Volume 22

La chargée de cours en sociologie Aude Jimenez a vu la taille de ses groupes tripler en 10 ans d’enseignement.
Crédit photo : Isabelle Bergeron

Vers une nouvelle convention collective

«On n’a pas le choix d’être réalistes , soutient le vice-président à la convention collective du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UdeM (SCCCUM), Stéphane Fauteux. La réalité nous commande de préparer un cahier des charges en tenant compte de la situation. » En 2013, environ 13 000 chargés de cours étaient en emploi à contrat dans les universités québécoises. Avec les coupes budgétaires annoncées, les effectifs seront réduits dès janvier.

À l’UdeM, la Faculté des arts et des sciences prévoit mettre de côté 50 chargés de cours pour la session d’hiver.« Ce qui est difficile dans ma situation, c’est la précarité, déplore la chargée de cours au Département de sociologie de l’UdeM Aude Jimenez. C’est de ne pas savoir si je vais travailler à la prochaine session. »

Les conditions de travail seront donc au cœur des négociations, en dépit de pouvoir s’attarder à la question des salaires. « Quand j’ai commencé il y a 10 ans, j’avais 25 étudiants, constate Mme Jimenez. Aujourd’hui, j’en ai 78. » Une situation bien connue par les chargés de cours de l’UdeM qui ont fait la grève pendant huit semaines en 2010 afin d’alléger le ratio étudiants-enseignants.

« La question de la taille des groupes est toujours d’actualité, soutient Stéphane Fauteux. Ça va être encore plus vrai avec l’annonce des coupes budgétaires puisqu’il faut s’attendre à ce que la taille de certains groupes augmente. »

La formation à distance, qui est de plus en plus présente à l’UdeM, constituera aussi un point important dans les prochaines négociations. « La transition vers la formation en ligne doit inclure l’enseignant », affirme M. Fauteux. Alors que rien n’encadre ce nouveau type de formation dans la convention collective, le SCCCUM compte discuter avec la direction de l’intégration de cette nouvelle responsabilité à l’horaire des enseignants. « Cela transforme les pratiques et demande une charge de travail supplémentaire à l’enseignant pour qu’il s’adapte à l’interface web », juge-t-il.

Un copier-coller de Sherbrooke ?

À l’Université de Sherbrooke, où les négociations durent depuis bientôt neuf mois, la question salariale est éclipsée par une volonté d’implication dans le processus décisionnel de l’Université, surtout en ces temps de coupes budgétaires.« À la différence de plusieurs négociations syndicales habituelles, l’enjeu de la présente convention porte plutôt sur lareconnaissance et la protection de la profession, précise le vice-président des affaires intersyndicalesdu SCCCUS, René Paquin. Les chargés de cours ne veulent plus être considérés comme des professeurs de seconde catégorie. »

La demande principale du Syndicat est de se faire représenter dans toutes les instances décisionnelles de l’Université qui touchent à l’enseignement. Pour l’instant, toutefois, le Syndicat se bute à un refus de son employeur, selon René Paquin. La situation dure depuis le 13 décembre 2013 alors que 24 réunions n’ont toujours pas suffi à trouver un terrain d’entente. Une conciliatrice a finalement été mandatée par le ministère du Travail, afin de dénouer ce conflit.

Même si l’UdeM se refuse à tout commentaire pour l’instant, on peut envisager des négociations complexes ici également. Prévoyant le coup, le Syndicat a déjà entamé des discussions avec l’Université, plus de huit mois avant l’échéance de sa convention collective.

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