La neuropsychologue et professeure au Département de psychologie de l’UdeM Nathalie Gosselin, spécialiste des liens entre le cerveau et la musique, n’est pas surprise de ce résultat. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce lien. « Le fait d’écouter de la musique réduit sensiblement la perception de l’effort et des douleurs, dit-elle. Il a été démontré que les gens qui s’entraînent avec de la musique consomment moins d’oxygène et moins d’énergie. » La professeure parle également de la force distractive de la musique, qui ferait passer le temps plus vite en accélérant sa perception. « Elle a le pouvoir de susciter et de moduler les émotions », affirme-t-elle. L’état émotionnel et l’humeur s’améliorent, le stress diminue, et l’effort devient plus stimulant et agréable.
Il est intéressant de noter que, d’après le sondage, la motivation engendrée par la musique est encore plus élevée chez les femmes et les jeunes. D’après Mme Gosselin, les nouvelles générations écoutent davantage de musique, car elles sont nées avec la technologie et les écouteurs dans les oreilles. « À l’époque, on avait le walkman, mais tout est tellement plus facile et accessible maintenant, justifie-t-elle. Les jeunes ont de la musique partout. Des études montrent que la musique est une réelle source d’identité pour les nouvelles générations. »
Synchronisme et performance
Le rythme est un élément central de la musique. « Le cerveau humain contient des structures cérébrales qui perçoivent le rythme et permettent à l’homme de synchroniser ses mouvements sur ce dernier », développe Nathalie Gosselin. Ceci pourrait expliquer que l’effet de synchronie entre le tempo de la musique et l’entraînement permet d’augmenter la cadence et la performance de l’effort, selon elle.
Un sport comme la natation synchronisée utilise la musique comme un outil majeur pour sa performance. La chercheuse au Développement des publics de la musique au Québec (DPMQ) et stagiaire postdoctorale au Département de musicologie de l’UdeM Irina Kirchberg a analysé le processus de création musicale dans ce sport. « Il est intéressant de voir qu’en natation synchronisée, la musique devient une valeur ajoutée à la performance, souligne-t-elle. Quand la nageuse est lancée en l’air dans une figure spectaculaire, la musique vient souligner cette prouesse. »
Préparation mentale en musique
Aujourd’hui, la musique est couramment utilisée comme outil de préparation mentale dans le sport de haut niveau. Consultante en préparation mentale et doctorante en sciences de l’activité physique au Département de kinésiologie de l’UdeM, Geneviève Cardella-Rinfret a écrit un mémoire sur ce sujet. « La musique fait partie des outils principaux que j’utilise dans la préparation mentale de mes athlètes, autant en entraînement qu’en compétition », dévoile-t-elle. La jeune entraîneuse explique que la musique permet d’activer l’énergie avant et pendant l’échauffement, et que chaque sportif choisit sa propre musique, puisque celle-ci est vécue de manière unique d’une personne à l’autre. L’écoute musicale agit également sur la concentration. Cela permet aux athlètes de rester dans leur bulle et d’être coupés de ce qui peut potentiellement les déranger, selon Geneviève.
L’étudiante au baccalauréat en microbiologie et immunologie Nina El Jamal confie qu’elle cherche à être stimulée par la musique lors de sa pratique sportive. Elle dit avoir besoin d’’une mélodie qui éveille tout son corps afin d’atteindre ses objectifs plus rapidement. « Une musique avec un beat fort et rapide va t’encourager à continuer en dépit de l’intensité de l’exercice pratiqué, révèle-t-elle. Pour ma part, après avoir essayé techniquement presque tous les genres de musique, le type trance est celui que j’adopte. » Il apparait que la musique occupe une place de plus en plus importante dans l’univers sportif et dans les entraînements des Canadiens, et qu’elle se révèle être un outil efficace, ludique et abordable.