Volume 21

Les tensions tuent la CrepuQ

La Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) s’appellera dorénavant le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI). La nouvelle organisation n’agira plus à titre de groupe de pression auprès du gouvernement.

«Les recteurs se sont rencontrés le 6 juin 2013, explique la présidente du conseil d’administration du BCI Luce Samoisette. Il nous est paru clair qu’il nous fallait des services en commun, ainsi que les tables de concertation, mais que nous ne voulions plus du volet de représentation. » Les recteurs n’étant pas d’accord sur un grand nombre d’enjeux fondamentaux, dont celui des frais de scolarité, la CREPUQ a abandonné le rôle de porte-parole des universités. En effet, les universités à charte, c’est-à-dire autres que publiques, telles que l’UdeM, Laval, McGill et Sherbrooke veulent des frais de scolarité modulés. L’organisation a donc annoncé le 10 janvier dernier qu’elle changeait de nom et recentrait son mandat sur la collaboration entre les universités et la mise en commun de certains services.

Un BCI réduit

Des comités, sous-comités et groupes de travail ont été dissous et le personnel a été réduit. Cependant, la présidente du CA du BCI affirme que les rencontres et les discussions pourront se poursuivre malgré les abolitions. «Le cœur de l’institution reste le même, affirme aussi son directeur général par intérim Claude Bédard. Il sera toujours un lieu de concertation où les universités se retrouvent et développent des avenues pour répondre à des défis qui nous concernent tous. »

Malgré des modifications, les ententes de service entre universités continueront sous le BCI. Les cours de l’entente CREPUQ existeront toujours, ainsi que les ententes entre bibliothèques, entre registraires et toutes celles liées à la recherche.

Les ententes pour les étudiants étrangers ont un statut un peu spécial, car elles dépendaient du Comité des affaires internationales, qui n’est plus. Toutefois, les recteurs veulent les conserver. «On s’occupe des ententes et des étudiants, même si le comité des affaires internationales n’existe plus, assure M. Bédard. Reste à voir comment nous répartirons les mandats dont le Comité était chargé et que nous voulons conserver.»

Le BCI gérera aussi des services communs, par exemple pour la négociation d’assurances ou l’achat de matériel, pour profiter d’une expertise partagée et d’économies d’échelle. Les tâches d’évaluation des programmes seront confiées au futur Conseil national des universités qui s’intéressera aux affaires universitaires. La création d’un tel groupe a été annoncée par le ministre de l’Enseignement supérieur Pierre Duchesne en 2013.

Selon le professeur en administration et politiques scolaires de l’Université du Québec à Rimouski, Jean Bernatchez, la question des cotisations payées par chaque université à l’organisation a été délicate à traiter. « Dorénavant, aucune université ne pourra contribuer au-delà de 12 % du budget du BCI, annonce M. Bernatchez. C’est un gain pour les grandes universités, qui contribuaient parfois même jusqu’à 20 %.»

Les cotisations de chaque université à la CREPUQ étaient (et resteront sous le BCI) proportionnelles au nombre d’étudiants et au budget de chaque université. En raison du nouveau pourcentage, l’UdeM verra sa cotisation diminuer, mais pour combler le manque à gagner, certaines universités, notamment en région, paieront davantage. «Pour les plus petites universités, cela va coûter plus cher, convient M. Bernatchez. C’était le prix à payer.»

La FAÉCUM et l’UdeM satisfaites

«Nous sommes heureux que les services se maintiennent, affirme le secrétaire général de la Fédération des associations étudiantes de l’UdeM (FAÉCUM), Tiago Silva. Cela joue à notre avantage qu’il n’y ait plus de volet politique. Nous espérons qu’il y aura une meilleure imputabilité et une meilleure régulation dans les nouvelles instances. Un processus de reddition de comptes est nécessaire. » La FAÉCUM considère que la CREPUQ avait une structure inefficace et une tendance à prendre des positions qui allaient à l’encontre des siennes.

L’UdeM s’est également déclarée satisfaite par la voix de son porte-parole Mathieu Filion. «Nous étions de ceux qui prônaient ce changement, car les positions de la CREPUQ et de l’UdeM étaient souvent divergentes, par exemple dans le dossier de la modulation des frais de scolarités », précise M. Filion. Le recteur de l’Université Laval, Denis Brière, qui a quitté la CREPUQ dans la controverse l’an passé, n’a pas souhaité faire de commentaires sur la création du BCI.

Beaucoup de choses restent encore à préciser, et les discussions continueront dans les prochains mois. Selon Mme Samoisette, plus de réponses à ces questions devraient être connues le 30 avril 2014, date de la fin de l’année fiscale.

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