Une plateforme étudiante pour briser la solitude des patients

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Par Edouard Ampuy
vendredi 11 septembre 2020
Une plateforme étudiante pour briser la solitude des patients
Bien que le projet soit étudiant, il n'est lié à aucune université. Crédit: Projet UNI.D
Bien que le projet soit étudiant, il n'est lié à aucune université. Crédit: Projet UNI.D
La plateforme UNI.D constitue une réponse étudiante aux problèmes d’isolement et de solitude que rencontrent les résidents et les patients des établissements du réseau de la santé et des services sociaux. Cette initiative permet aux étudiants québécois en santé de faire du bénévolat et d’acquérir de l’expérience sur le terrain.

Lancée en juillet dernier par une équipe de cinq étudiants (voir encadré), la plateforme UNI.D est un service de pairage en ligne qui simplifie la prise de contact entre les étudiants en santé et des établissements tels que des CHSLD ou des résidences pour personnes âgées. « On facilite le processus bureaucratique qui permet d’envoyer des gens dans les milieux de la santé », explique le membre de l’équipe d’UNI.D Tristan Bonnot-Parent.

Après avoir créé un profil sur la plateforme, les participants choisissent un établissement, remplissent les formulaires requis et indiquent leurs disponibilités. « Si un étudiant est libre le mardi de 17 h à 21 h, l’établissement reçoit une notification, détaille Tristan. Il décide ensuite de l’approuver ou non selon ses besoins. L’intérêt, c’est que l’étudiant reste maître de son horaire et ça n’implique pas un engagement récurrent. »

L’implication étudiante est bénévole, tout comme celle de l’équipe à l’origine du projet.

De la théorie à la pratique

Quelques jours après le lancement de la plateforme, l’étudiante en 3e année de psychologie à l’UdeM Juliette Monnier a effectué sa première journée de bénévolat. « À cause de la COVID-19, je me suis retrouvée sans emploi d’été, précise-t-elle. Je cherchais quelque chose à faire, j’avais envoyé ma candidature sur le site du gouvernement Je contribue ! mais je n’ai jamais eu de retour. »

Juliette explique que la théorie est omniprésente dans son programme, ce qui la pousse à chercher des occasions de mettre en pratique ses apprentissages. Grâce à UNI.D, elle a pu le faire trois jours par semaine, à la résidence pour personnes âgées de Montréal Héritage Plateau. « J’accompagnais les résidents pendant les activités, j’allais les voir dans leur chambre, je leur parlais et j’apprenais à les connaître, spécifie l’étudiante. Ce sont des gens qui n’ont eu aucune visite pendant plusieurs mois. » Les tâches dépendent des établissements, mais elles reposent généralement sur l’empathie et l’interaction avec les patients.

L’étudiante a été conquise par cette initiative et son fonctionnement. « Quand tu étudies en psychologie, la dose de travail peut devenir intense, donc, pouvoir faire ça en fonction de tes impératifs, c’est vraiment bien », se réjouit-elle.

Une expérience professionnelle et personnelle

Juliette a profité de son passage à la résidence pour observer le quotidien des professionnels de santé. Elle décrit son implication comme une première exploration du milieu dans lequel elle évoluera sûrement plus tard. « Tu es en première ligne, donc c’est une belle opportunité, ajoute-t-elle. C’était vraiment pertinent pour la suite de ma carrière. »

Cette action est aussi une expérience de vie qui remet les choses en perspectives. « Tu sens que ta contribution affecte positivement les résidents, poursuit-elle. J’ai aidé une dame à créer un compte Google, pour moi ce n’était rien, mais elle était vraiment contente. »

Grâce à cette plateforme, l’équipe d’UNI.D souhaite proposer un premier contact entre les futurs professionnels de la santé et les patients. « On pense que ça peut contribuer à humaniser la pratique », affirme Tristan.

Recruter plus d’étudiants

Actuellement, UNI.D compte 42 établissements participants pour environ 80 étudiants inscrits. « Pour l’instant, on n’a pas assez d’étudiants, souligne Tristan. Là, avec la rentrée, on veut aller convaincre les étudiants de faire du bénévolat quelques heures par semaine pour aider dans ces milieux. »

La plateforme est ouverte à tous les étudiants en santé qui souhaitent donner de leur temps.

 

ENCADRÉ :

En juin dernier, deux étudiantes en ergothérapie à l’UdeM, Justine Labourot et Léanne Brabant, commencent à développer le projet. Après un stage humanitaire dans les milieux des soins et de la relation d’aide au Québec, elles observent la charge de travail du personnel. Les soins sont donnés, mais les employés manquent de temps pour être présents auprès des patients.

Les deux jeunes femmes regroupent une équipe étudiante pluridisciplinaire composée de :

  • Tristan Bonnot-Parent, étudiant en communication à l’UQAM
  • Jean-Christophe Veilleux, étudiant en génie à Polytechnique
  • Noémie Renaud, étudiante en communication à l’Université de Sherbrooke

Le projet n’est lié à aucune université.