Visite de l’ambassadeur de Chine : l’Université d’Ottawa sème la controverse

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Par Patrick MacIntyre
jeudi 1 décembre 2022
Visite de l’ambassadeur de Chine : l’Université d’Ottawa sème la controverse
L’Université d’Ottawa a semé la controverse le 28 novembre dernier en se pliant aux demandes de l’ambassadeur de la Chine au Canada, Cong Peiwu. De passage dans l’établissement pour donner une conférence, l’ambassadeur a demandé l’interdiction des caméras, ce que le personnel ottavien a accepté, selon ICI-Radio-Canada.

La porte-parole de l’Université d’Ottawa, Jesse Robichaud, a fait savoir que la tenue de l’évènement aurait été menacée si les caméras avaient été tolérées. Les stores de la salle où s’est tenue la conférence avaient aussi été baissés, pour empêcher que l’ambassadeur et les participant·e·s ne voient la manifestation en soutien aux Ouïghours, qui se déroulait à l’extérieur au même moment. 

Plusieurs politiciens ont partagé leur désaccord auprès d’ICI-Radio-Canada. Le premier ministre, Justin Trudeau, a affirmé que les médias devraient toujours avoir accès aux personnalités publiques au Canada et qu’interdire les caméras était une erreur. «On doit avoir la transparence, on doit appuyer la liberté des médias, a pour sa part soutenu le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh. C’est fondamental pour une société démocratique.» Les demandes de l’ambassadeur n’auraient pas dû mener à une censure de la presse, d’après le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez.

 

Un contexte déjà difficile

Cet incident survient dans un contexte de fortes tensions entre le Canada et la Chine. Les relations sont particulièrement houleuses depuis que les premiers détails de la nouvelle stratégie indopacifique ont commencé à devenir publics il y a quelques semaines. La stratégie, désormais dévoilée dans son ensemble, vise notamment à reconnaître la Chine comme une «puissance mondiale de plus en plus perturbatrice» et à ce que le Canada s’en distancie. 

La Chine doit également composer avec un soulèvement populaire, qui prend de l’ampleur à l’intérieur de ses frontières. La police chinoise tente en effet d’étouffer les manifestations contre l’approche zéro COVID-19 qui ont lieu depuis maintenant plusieurs jours au pays.

 

Réaction de l’Université d’Ottawa

L’Université d’Ottawa avait initialement évoqué une «situation regrettable» et avait promis d’être plus claire dans des contextes similaires à l’avenir. Le recteur de l’établissement s’est finalement excusé mercredi dans un message publié sur Twitter. «Au sujet du caméraman qui n’a pas pu faire son travail lors de la conférence de l’ambassadeur chinois, nous avons pris la mauvaise décision au dernier moment, a-t-il déclaré. Nous nous excusons auprès des médias concernés. Nous aurions dû faire mieux pour protéger la liberté de la presse.»