Volume 22

Le secrétaire général de la FAECUM Vincent Fournier Gosselin déplore la décision de l'ancien ministre Yves Bolduc de toucher sa prime de départ dans le contexte d'austérité budgétaire actuel.
Crédit photo : Isabelle Bergeron

Yves Bolduc cède sa place

« Nous avions demandé, en janvier dernier, la démission d’Yves Bolduc lorsque nous avons construit un mur à l’aide de 450 blocs devant le bureau du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, rappelle le secrétaire général de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM), Vincent Fournier Gosselin. Nous accueillons donc bien l’annonce de sa démission. »

De son côté, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) estime aussi que le départ du ministre pourrait bénéficier aux étudiants. « Pour la FEUQ, il était plus que temps que quelqu’un reprenne le contrôle de ce ministère, en lui donnant une réelle direction afin qu’il ne serve pas uniquement aux objectifs de coupures du Conseil du trésor , affirme le président de la FEUQ, Jonathan Bouchard. Depuis son entrée en poste, le réseau universitaire a essuyé plus de 200 millions de dollars de coupes, la Politique nationale de la recherche et de l’innovation (PNRI) a été mise sur la glace et les étudiants français ont vu leurs frais de scola­rité tripler . »

Parachute doré ?

Yves Bolduc est pourtant au cœur d’une nouvelle controverse depuis sa démission, en raison de l’allocation de transition que prévoit la Loi sur les conditions de travail et le régime de retraite des membres de l’Assemblée nationale, et que l’ex-ministre comptait toujours toucher au moment de publier cet article.

« Dans le contexte d’austérité, c’est une insulte que d’accepter cette allocation alors que le gouvernement demande à tout le monde de se serrer la ceinture , affirme M.?Fournier Gosselin. C’est un peu la politique du “Fais ce que je dis, pas ce que fais” et cela est déplorable. » Rappelons que les deux derniers députés démissionnaires de la présente légis­lature, Élaine Zakaïb et Christian Dubé, du Parti Québécois et de la Coalition Avenir Québec respectivement, avaient décidé de ne pas toucher l’allocation.

« Il y a?un décalage entre ce que la Loi permet et ce que les mœurs et l’opinion publique du moment présent permettent, estime le professeur titulaire au Département de science politique de l’UdeM Denis St-Martin. Ce fossé-là existe toujours, parce que c’est le propre des institutions politiques, comme les parlements, de refléter l’histoire d’où elles viennent plutôt que l’opinion publique actuelle ».

Le politologue croit que la lenteur des réformes en ce qui a trait au salaire des députés est aussi causée par le fait qu’il est fixé par la Loi. « Qui fait les lois ? questionne-t-il. Les parlementaires ! Il est normal de les voir devant un dilemme quant à leur propre rémunération. »

Le premier ministre a annoncé qu’une réforme de la loi fondée sur le rapport de la juge retraitée Claire L’Heureux-Dubé aurait lieu lors de la présente session parlementaire. Le rapport du comité indépendant dirigé par Mme L’Heureux-Dubé, émis en 2013, apportait des recommandations quant à ces questions. On y propose notamment d’élever le salaire de base des députés, à 88 186 $ annuellement en 2013, au « niveau?4 de la catégorie des dirigeants et des membres d’un organisme ou d’une entreprise du gouvernement, soit 136 010 $ en 2013?». Le rapport suggère en contrepartie « qu’aucune allocation de transition ne soit versée au député qui démissionne en cours de mandat », à moins que la démission ne soit motivée par un problème de santé « touchant le député ou un membre de sa famille immédiate ou par des raisons familiales sérieuses ».

« Je crois que le cas Bolduc représente une fenêtre d’opportunités pour mettre en œuvre les recommandations du rapport L’Heureux-Dubé, mais là, il faut savoir que l’opinion publique pourrait ne pas être satisfaite encore » , juge M. St-Martin.

Nouveau ministre, nouvelles attentes

En attendant cette réforme, les étudiants pourront observer le travail du nouveau ­ministre de l’Éducation, François Blais, qui suscite certaines attentes chez les fédérations étudiantes. « La nomination de M.?Blais est sans doute une meilleure option que M. Bolduc en raison de son passé dans le réseau universitaire, mais il n’en demeure pas moins qu’il devra s’assurer de bien connaître et de défendre ses dossiers avec vigueur et détermination », commente M. Bouchard. Ce dernier espère que le nouveau ministre tendra une oreille plus attentive à la communauté universitaire.

De son côté, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) espère que le nouveau ministre scindera en deux le ministère, comme c’était le cas sous le gouvernement précédent. « La création, en 2012, d’un ministère distinct pour l’enseignement supérieur, la recherche et la science s’imposait et elle avait fait consensus dans les milieux concernés », indique la Fédération par voie de communiqué. La FQPPU juge qu’il serait pertinent de créer un Conseil des universités impartial pour étudier cette question et bien d’autres.

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