Le cheerleading au masculin

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Par Adil Boukind
mercredi 27 novembre 2013
Le cheerleading au masculin
Les Carabins ont terminé deuxième lors de la première compétition de la saison, dimanche 24 novembre. (crédit photo : Adil Boukind)
Les Carabins ont terminé deuxième lors de la première compétition de la saison, dimanche 24 novembre. (crédit photo : Adil Boukind)

Constituée majoritairement de filles, l’équipe de cheerleaders des Carabins compte neuf athlètes masculins. Souvent montrés du doigt, les sportifs doivent faire face aux préjugés qui collent encore à ce sport.

Bien qu’il touche plus la gent féminine, ce sport a été créé à l’origine pour les hommes. «Le cheerleading a changé de sexe durant la Deuxième Guerre mondiale, les femmes le pratiquait pour encourager les hommes partis au front, explique l’entraineur en chef de l’Équipe de cheerleading, Véronique Bourgeois. Par la suite, le sport est devenu ce que l’on connaît aujourd’hui. Maintenant, les hommes sont de retour ! » Par ailleurs, certains présidents américains, comme Dwight Eisenhower et George W. Bush, étaient eux-mêmes cheerleaders durant leurs études universitaires.

Moins de préjugés

L’étudiant en kinésiologie et actuellement dans sa cinquième année chez les Carabins Samuel St- Amour remarque que le regard du public sur ce sport est en plein changement. «Je dirais que les préjugés ont pas mal évolué depuis les cinq dernières années, confirme l’étudiant. On voyait que les gens jugeaient bien plus à l’époque où j’ai commencé au cégep. Maintenant, ça va.» Son partenaire Guillaume Thivierge, étudiant en arts et sciences et cheerleader depuis cinq ans aussi, appuie ses propos. «La population québécoise est vraiment de plus en plus familière avec le sport, constate Guillaume. La télévision et internet y ont grandement contribué.»

Malgré tout, beaucoup des joueurs ont à gérer le jugement des autres. « Au début, tout le monde pense que c’est faire des figures avec des pompons, explique l’étudiant au DESS en comptabilité à HEC Marc-Olivier Desmarais. Beaucoup de personnes commencent à rire quand je leur dis que je suis cheerleader, mais quand mes amis m’ont vu pour la première fois, ils étaient très impressionnés.» Son collègue, étudiant en écriture de scénario et création littéraire Olivier Gérard, parle d’un autre type de situation qui se passe plus avec des professeurs de l’Université. «Certains de mes professeurs me voient avec mon manteau Carabin et me demandent ce que je fais, raconte l’étudiant. Quand je leur réponds, on voit clairement qu’il y a une espèce de malaise. C’est comme s’ils étaient un peu déçus.»

Vis-à-vis des autres formations des Carabins, aucun des membres de l’équipe ne s’est plaint de l’attitude de leurs homologues sportifs. «En général, les autres Carabins vont nous supporter et être gentils avec nous, explique Guillaume. Cela dit, on sent quand même qu’ils ne nous considèrent pas égaux sur le plan athlétique.»

Un style de vie

L’entrainement consiste en trois séances de deux heures par semaine. Il est aussi suggéré de faire de la musculation au minimum deux fois par semaine. Cependant, dans un souci d’excellence sportive, plusieurs des membres de l’équipe s’entrainent bien plus que le minimum nécessaire. Olivier fait partie de ces personnes. « Je m’entraine presque tous les jours, admet l’étudiant. Avec les trois entrainements de cheerleading, je rajoute trois séances de musculations ainsi qu’une à deux séances de gymnastique par semaine. » L’étudiant est actuellement remplaçant et tente de faire ses preuves dans l’équipe qu’il a rejoint au mois de septembre.

À cause du risque des figures effectuées, posséder une forme physique conséquente est important. «C’est assez haut niveau, même si ce n’est pas encore accepté dans la mentalité de tout le monde, déplore Samuel. Ça demande beaucoup de puissance, d’agilité et surtout de coordination. » L’étudiant s’est d’ailleurs blessé à la suite d’un mouvement non coordonné avec le reste de l’équipe. Sa blessure au poignet, assez sévère, ne lui permettra de revenir dans les compétitions qu’à partir du mois de janvier.

Marc-Olivier apprécie tout particulièrement les avantages liés aux Carabins. «On a accès à un gym privé, les entraineurs sont vraiment compétents et l’ambiance est très cool, raconte-t-il. J’apprends à faire des backflips ! Je lance des filles dans les airs, c’est drôle.»

Les Carabins vont participer à deux compétitions, une nationale et une provinciale. Lors des compétitions, le nombre d’hommes dans les équipes est un facteur déterminant. Plus il y a d’hommes, plus la difficulté est élevée. Les Carabins ont décidé de ne pas inscrire tous leurs athlètes masculins dans la compétition nationale, afin d’être dans la plus petite catégorie pour avoir toutes les chances de leur côté. Au niveau national, les autres équipes sont généralement composées d’une vingtaine d’athlètes masculins. Les compétitions ont commencé fin novembre pour se terminer courant avril. La prochaine se déroulera à Toronto le samedi 30 novembre.