Violences sexuelles dans les cégeps : les syndicats réclament davantage de sensibilisation et de prévention

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Par Romeo Mocafico
mardi 27 octobre 2020
Violences sexuelles dans les cégeps : les syndicats réclament davantage de sensibilisation et de prévention
Deux ans après l'adoption de la Loi 22.1, les violences sexuelles demeurent très présentes dans les établissements d'enseignement supérieurs. Crédit : blogocram via Flickr
Deux ans après l'adoption de la Loi 22.1, les violences sexuelles demeurent très présentes dans les établissements d'enseignement supérieurs. Crédit : blogocram via Flickr

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et ses partenaires du secteur collégial exigent des mesures afin d’endiguer les violences à caractère sexuel qui sévissent dans les cégeps.

« Deux ans après l’adoption de la Loi 22.1 visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d’enseignement supérieur, la culture du viol demeure encore trop présente dans nos cégeps et il est plus que temps qu’un message collectif fort soit envoyé à tous les acteurs du milieu pour qu’on y mette fin une fois pour toutes », a annoncé la CSQ le 26 octobre dans un communiqué.


En collaboration avec la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ), la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ) et la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ), la CSQ réagit à l’enquête menée par le Projet intercollégial d’étude sur le consentement, l’égalité et la sexualité (PIECES) sur les violences à caractère sexuel dans le collégial.

Une personne sur trois victime de violences sexuelles au cégep

D’après l’étude, parue le 22 octobre dernier, plus du tiers des 6 000 personnes interrogées affirment avoir été victimes de harcèlement sexuel, de coercition ou de comportements sexuels non désirés au cégep. Un sondage en ligne avait été diffusé en novembre 2019 dans cinq établissements : le Collège Montmorency (Laval), le Cégep de Sainte-Foy (Québec), le Cégep de Jonquière (Saguenay-Lac-Saint-Jean), le Collège Ahuntsic (Montréal) et le Cégep de l’Outaouais (Outaouais).

« Ça ne peut plus durer »

Pour la présidente de la CSQ, Sonia Ethier, ces données s’avèrent profondément troublantes. « Aucun groupe n’est épargné, déclare-t-elle. Depuis leur arrivée au cégep, 34,6 % des étudiantes et des étudiants ont vécu de telles situationsC’est également le cas de 48,3 % des enseignantes et des enseignants, et de 39,7 % des autres personnels. (…) C’est grave, et ça ne peut plus durer. »

La présidente de la FEC-CSQ, Lucie Piché, rappelle pour sa part que, depuis l’adoption de la loi 22.1, les cégeps ont l’obligation de se doter de politiques de prévention et de traitement des plaintes et des dévoilements. « La banalisation de la violence sexuelle semble malheureusement répandue dans nos cégeps et paraît nuire à l’efficacité des recours prévus, déplore-t-elle. C’est dire combien il demeure essentiel de former et de sensibiliser non seulement la jeunesse cégépienne, mais aussi le personnel lui-même. »

D’après l’enquête du PIECES, plus de la moitié des personnes ayant vécu une situation de harcèlement ou d’agression n’en ont jamais parlé. De plus, plus de 90 % des victimes n’ont pas rapporté les faits à leur cégep ou à une structure ressource de leur établissement.

« Avec les données issues de ce rapport, les cégeps doivent mettre en place des campagnes de sensibilisation et de prévention en tenant compte des différents groupes cibles conclut Mme Ethier. La balle est dans le camp des cégeps. Nous suivrons la situation de près. »