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Victor Pelletier occupe son temps entre les études et la campagne. Ici, il discute avec un citoyen à la station de métro Monk en compagnie de la députée de Laval-des-Rapides, Céline Haytayan. Photo

Victor Pelletier : candidat électoral et étudiant

Quartier Libre (Q.L.) : Vous étudiez encore au baccalauréat en communication et politique à l’université en ce moment, et vous vous lancez à pieds joints dans une campagne électorale. Pourquoi ?

Victor Pelletier (V.P.) : J’ai toujours été intéressé par l’idée de me présenter à une élection, parce que c’est une bonne façon de faire une différence dans sa communauté. J’ai la chance de travailler avec un député depuis maintenant cinq ans, donc je connais bien le rôle et je sais comment un député peut générer du changement. L’occasion est bonne, parce que Saint- Henri – Sainte-Anne est un beau comté, jeune, qui a un âge moyen de 38 ans. Je trouve que c’est une belle expérience pour moi, autant dans la circonscription que personnellement, avec l’expérience que ça m’apporte.

Q.L. : Vous trouviez que c’était un bon moment pour vous lancer ?

V.P. : Oui, je crois que c’est un bon moment. La motivation et l’expérience font en sorte que c’est une belle occasion. Même avec la campagne et les études, j’arrive à bien concilier tout ça, donc oui, je trouvais que c’était un moment approprié.

Q.L. : Si vous êtes élu, comptez-vous terminer tout de même vos études ?

V.P. : Je souhaite terminer mon baccalauréat pendant le mandat. Il me reste encore cinq cours à suivre. Je pense que c’est faisable, mais ma priorité doit rester d’être député à temps plein.

Q.L. : Plusieurs électeurs ont l’impression que la CAQ est un parti déconnecté des jeunes. Que pensez-vous qu’elle puisse offrir à votre génération ?

V.P. : Il y a quand même de gros projets dans le mandat qui vient de commencer, qui peuvent attirer l’adhésion des jeunes. Pas seulement envers la CAQ, mais aussi envers la politique. Par exemple, l’idée de carboneutralité en 2050, ça nous concerne, nous, les jeunes. Il y a aussi l’objectif de favoriser la mobilité durable et l’électrification des transports. Je crois que c’est avec des projets comme ça qu’on intéresse les jeunes, et on les invite à s’impliquer. Il y a aussi les projets de valorisation et de protection de la langue française dans l’enseignement, c’est notre avenir.

J’ai le privilège d’être le président de l’aile jeunesse du parti, et on a la chance d’être écouté par le gouvernement, notamment sur des dossiers comme la carboneutralité ou la santé mentale. Il y a une écoute des jeunes de la part du parti. C’est sûr que les attirer est un travail que la CAQ doit faire, mais je pense qu’on va dans le bon sens, je le sens sur le terrain. Il ne faut pas oublier qu’inciter les jeunes à s’impliquer en politique est un travail global. Évidemment, il y en a qui s’intéressent davantage à Québec Solidaire ou à d’autres partis, mais c’est normal aussi. L’important reste de susciter leur adhésion envers la politique.

Q.L. : En quoi votre statut d’étudiant change-t-il votre vision des choses en tant que candidat ?

V.P. : J’étudie dans le domaine dans lequel je travaille et je m’implique. Je suis en communication et politique, ce qui me permet d’avoir une bonne connaissance du rôle que joue une bonne communication avec les médias et les citoyens lors d’une campagne électorale. Oui, je pense que ça me guide beaucoup.

Victor Pelletier se dit attiré par la vision du gouvernement Legault, notamment la saine gestion des finances publiques, et l’importance de la fierté nationale des Québécois·e·s. Photo | Juliette Diallo

 

Q.L. : Est-ce que ça détermine de manière différente vos positions en tant que candidat ?

V.P. : Je pense que oui. J’étudie dans une université qui est proche de Saint-Henri – Sainte-Anne, et il y a des enjeux à l’UdeM qui concernent Montréal en particulier. Je travaille avec Mario Laframboise, le député de la circonscription de Blainville [NDLR : dans les Basses-Laurentides, sur la rive nord de Montréal], mais étudier à l’Université me donne la chance d’avoir des échanges sur les enjeux propres à Montréal. Dans ce sens-là, je dirais donc que oui.

Q.L. : Il n’y a pas d’investiture à la CAQ, c’est donc le parti qui vous a choisi pour être candidat. Pourquoi pensez-vous qu’ils ont choisi quelqu’un avec votre profil ?

V.P. : Je m’implique depuis longtemps au sein du parti, donc je crois qu’on a confiance en moi pour bien le représenter. Je pense aussi que le fait que la circonscription soit jeune fait en sorte qu’avoir un jeune impliqué comme candidat est intéressant. Personnellement, sachant qu’il allait y avoir une élection partielle à venir en raison de la démission de madame Anglade, j’avais aussi mentionné mon intérêt.

Q.L. : La CAQ a tardé à reconnaitre le fait qu’il y a une crise du logement à Montréal. C’est un enjeu qui touche les étudiants et les étudiantes. Pensez-vous qu’il y a effectivement une crise et, si oui, comment comptez-vous vous y attaquer ?

V.P. : D’abord, oui, il y a une crise du logement, même la ministre [NDLR : des Affaires municipales, Andrée Laforest, qui était également ministre de l’Habitation jusqu’en octobre 2022] l’a affirmé. Elle est visible, surtout sur l’île de Montréal. Maintenant, on a un ministère de l’Habitation, alors qu’avant, il était joint au ministère des Affaires municipales. On doit accroître l’offre pour avoir plus de logements sociaux et abordables. Au cours du dernier mandat, 7 000 logements sociaux ont été créés. Maintenant, il y en a 6 000 de promis pour le prochain, selon le plan d’action du gouverne- ment. Bref, il faut accroître l’offre.

Q.L. : Votre apparence physique a fait parler pendant la campagne, notamment avec beaucoup de commentaires sur les médias sociaux à propos de votre taille. Qu’en pensez-vous ?

V.P. : C’est navrant qu’on en soit rendu là, que le physique des gens soit le centre de l’attention. J’ai vécu des commentaires sur ma taille toute ma vie. Évidemment, c’est puissance dix sur les médias sociaux quand tu es une figure publique, et ça fait de toi une cible facile. Ce que je trouve encourageant, c’est qu’en dénonçant la situation, il y a eu une réaction positive de la classe politique, qui l’a elle aussi dénoncée. Je pense que pour le bien de tous, c’est important qu’on se rapporte aux enjeux politiques et qu’on parle moins du physique des gens.

Il y a également eu la question du veston qu’on connait tous maintenant [NDLR : Victor Pelletier a été sujet à des moqueries pour le port d’un veston trop grand sur une photo avec François Legault]. Il y a eu une chaîne de réactions qui a amené des gens à faire des commentaires gratuits. J’ai l’impression que ça a fait dévier la situation et le débat. Il faut revenir aux enjeux.

Q.L. : Finalement, en 2022, la CAQ a obtenu 17,7 % des suffrages dans le comté. Est-ce que le parti peut remporter l’élection en 2023 ?

V.P. : Oui, je pense que c’est possible, surtout dans le contexte de l’élection partielle, où il y a énormément d’attention médiatique. Je me souviens que dans Louis-Hébert, encore quelques semaines avant l’élection, personne ne pensait que la CAQ pourrait l’emporter, et c’est finalement Geneviève Guilbault qui a été élue.

QUELQUES DATES CLÉS POUR VICTOR PELLETIER

2001 – Naissance à Saint-Eustache 2016 – Commence son implication au sein de la CAQ

2018 – Devient attaché politique pour le député de Blainville

2021 – Entame ses études au programme de baccalauréat en communication et politique à l’UdeM

2022 – Obtient le poste de président de la Commission Relève de la CAQ

2023 – Se porte candidat à l’élection partielle de Saint-Henri–Sainte-Anne

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