Anick-Marie Bouchard est une voyageuse atypique. Elle a choisi un mode de vie aussi original que la couleur rose de ses cheveux, puisqu’elle parcourt le monde en auto-stop. C’est au café d’anthropologie de l’UdeM, où elle est bénévole, que Quartier Libre l’a rencontrée à l’occasion de la sortie au Québec du livre qu’elle a coécrit : La bible du grand voyageur, publié par Lonely Planet .
«J’aime voyager seule pour l’autonomie que ça confère.» Dès ses premiers mots, le ton est donné. Anick-Marie Bouchard est une femme indépendante qui n’a pas froid aux yeux. Beaucoup de femmes ont peur de prendre la route seules, mais pas elle. «Nous sommes complètement responsables de nous-mêmes et nous sommes les seuls à blâmer pour ce qui nous arrive», explique-t-elle. Le moyen de transport préféré de cette étudiante en anthropologie à temps partiel à l’UdeM, c’est l’auto-stop!
Voyager seule n’est pas une partie de plaisir tous les jours. Le risque majeur pour les femmes est le harcèlement ou l’agression sexuelle. «En Turquie, en tant que femme occidentale, indique Anick-Marie, on est vues comme un troisième sexe parce qu’on est très différentes des femmes locales.» Mais elle s’est préparée à affronter tous les risques . «En Turquie, j’ai dû quitter des véhicules plus fréquemment qu’ailleurs. Mais je m’étais préparée mentalement à parer à toute éventualité, surtout les pires, en m’imaginant les façons de m’en sortir », détaille-t-elle .
Premières armes
Tout commence lorsqu’à seulement 16 ans, Anick-Marie va visiter sur le pouce des amies dans la région de la Côte-Nord. Mais la grande révélation se produit alors qu’elle fait sa deuxième année d’études en échange à l’Université de Montpellier en France. Elle y effectue ses premières expéditions en autostop loin de chez elle. Puis, elle profite de ses vacances d’été pour effectuer un tour de deux mois en Europe .
En faisant du pouce entre Copenhague et Stockholm, la jeune femme originaire des Îles de la Madeleine découvre le côté aventurier du voyage. Pour se nourrir, elle use souvent du dumpster diving – pratique qui consiste à récupérer les aliments que les commerçants s’apprêtent à jeter -, notamment à Amsterdam. «Les premiers mots que j’ai appris en néerlandais sont : avez-vous du vieux pain? » raconte – t-elle. Cette expérience de vie aux Pays-Bas est également l’occasion d’une prise de conscience. Elle cuisine, avec les autres membres de l’auberge alternative où elle habite, des plats préparés à partir d’aliments récupérés dans les poubelles ou donnés par des commerçants. Les repas sont, par la suite, distribués aussi bien aux résidents qu’aux gens de l’extérieur. Ainsi, «j’ai réalisé qu’on pouvait ne pas avoir beaucoup d’argent, mais être généreuse avec les autres», déclare-t-elle .
Son retour au Québec ne dure que trois jours . Elle repart immédiatement en immersion anglophone à Terre-Neuve, puis décolle pour le Pérou avec Québec sans frontières dans le cadre de ses études en coopération internationale. Elle ne cesse de changer de lieux de vie, si bien qu’elle se sent chez elle partout, tant à Édimbourg qu’à Berlin ou encore à Paris . Elle a adopté ces villes où elle a vécu bien qu’elle n’y ait habité que peu de temps .
Un livre pour témoigner
Mais voyager ne suffit pas à Anick-Marie, alors elle songe à écrire un livre sur l’auto-stop au féminin pour répondre aux critiques sur sa manière de voyager. En décembre 2009, Guillaume Charroin et Nans Thomassey la contactent. Ces deux jeunes Français ont parcouru le continent américain en utilisant le troc, l’hébergement spontané chez les gens ou encore l’auto-stop. Ils veulent collaborer avec Mme Bouchard à l’écriture d’un livre sur le voyage alternatif. C’est ainsi que naît La bible du grand voyageur. La surprise vient du géant australien du guide de voyage, Lonely Planet, qui décide d’éditer le livre. Parallèlement, Anick-Marie crée en février 2011 le site internet Globestoppeuse.com pour notamment parler du livre. Aujourd’hui, son blogue est devenu populaire et permet de la suivre dans toutes ses aventures .
La question du voyage au féminin tient une place particulière dans son coeur. En assistant à des rencontres du site communautaire d’hébergement de voyageurs Couchsurfing, elle s’implique rapidement dans l’organisation d’ateliers sur la sécurité. Elle est, par la suite, invitée à participer à des conférences sur le féminisme et le voyage au féminin. «Cet activisme a,été très formateur, se souvient-elle. «Cela m’a permis de faire des rencontres extraordinaires, transformatrices, et de réfléchir à mes limites.»
Anick-Marie reprendra la route très bientôt, mais à deux-roues cette fois. Elle participera à partir de juin 2013 à The Sun Trip, une course en vélo électrique solaire de 7500 km qui la conduira sur les chemins des Alpes jusqu’aux hauts plateaux du Kazakhstan. Mais la jeune femme de 31 ans ne compte pas s’arrêter là. «À un moment donné, mon terrain de jeu va être la terre entière !» promet-elle .
Fidèles du voyage, votre bible est arrivée !
La bible du grand voyageur est déjà parue en France le 6 septembre et a reçu un accueil chaleureux de la critique. Le site detourdumonde.com parle d’un « guide presque plus important que ton sac à dos ! » Ce livre se veut un guide pratique à l’intention de tous ceux qui veulent voyager mieux avec moins. Le lancement du livre aura lieu à 18 heures le mardi 9 octobre au Café l’Artère, situé au 7 000, avenue du Parc. Les bénéfices réalisés ce jour-là aideront au financement de la participation d’Anick-Marie Bouchard à The Sun Trip .