (majeure en philosophie)

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