Vivre sans déchet

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Par Thomas Martin
lundi 24 octobre 2016
Vivre sans déchet
Intérieur de l’épicerie «zéro déchet» Méga-Vrac, située sur la rue Masson à Montréal. Crédit photo : Mathieu Gauvin.
Intérieur de l’épicerie «zéro déchet» Méga-Vrac, située sur la rue Masson à Montréal. Crédit photo : Mathieu Gauvin.
La tendance « zéro déchet » émerge depuis quelques années, au point de devenir un véritable art de vivre pour certains. Alors que la Semaine québécoise de réduction des déchets (SQRD) a lieu du 15 au 23 octobre, lumière sur un concept parfois méconnu des étudiants.

La coordonnatrice de la SQRD, Laure Mabileau, l’admet, le mode de vie zéro déchet peut être chronophage au début. « C’est long à mettre en place mais à long terme, la personne en ressort gagnante économiquement et elle mangera plus sainement », assure Mme Mabileau. Le « zéro déchet total » n’est d’ailleurs pas forcément le but selon elle. « Il faut simplement tendre vers cet objectif, et les étudiants ont la possibilité de le faire », croit-elle. Pour que les gains économiques soient réels, il faut modifier ses habitudes du tout au tout selon la coordonnatrice. « On peut faire soit-même beaucoup de choses, comme la crème pour le visage», illustre-t-elle.

Le copropriétaire de l’épicerie en vrac Frenco, Toby Lamontagne, explique que le concept du « zéro déchet » comprend le recyclage, la réutilisation des aliments non vendus dans des plats prêts-à-manger et le compost. « Le fait qu’il n’y ait pas d’emballage ni de distribution permet de sauter beaucoup d’étapes dans la chaîne de production », ajoute-t-il.

Changer les habitudes

Selon l’étudiante au certificat en rédaction professionnelle à l’UdeM Julie Gagné, qui tient un blogue sur le « zéro déchet », de simples gestes peuvent faire la différence. « Pour commencer, il faut investir dans certains objets réutilisables, comme des bouteilles, des tasses ou des filets pour les fruits et légumes, conseille-t-elle. Au moment de l’achat, ça peut sembler plus dispendieux, mais au bout du compte, on n’a plus besoin de toujours aller racheter ces articles, ce qui est un gain de temps pour étudier et un gain d’argent après quelque temps. » Par ailleurs, d’après Tony Lamontagne, les consommateurs peuvent acheter leurs produits selon la quantité exacte voulue, ce qui évite le gaspillage.

Le compost est aussi à la portée de tous, selon l’étudiant à la maîtrise en design urbain Xavier Santerre. « J’ai travaillé pour l’écoquartier du Sud-Ouest et je sais les traces que les déchets laissent sur l’environnement », indique-t-il. Après avoir visité un centre d’enfouissement, Xavier se rend compte qu’une bonne part des déchets ne s’y rendrait pas si les gens étaient mieux informés. Il a donc commencé à faire du compost. « Le nombre de choses compostables est énorme, du papier toilette aux épluchures de légumes, s’étonne Xavier. Il n’y a presque plus rien dans ma poubelle ! »

Les commerces suivent le mouvement

C’est également le chemin suivi par la nouvelle épicerie LOCO, située dans Villeray, fondée par quatre anciennes étudiantes en science de l’environnement de l’UQAM. « Les clients amènent leurs propres contenants, les pèsent et les remplissent à leur convenance », explique l’une des fondatrices Sophie Maccario. Sensibilisées depuis plusieurs années au gaspillage et au suremballage, les cofondatrices ont décidé de monter leur propre commerce dans lequel il est possible de faire une épicerie complète sans déchet. « On s’est rendu compte qu’on devait aller dans plusieurs magasins différents pour faire nos courses “zéro déchet” », raconte Sophie.

Julie Gagné estime qu’il faut toutefois comparer les prix. « Il y a certains produits qui valent vraiment la peine d’être achetés en vrac, d’autres non, indique-t-elle. Les pâtes en vrac, c’est cher, mais les légumineuses sont vraiment abordables. » [Voir encadré] La copropriétaire de Frenco, Sarah Legris, explique les coûts parfois plus élevés par l’ajout d’une marge pour assurer les accidents dans le magasin.

« Il arrive quotidiennement que des silots soient mal fermés par les clients et que la nourriture ne puisse être revendue », indique-t-elle. S’ils essaient aussi de se fournir directement auprès du fabricant, ce n’est pas toujours possible, notamment pour les pâtes. « Nous devons parfois passer par des distributeurs car il n’est pas toujours possible d’acheter des petits volumes aux fabricants », affirme Mme Legris.

L’UdeM prend le pas

L’Université compte s’associer avec la SQRD cette année. « Nous prévoyons une activité de sensibilisation sur la gestion des matières résiduelles [GMR] dans les résidences, ainsi que la mise en avant d’informations sur les réseaux sociaux », indique le coordonnateur au développement durable de l’UdeM, Stéphane Béranger. Selon lui, l’UdeM n’a pas de politique de réduction des déchets en tant que telle. « Cela ne nous empêche pas de développer des initiatives comme les électrobacs, compost, généralisation des emballages compostables […] », liste-t-il. M. Béranger explique travailler de concert avec les services alimentaires pour l’implantation de nouveaux îlots de tri près de Chez Valère et pour la disparition des poubelles de large volume.

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