«L’UdeM travaille actuellement à établir les assises d’une politique en matière d’investissement responsable », assure le porte-parole de l’UdeM, Benjamin Augereau. Contrairement à un investissement classique, les Principes pour l’investissement responsable consistent à intégrer dans leur stratégie des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance d’entreprise. Ces principes ont été établis par un groupe international d’investisseurs institutionnels à la suite d’un processus lancé par l’ancien secrétaire général des Nations Unies, Kofi A. Annan.
L’Université Concordia est actuellement la seule au Québec à investir 5 % des 100 millions de dollars de son fonds de dotation dans le développement durable. Une initiative née grâce à la démarche d’un groupe d’étudiants qui a fait pression pour que la totalité des dons perçus soit investie dans des fonds éthiques et de développement durable. La stratégie adoptée exclut les secteurs du tabac, des armes à feu et des combustibles fossiles. « Ce sont les étudiants qui doivent insister auprès de l’Université pour l’inciter à se tourner vers l’investissement responsable », estime la spécialiste en investissement responsable, rédactrice en chef chez Ethiquette.ca et associée au cabinet de conseil en développement durable Ellio, Brenda Plant.
Du côté de la FAÉCUM, le secrétaire général, Nicolas Lavallée indique que la Fédération n’a pas, pour le moment, de position précise quant aux investissements des fonds de dotation de l’UdeM.
Une stratégie payante ?
La spécialiste affirme que les stratégies d’investissement responsable séduisent de plus en plus d’entreprises, car elles permettent d’identifier de nouvelles opportunités en atteignant des objectifs à la fois sociaux et financiers. « Ce qui motive les investisseurs institutionnels dans l’investissement responsable est la gestion de risques », explique-t-elle.
Pour Mme Plant, les liens entre les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance avec le rendement financier sont de plus en plus reconnus. « Il est intéressant de remarquer que les entités qui ont développé une approche globale de développement durable, au lieu de quelques actions ad hoc, bénéficient d’une performance plus importante », souligne-t-elle. Mme Plant explique que quatre choix stratégiques doivent être effectués pour faire de l’investissement responsable : l’exclusion, le meilleur du secteur (best-in-class), l’engagement des actionnaires et la stratégie à impact social (voir encadré).
« Comme institution, il faut que nous ayons des placements responsables qui soient aussi profitables, estime le recteur de l’UdeM, Guy Breton. Je pense que c’est possible. » Par ailleurs, le Comité de gestion du fonds de dotation est sensibilisé à la question, selon M. Augereau. Toutefois, si la notion d’investissement responsable est en discussion, aucun calendrier n’a encore été fixé pour son application. Aujourd’hui, seul le régime de retraite de l’UdeM est signataire, depuis 2013, des Principes pour l’investissement responsable de l’ONU.
Générer un rendement futur
L’UdeM dispose de plus de 600 fonds permettant d’appuyer les activités d’enseignement et de recherche. Son actif est passé de 106,6 M$ en 2005 à 299,9 M$ en 2015*. Ce fonds est géré par un Comité de gestion composé de quatre membres externes et d’un membre interne. « Le don remis à l’UdeM est placé pour rapporter des intérêts et ce sont seulement ces intérêts qui sont mis à la disposition des bénéficiaires, explique le porte-parole de l’UdeM. Le montant investi n’est jamais touché. » Il précise que l’objectif de la politique actuelle de placement du Fonds de dotation est avant tout de préserver, à long terme, le pouvoir d’achat des dons et ainsi de générer un rendement suffisant.
* Selon le rapport annuel 2014-2015 du Comité de gestion du fonds de dotation de l’UdeM