Volume 19

On mesure aussi la capacité d’un think tank à son volume. La devise du GROS, c’est s’associer pour penser la société. Crédit : Mariam Moustakaly

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Des initiatives de réflexion citoyenne voient le jour dans le sillage du conflit contre la hausse des frais de scolarité. Pour preuve, le Groupe de recherche en objectivité(s) sociale(s) (GROS), qui a pris son essor à la faveur de la grève étudiante. Chaque semaine depuis plus de deux mois, ce groupe de discussion se réunit et publie des articles pour « mieux outiller le citoyen dans son analyse des mécanismes sociétaux ».

On mesure aussi la capacité d’un think tank à son volume. La devise du GROS, c’est de s’associer pour penser la société. Crédit : Mariam Moustakaly

 « Le début de la grève étudiante ayant coïncidé avec la construction du mouvement, nous avons décidé de rehausser le débat sur des enjeux soulevés par celle-ci tels que la désobéissance civile et le vandalisme », explique William Ross, l’étudiant à la maîtrise en philosophie de l’UdeM qui a fondé le GROS avec deux de ses condisciples, Daniel Blémur et Maxime Langlois.

Dès la première réunion, le groupe a cherché à cibler certains thèmes qui étaient matière à dérive tant dans le discours médiatique que le discours gouvernemental. « Le groupe constatait que souvent les actes de simple désobéissance civile étaient taxés d’actes violents et qu’il n’y avait pas de distinction faite entre le vandalisme et la violence contre les personnes », se rappelle- t-il.

« Trop souvent, des décisions sociales sont montrées comme étant des éléments naturels inébranlables et non discutables, or elles peuvent être erronées, ou mal expliquées », poursuit M. Ross, qui prend l’exemple de la grève. « On nous dit qu’on ne peut pas baisser les frais de scolarité. Le “on ne peut pas” connote l’irréversibilité. Pourtant, ce sont bien des êtres humains qui sont derrière cette décision, et donc rien n’est définitif dans cette proposition. »

Cela faisait plusieurs mois que les trois étudiants en philosophie se questionnaient sur de nombreuses problématiques sociétales autour des médias sociaux et des technologies. Mais ils se sont vite rendus compte qu’à eux seuls, ils étaient limités dans leur possibilité d’approfondir correctement leurs recherches. Ils ont décidé de créer le GROS le 27 février dernier en lançant un appel, en assemblée générale de l’Association des étudiants en philosophie de l’UdeM, à toutes les personnes intéressées à assister à leur première réunion du 5 mars.

Depuis, le nombre de membres est passé d’une quinzaine à plus d’une cinquantaine au rassemblement de lundi dernier. M. Ross tempère toutefois cette popularité. « On ne se leurre pas, la disponibilité des gens en raison de la grève est probablement une des raisons du succès du groupe. »

« Nous voulons clarifier et décortiquer des concepts sociaux afin que les gens qui se questionnent puissent avoir une documentation claire et concise. Des textes sont créés et distribués régulièrement à la suite de nos réflexions », explique M. Ross. Plus d’une dizaine de longs articles, pamphlets et propositions sont disponibles sur le site Web qui a été mis en ligne fin mars. Un comité exécutif est constitué depuis le 9 avril dernier.

« Après la grève, nous aurons plus de visibilité sur ce qui a été fait et ce que l’on peut faire. Nous pourrons alors nous interroger sur une poursuite de nos activités à long terme », prédit M. Ross. Mais la question circule déjà au sein du GROS : « que voulons-nous devenir et que sommes-nous en train de devenir ? »

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