«Notre objectif avec les programmes tels que Campus équitable est de sensibiliser et d’éduquer le public et les leaders de demain sur des enjeux sociaux comme la ré alité des agriculteurs et des travailleurs qui font pousser nos aliments de tous les jours », affirme la coordonnatrice des relations communautaires de Fairtrade Canada, Mélissa Dubé. En consommant des produits issus de la filière équitable, l’acheteur valorise les producteurs les plus désavantagés en leur assurant une rémunération juste.
« Les étudiants sont de bons militants, des citoyens qui se questionnent et remettent en question l’ordre établi, donc c’est bien de leur offrir au moins une offre de consommation différente », affirme le coprésident de l’Association québécoise du commerce équitable, Éric St-Pierre. Beaucoup d’étudiants qui désirent mieux consommer adhèrent aux principes des produits équitables.
« Je m’engage pour des raisons de justice sociale, peut-être aussi naïvement pour faire du mieux que je peux afin de changer le monde grâce au développement réellement durable », affirme l’étudiante au baccalauréat en génie géologique et responsable du groupe ULaval : Campus équitable, Mélina Langevin.
Au Canada, neuf campus ont déjà obtenu la désignation, dont un seul au Québec, celui de l’Université McGill. « Concrètement, nous avons un objectif ambitieux d’avoir 50 campus équitables canadiens d’ici la fin de 2016 », estime Mélissa Dubé. Les universités ont une histoire riche en leadership en matière de développement d’idées nouvelles et de soutien envers l’innovation sociale. Elles sont également d’importantes agentes pour la promotion du changement au sein de leurs communautés et sur le marché ». Obtenir cette désignation permet à l’institution, selon Mme Dubé, de montrer et de valoriser ses engagements sociaux, économiques et environnementaux.
L’UdeM équitable ?
Pour obtenir la désignation, l’Université doit remplir plusieurs critères évalués et vérifiés par Fairtrade Canada qui prend la décision finale. Tout d’abord, la totalité des services alimentaires du campus, à l’exception des franchises indépendantes, doit s’engager à proposer un minimum de produits respectant les standards équitables : 100 % des cafés servis, au moins trois choix de thé et un de chocolat provenant du commerce équitable.
C’est déjà le cas dans certains cafés étudiants. « Au Café Anthropologie, le café servi est équitable, nous avons aussi du thé et du chocolat équitable », commente l’étudiant à la maîtrise en relations industrielles et cogérant bénévole du Café Anthropologie, Nicolas Turcotte-Légaré.
Outre l’offre de produits, l’UdeM devra aussi s’engager à promouvoir ce mouvement et à sensibiliser les étudiants grâce à des affiches ou diverses campagnes de communication. Cet objectif de visibilité doit permettre de changer les mentalités ainsi que les comportements des consommateurs. Pour finir, la désignation impose la création d’un comité, composé notamment d’un représentant de l’université et d’un représentant étudiant. Ces membres devront s’assurer de la variété des produits équitables offerts sur le campus, en plus d’estimer annuellement les progrès réalisés afin de fixer de nouveaux objectifs.
Juste et au même prix
Selon le coordonnateur au développement durable de l’UdeM, Stéphane Béranger, l’UdeM est déjà en mesure d’obtenir la désignation. «Nous ne l’avons pas demandée avant, car nous avons beaucoup travaillé sur les produits durables et le compost par exemple, précise-t-il. Mais à l’Université, les services alimentaires vendent déjà des produits équitables, donc nous pourrions être certifiés campus équitable avant la fin de la session d’hiver 2015. Par la suite, j’aimerais encourager mes collègues à obtenir une certification à Polytechnique Montréal et à HEC. » En faisant les démarches nécessaires, l’UdeM pourrait donc devenir le premier campus francophone du Québec à montrer son engagement envers la consommation responsable.
« Les cafés étudiants proposent des produits équitables parce qu’ils ne sont pas là pour faire du profit alors que les services alimentaires de l’UdeM le sont davantage, croit Nicolas Turcotte-Légaré. La désignation serait bien, surtout pour eux, comme ça ils seraient encadrés et ils proposeraient des produits équitables au lieu de faire du profit. » Le campus de l’UdeM, regroupant plus de 64 000 étudiants, représente un grand pouvoir d’achat qui permet aux produits certifiés équitables d’être largement distribués.
Le processus de désignation n’engendrerait aucun coût pour l’UdeM. Malgré les préjugés, les produits équitables ne seraient pas forcément plus dispendieux, notamment pour le café. « Aujourd’hui, les tarifs sont sensiblement les mêmes entre un café équitable et un qui ne l’est pas, affirme M. St-Pierre. À McGill par exemple, pour le café, aucun prix n’a été modifié une fois la désignation obtenue ». Une autre bonne raison pour les étudiants de consommer équitable.