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De son côté, l'Université ne prévoit pas de remboursement des frais de scolarité, selon Geneviève O’Meara, porte-parole de l’UdeM. Crédit : Pierre5018 via Wikimedia Commons.

Une pétition pour le remboursement des frais de scolarité

Des étudiants de l’UdeM demandent un remboursement partiel des frais de scolarité de la session d’automne 2020. Ils considèrent avoir payé pour un enseignement qui n’était pas de « qualité » et demandent la création d’un comité qui assurerait la standardisation des méthodes d’évaluation pour l’ensemble des départements, en période de pandémie.

Après avoir ressenti de la colère et de l’impuissance face au fonctionnement de l’enseignement à distance, l’étudiant au baccalauréat en neuroscience cognitive Hamza Zarglayoun a décidé de lancer un cri du cœur sur la page Facebook UdeM 2020-2021, le 19 novembre dernier. Cette publication s’est rapidement transformée en pétition revendiquant le remboursement partiel des frais de scolarité pour la session d’automne 2020.

Publiée le 24 novembre dernier, elle a, à ce jour, été signée par près de 800 personnes.

Ras le bol collectif

Les plaignants considèrent qu’ils ont payé des frais pour un enseignement qui n’était pas optimal et dont la qualité variait d’un professeur à un autre.

« Isolement », « frustration » et « anxiété » sont les premiers mots qui viennent à l’esprit d’Hamza pour décrire sa session. « Tout ce qu’on a vu, ce sont des professeurs qui se sont fait dire de faire plus de travaux à développement, mais sans qu’il y ait nécessairement des grilles de correction ou d’évaluation, témoigne-t-il. Donc, ce sont vraiment des évaluations subjectives de leurs auxiliaires, qui sont d’ailleurs débordés. » Les étudiants signataires souhaitent qu’un comité soit créé, dans le but d’assurer la standardisation des méthodes d’évaluation pour tout le corps professoral dans le contexte de la pandémie.

La pétition exige également que la facture soit révisée et décortiquée, car les étudiants auraient payé pour des services qu’ils n’auraient pas pu utiliser comme prévu cette session, parmi lesquels la garderie de l’UdeM ainsi que l’accès au CEPSUM.

Absence de dialogue avec l’administration

Hamza se dit frustré du manque d’écoute de l’administration de l’Université. « Il y a une “facture humaine” dans tout ça, qui ne sera jamais remboursée »,déplore-t-il, en faisant référence aux dommages psychologiques chez les étudiants.

L’objectif principal des signataires de cette pétition est d’ouvrir le dialogue avec l’administration, car pour certains, celui-ci semble unilatéral. « On a l’impression de parler à un mur », affirme Hamza, qui partage ses tentatives de communication avec l’UdeM. Selon lui, l’administration n’a pas su soutenir les étudiants au cours du trimestre au-delà de ses courriels d’encouragement. L’étudiante à la maîtrise en orthopédagogie Alexia Leblanc partage son avis et estime que l’Université n’a pas apporté assez de soutien psychologique aux étudiants.

Hamza aurait souhaité, par exemple, que le recteur et son administration fassent des vidéos en direct sur Facebook, au cours desquelles les étudiants auraient eu la chance de poser des questions grâce au clavardage. Malheureusement, selon lui, aucune initiative du genre n’a été prise par l’Université pour la session.

De son côté, l’UdeM campe sur sa position. « Actuellement, il n’y a pas de projet de remboursement, soutient la porte-parole de l’Université, Geneviève O’Meara, à Quartier LibreL’engagement qu’on prend auprès de nos étudiants, c’est d’offrir une formation de qualité, et on est d’avis que des efforts considérables ont été mis de l’avant pour ce soit le cas cet automne, et éventuellement cet hiver. Les efforts sont autant du point de vue financier que de celui des ressources humaines, dans le sens où les professeurs et les chargés de cours enseignent dans des circonstances exceptionnelles. »      

Une pétition qui divise

Pour Alexia, les étudiants savaient à quoi s’attendre en contexte de pandémie et ils devraient donc être indulgents envers les enseignants. À ses yeux, ces derniers font de leur mieux et doivent composer avec des réalités difficiles. « J’étudie en enseignement, je sais ce que ça veut dire de travailler sans avoir beaucoup de ressources, précise-t-elle. Ce n’est pas la même motivation, c’est plus difficile et ce n’est pas la même expérience. » Loin de se considérer comme exempte de problèmes, l’étudiante reconnaît avoir connu une baisse de motivation. Elle trouve toutefois inconcevable que l’Université doive rembourser une partie des frais.

L’étudiant au baccalauréat en études internationales Iliass Lamaaangar partage le même avis. Il estime que le blâme ne devrait pas revenir à l’Université, mais bien au ministère de l’Enseignement supérieur et au gouvernement Legault. « L’éducation, c’est un investissement, ce n’est pas un système coûts-bénéfices, souligne-t-il. Ce n’est pas le rôle de l’Université de s’occuper des problèmes financiers des étudiants, c’est celui du gouvernement, qui aurait dû leur offrir plus d’aides pour qu’ils puissent payer les frais de scolarité universitaires. » Il juge que malgré les problèmes techniques de la plateforme Studium et les imprévus de la session, l’UdeM a su gérer son trimestre beaucoup mieux que d’autres universités. 

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