Aujourd’hui, Véronique Leduc doit évaluer les présentations orales de ses étudiants. Bien qu’elle entende partiellement les sons et qu’elle soit capable de lire sur les lèvres, Geneviève Bujold est là pour interpréter en langue des signes québécoise (LSQ) afin qu’elle ne manque aucun mot. Ce service, la jeune professeure l’a négocié lors de son embauche. Auparavant, elle n’y avait pas accès alors qu’elle était chargée de cours dans d’autres universités, dont l’UdeM. Ce manque de moyens ne lui a pas permis d’enseigner dans les meilleures conditions, soutient-elle. Cela a eu des répercussions sur les évaluations de son cours par les étudiants. « La situation des chargés de cours est précaire partout », relativise la professeure.
Dans ses tâches pour le trimestre, Mme Leduc a ajouté l’amélioration de l’accessibilité au travail. « Il y a des programmes d’accessibilité à l’emploi, mais il n’y a pas de programme pour l’intégration au travail, regrette-t-elle. Il y a comme un plafond de verre. » L’embauche de l’interprète à temps plein se fait aux frais du gouvernement provincial et de l’UQAM. Ensemble, ces deux entités forment un tandem qui permet à la professeure et à ses étudiants de communiquer sans ambiguïté.
Pendant son parcours primaire et secondaire, Mme Leduc n’a pas appris la LSQ. Ce n’est que durant ses études postsecondaires qu’elle en a vu l’utilité et qu’elle s’est ouverte à la culture sourde. « Le meilleur compliment qu’on pouvait me faire, c’était que mon handicap ne paraissait pas, raconte-t-elle. Aujourd’hui, j’assume mon identité sourde. » Depuis le temps, la professeure a pris connaissance de l’existence de toute une communauté, de ses défis et de ses revendications.