Campus

Plusieurs guichets automatiques sont situés sur le campus de la montagne.(Photo: Jèsybèle Cyr)

Viser le portefeuille étudiant

Le Mouvement Desjardins est venu à l’UdeM en septembre pour rencontrer les étudiants. Quelques jours auparavant, lors du Pub de la rentrée de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM), la banque Tangerine y tenait un kiosque. Ce ne sont pas les premières tentatives de la part de ces institutions pour cibler les étudiants. Depuis 2014, Desjardins a notamment mis en place son service 360d qui offre un accompagnement personnalisé aux étudiants. Quatre succursales ont été ouvertes à proximité de l’UdeM, de l’UQAM, de Concordia et de l’UQTR. « Les institutions financières essaient de recruter des étudiants principalement parce que la loi leur interdit de faire de la publicité auprès des mineurs, dévoile le professeur en publicité sociale à l’Université Laval Christian Desîlets. La clientèle universitaire des 18-24 ans est intéressante pour les banques puisqu’elle est habituellement de classe moyenne ou aspire à le devenir. »

Les services offerts aux étudiants par ces institutions peuvent prendre différentes formes. Certaines proposent aux étudiants de les aider à gérer leurs finances au quotidien, de les aider à planifier un voyage ou de les préparer au marché du travail; d’autres encore leur offrent des bourses ou des prêts. « Ce qui est intéressant chez les universitaires, c’est qu’on est capable de les profiler en fonction de leurs revenus futurs, rappelle M. Desîlets. Des étudiants en dentisterie ou en médecine, par exemple, peuvent souvent se faire proposer des marges de crédit mirobolantes en fonction de leurs futurs revenus. »

Informer les étudiants

L’étudiante au certificat de gérontologie Marie-Lyne Verreault-Pelletier a quant à elle utilisé différents services de plusieurs de ces groupes financiers. Elle avance que ces ententes facilitent son quotidien. « J’utilise la Banque Nationale, donc le fait qu’ils aient des guichets bancaires dans presque chaque pavillon de l’université est bien pratique pour moi », explique-t-elle.

La conseillère en relations avec les médias à HEC Montréal, Marie-Pierre Hamel, affirme que l’arrivée d’entreprises sur les campus constitue aussi un moyen pour elles d’entrer en relation avec de futurs diplômés. « En participant à d’autres activités au sein de l’École, telles que des compétitions, conférences et événements de réseautage, certaines entreprises favorisent le rayonnement de leur image d’employeur de choix auprès des étudiants tout en les faisant profiter de leur expertise », déclare-t-elle.

En prenant exemple sur HEC Montréal, la conseillère affirme que l’avantage est de permettre à des étudiants de se familiariser avec les différents types de professions et secteurs d’activités, ce qui ultimement les aide dans leur choix de carrière. Elle explique qu’il s’agit également d’un bon moyen pour les étudiants et les nouveaux diplômé de rencontrer des recruteurs et des gestionnaires. « Ils peuvent espérer se positionner pour être invités à participer au processus de recrutement des entreprises qui les intéressent », précise-t-elle.

Marie-Lyne rappelle que, bien souvent, les étudiants étrangers ne connaissent pas le système bancaire canadien ou même québécois. « Avoir différentes présentations de ces institutions pourrait s’avérer pratique pour eux, affirme-t-elle. Plusieurs banques offrent différents services que d’autres n’ont pas. »

Selon M. Desîlets les institutions financières usent de diverses tactiques pour rejoindre la clientèle étudiante, à défaut d’avoir l’accord des universités. « L’un des moyens pris par les entreprises pour contourner les difficultés d’accès aux campus est souvent de travailler auprès des associations étudiantes », révèle-t-il. D’autres méthodes, telles que la participation à des séances de formation, avec l’accord de certains professeurs, sont également privilégiés. De la même façon, sans entrer directement sur le campus, certaines institutions financières peuvent choisir d’annoncer leurs services aux stations de métro desservant les universités, ou à d’autres endroits fréquentés par les étudiants.

À la FAÉCUM, on indique que certaines conditions strictes sont requises de la part des entreprises voulant commanditer un événement, dont celle de ne pas vendre de produit ni de faire de sollicitation. « Les commanditaires doivent être préalablement autorisées par l’UdeM ainsi que se conformer aux règles établies, indique le secrétaire général de la fédération, Simon Forest. Finalement, la FAÉCUM se réserve le droit de refuser la présence de tout commanditaire qui entrerait en contradiction avec ses positions. » Leurs présences peuvent cependant servir à financer certaines activités offertent aux étudiants dans de tel cas.

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