Volume 20

Vox Pop

Le Sommet sur l’enseignement supérieur, qui s’est déroulé les 25 et 26 février derniers, a provoqué des réactions mitigées parmi les acteurs du milieu universitaire. 

«Nous allons continuer à nous battre.»

Martine Desjardins — Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ)

Nous avons enregistré plusieurs gains. Nous avons réussi à parler de la qualité de l’enseignement, de l’aide finan- cière aux études, de l’évolution du financement en tenant compte de la capacité de payer des Québécois, de la stratégie visant l’accessibilité et la persévérance aux études, de la recherche et de la collaboration entre les établissements et leurs milieux et aussi de la charte sur les universités.

Mais, du côté des droits de scolarité, nous sommes extrêmement déçus puisque nous réclamions le gel, et non une indexation de 3 %. Une chose est sûre : nous allons continuer à revendiquer notre position! Je peux vous assurer que nous allons continuer à nous battre pour les revendications étudiantes sur tous les aspects. Car, il n’y a pas que le dossier des droits de scolarités. C’est une question importante, mais il faut être intelligent et professionnel sur les autres dossiers. 

 

«Nous sommes ravis que l’offre de programmes au collégial soit revisitée.»

Éliane Laberge — Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)

Notre sentiment est mitigé. Nous sommes déçus de la façon dont le gouvernement a décidé de régler la question de l’accessibilité aux études, puisque nous mettions en avant le gel dans une perspective de gratuité scolaire.

Mais, nous sommes contents de voir que des avancées concrètes ont été faites, notamment quant à l’amélioration de la gestion de nos universités grâce à un conseil des universités. Cela va être bénéfique pour le réseau d’enseignement supérieur.

Nous sommes également ravis que l’offre de programmes au collégial soit revisitée, car certains d’entre eux comportent des dédoublements ou des incohérences. Par exemple, des programmes se retrouvent dans deux cégeps qui sont proches l’un de l’autre. 

 

«Il nous a fourni l’occasion de rap- peler que l’université est bel et bien au service de la collectivité.»

Max Roy — Fédération des professeures et professeurs d’université (FQPPU)

De notre point de vue, le Sommet sur l’enseignement supérieur a donné des résultats positifs. Il nous a fourni l’occasion de rappeler que l’université est bel et bien au service de la collectivité plutôt qu’à celui des intérêts par- ticuliers. Nous accueillons donc très favorablement la proposition de créer un conseil national des universités. Nous réclamions depuis plusieurs années le retour du Conseil des universités, qui a existé jusqu’en 1993.

La FQPPU voit donc ses propositions retenues et entend rester très active. Nous voulons participer aux chantiers annoncés par le gouvernement. 

 

«Il faut attendre de voir ce que les groupes de travail mis en place vont donner.»

Pierre Fortin — Professeur au Département des sciences économiques de l’UQAM

Compte tenu des circonstances et des contraintes financières et politiques qui pesaient sur ce gouvernement minoritaire, ce dernier s’en est relativement bien tiré à mon avis.

Vu qu’il avait rejeté la hausse des frais de scolarité, le gouvernement ne pouvait pas adopter la gratuité scolaire. Et puis, le coût aurait été trop énorme.

Le gouvernement souhaitait également indexer pour réduire la probabilité qu’une crise étu- diante éclate tous les cinq ans. La majorité de la population veut éviter de nouvelles crises.

Mais, on ne peut pas porter de verdict définitif sur ce Sommet. Il faut attendre de voir ce que les groupes de travail mis en place vont donner. 

 

«Les étudiants vont devoir faire entendre leur voix, peut-être pas dans la rue mais plutôt avec de bons arguments.»

Paul-Émile Auger – Table de concertation étudiante du Québec (TaCEQ)

Nous sommes déçus de l’indexation annoncée car nous avions souligné l’importance d’évaluer les frais de scolar- ité en fonction de leur impact sur l’accessibilité et non de ce qu’ils vont rapporter au gouvernement.

Nous sommes tout de même satisfaits que le gouvernement nous écoute et qu’il nous consulte sur les questions d’aide financière ou de politique de l’innovation. Dans les prochains mois, les étudiants vont devoir faire entendre leur voix, peut-être pas dans la rue mais plutôt avec de bons arguments.

Nous avons proposé que les entreprises contribuent davantage au financement des universités. Les étudiants et la collectivité ne sont pas les seuls bénéficiaires du fait que les gens fassent des études universitaires. Les entreprises en profitent aussi. Nous sommes un peu déçus que notre proposition n’ait pas été retenue, le contexte économique défavorable n’était pas propice. Mais elle a reçu un bon écho auprès de certains acteurs présents ! 

 

«Même si nous avions été présents à ce Sommet, nous pensons que cela n’aurait rien changé.»

Blandine Parchemal — Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ)

Le gouvernement péquiste avait décidé de l’indexation depuis le départ, et c’est finalement ce qui s’est passé. Nous ne pouvons pas dire qu’il y a eu un véritable débat. Notre position, qui est la gratuité scolaire, est contraire à l’indexation voulue par le gouvernement.

Ce Sommet a davantage ressemblé à une sorte d’états généraux. Il aurait pu y avoir de vérita- bles discussions sur la question du rôle des universités. En plus, que ce soit les syndicats ou les autres fédérations, les intervenants n’ont pas eu la possibilité de développer leurs positions sur la question des droits de scolarité.

Au final, tout ce qui a été proposé vient du gouvernement. Même si nous avions été présents à ce Sommet, nous pensons que cela n’aurait rien changé à sa conclusion. C’est pourquoi nous avons préféré exprimer notre position sur la gratuité scolaire dans la rue au lieu de céder à l’indexation. Mais, nous avons des plans pour l’avenir. 

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