Campus

Une première formation de sensibilisation aux enjeux autochtones à l’UdeM

À l’image de la formation obligatoire donnée aux membres de la communauté universitaire sur les violences à caractère sexuel, l’UdeM souhaite offrir un équivalent pour les enjeux autochtones.

L’UdeM élabore actuellement une formation afin de sensibiliser les étudiants et les professeurs. « Contrairement à celle contre les violences sexuelles, qui durait 45 minutes, on parle vraiment d’un bloc de formation plus important en termes de contenu, et d’une durée d’environ 15 h », explique la conseillère spéciale et secrétaire générale associée à l’équité, à la diversité, à l’inclusion et aux relations avec les Premiers Peuples, Marie-Claude Rigaud.

Un processus de co-création avec la communauté autochtone

Cette initiative prend place dans le cadre du plan d’action adopté par l’UdeM en novembre dernier, qui vise à enchâsser les valeurs d’équité, de diversité et d’inclusion ainsi que les relations avec les Premiers Peuples dans les activités universitaires.

En janvier dernier, le recteur de l’UdeM, Daniel Jutras, s’est entretenu avec des étudiants autochtones. « Il y a une volonté de nous entendre », se réjouit l’étudiante inuite en gestion philanthropique à l’UdeM Daphne-Anne Olepika Takpanie Kiguktak également animatrice culturelle au centre étudiant des Premiers Peuples (CEPP), satisfaite de la rencontre.

Un comité de conseil de Premiers Peuples, qui rassemble des diplômés autochtones et des membres du personnel, a également vu le jour dans le cadre du plan de l’UdeM. « On s’engage à les rencontrer trois fois par année, insiste Mme Rigaud, responsable de la mise en œuvre des plans d’action. C’est un processus de co-création et de consultation auprès des personnes autochtones. » L’Université met actuellement en œuvre une politique de recrutement de personnes autochtones, tant au sein de son administration et de ses employés que dans la communauté étudiante, selon la conseillère.

Une formation pour sensibiliser

Daphne-Anne se souvient de sa première session à l’Université. Dans l’un de ses cours, un professeur a présenté un documentaire sur la réalité des Premières Nations dans les pensionnats. Elle aurait aimé être avertie de cette diffusion. « En sachant qu’on est des autochtones et peut-être des enfants de personnes qui ont été dans des pensionnats, avec des traumatismes intergénérationnels, le professeur aurait pu nous faire un avertissement, confie l’étudiante. Je ne serais sûrement pas restée pour la diffusion, parce que c’est trop sensible pour moi. »

Daphne-Anne estime que le corps professoral n’est pas encore suffisamment formé et sensibilisé aux réalités autochtones. « J’ai l’impression que certains de mes profs comprennent que, parce que je suis autochtone, il y a des choses qui peuvent être différentes pour moi, mais tout le monde n’a pas la même ouverture », regrette-t-elle.

Créer un sentiment d’appartenance

Pour certaines personnes de la communauté autochtone, l’université peut être un univers au sein duquel il est difficile de s’identifier, ce qui est le cas de Daphne-Anne. « Pour moi, aller à l’université, c’était quelque chose de big, témoigne-t-elle. Dans la représentation de l’université que je me faisais à travers les films, il n’y avait pas de place pour quelqu’un comme moi. »

La création d’un salon réservé aux étudiants autochtones a aidé Daphne-Anne à développer un sentiment d’appartenance. « Je me suis sentie soutenue en tant qu’autochtone, je me sens dans une bulle familiale avec les autres étudiants autochtones, c’était un tout nouveau monde pour moi, révèle-t-elle. Je me sens bien à l’Université, mais mon expérience n’aurait pas été la même si le Centre étudiant des Premiers Peuples (CEPP) n’existait pas. »

D’après la conseillère principale aux relations avec les autochtones de l’UdeM, Caroline Gélinas, la communauté étudiante s’investit également au-delà des plans d’action. « On le ressent et le voit dans les initiatives, au niveau des facultés, des services étudiants, des activités comme le prix de la valorisation autochtone, affirme-t-elle. Ce n’est pas dans les plans d’action, mais c’est un très grand projet mis en avant par l’Université. »

Une formation obligatoire ?

La question de rendre obligatoire la formation sera soumise à un groupe de travail sur le racisme. Selon Mme Rigaud, si celle-ci demeure facultative, un effort sera déployé pour que sa diffusion soit la plus large possible. « Cette formation est une priorité, et même un besoin de la part de la communauté universitaire, qui demande à être informée, sensibilisée et formée pour mieux comprendre », insiste-t-elle. Les premières formations seront proposées d’ici la fin de l’année 2021.

En raison de la pandémie, aucun événement n’a eu lieu pour célébrer le lancement de ces initiatives, mais des capsules vidéo ont été publiées pour annoncer et expliquer en quoi consistent ces plans d’action.

Partager cet article