Une nouvelle étude sur les effets du tabac pendant la grossesse

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Par Anaïs Amoros
mercredi 14 avril 2021
Une nouvelle étude sur les effets du tabac pendant la grossesse
Débutée en 1998, cette étude compte 1661 mères et 1661 enfants, suivis durant 20 ans. Crédit : Julia Engel via Unsplash.
Débutée en 1998, cette étude compte 1661 mères et 1661 enfants, suivis durant 20 ans. Crédit : Julia Engel via Unsplash.

Parue le 2 mars dernier dans la revue scientifique Preventive Medicine, une étude présentée par le docteur Chadi, professeur adjoint de clinique au Département de pédiatrie de l’UdeM, fait état de l’usage du tabac pendant la grossesse et de ses effets à long terme sur l’enfant à naître. Cette étude vise à prévenir les risques du tabagisme non seulement au moment de la grossesse, mais aussi avant cette période et après la naissance de l’enfant.

Quartier Libre (Q. L.): Qu’est-ce que votre étude apporte de nouveau sur ce que l’on sait déjà des méfaits de la cigarette ?

Nicholas Chadi (N. C.) : Il n’y a pas eu beaucoup d’études qui ont regardé les trajectoires de consommation de produits du tabac chez les mères et leur enfant. On a essayé de voir s’il existait une différence entre les mères qui fument avant la grossesse, pendant la grossesse ou après la grossesse, et ainsi considérer les effets que cela peut avoir sur leur enfant. Ça prend une grande base de données. On s’est aperçu qu’il y avait un risque augmenté de devenir fumeur pour l’enfant si la mère fume avant ou après la grossesse, ou les deux.

Q. L.: Existe-t-il des éléments de votre étude qui vous ont surpris, auxquels vous ne vous attendiez pas ?

N. C.: On s’attendait à ce qu’il y ait un plus gros effet chez les mères qui fument pendant et après la grossesse plutôt que chez celles qui n’ont fumé qu’à un seul moment. Il n’y a pas eu tant de différences et ça nous a un peu surpris. Pour les mères qui ont fumé avant, pendant et après leur grossesse, leur enfant a un peu plus de deux fois plus de chances de fumer que celui d’une mère qui n’a jamais fumé. Pour les mères qui n’ont pas fumé pendant la grossesse mais qui ont fumé après, les chances sont une fois et demie supérieures. Et pour les mères qui fumaient pendant la grossesse et qui ont arrêté une fois que leur enfant est né, leur enfant a presque deux fois plus de chances de fumer.

Pour nous, c’est surtout un message au niveau de la prévention, ce n’est pas seulement de prévenir le tabac au moment de la grossesse, mais aussi avant et après. On a pu contrôler d’autres facteurs qui pourraient expliquer le tabagisme.

Q. L.: Quels sont ces autres facteurs ?

N. C.: On a contrôlé l’âge du père et de la mère, l’origine ethnique, si la famille était intacte ou séparée, le revenu et l’éducation des parents, les problèmes de comportement chez ces derniers quand ils étaient plus jeunes, la dépression chez la mère et chez le père, la consommation d’alcool et de drogues de la mère pendant la grossesse ainsi que son utilisation de médicaments pendant cette période, le fait d’avoir d’autres enfants dans la famille, d’allaiter, et le fait que le père fume ou non.

Q. L.: Combien de temps a duré votre étude et combien aviez-vous de participants ?

N. C.: Notre étude a débuté en 1998 et a duré plus de 20 ans. Il y a eu d’autres études similaires, mais elles comptaient moins de participants, donc nous pouvons moins trouver de différences entre les différents groupes. Nous avions 1 661 mères et 1 661 enfants. Nous avons collecté des données avant la grossesse des mères, nous les avons suivies jusqu’à ce que leur enfant ait environ 12-13 ans. Quand les enfants ont eu cet âge-là, nous avons commencé à collecter des données sur leur tabagisme, jusqu’à ce qu’ils aient 19-20 ans. Au début de l’étude, il y avait entre 3 000 et 4 000 participants, mais au fil des 20 ans, il n’est plus resté que 1?661 mères et 1?661 enfants.