Une maison d’édition féministe et inclusive

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Par Esther Thommeret
lundi 23 novembre 2020
Une maison d’édition féministe et inclusive

En août dernier, la maison d’édition Diverses Syllabes a vu le jour. Son objectif est de promouvoir une meilleure représentation des femmes racisées et des minorités de genre dans le milieu littéraire québécois. Les cofondatrices souhaitent se distinguer en offrant un cadre de travail « sécuritaire » et « bienveillant », ainsi qu’une rémunération décente aux auteurs et aux autrices. 

« C’est une maison d’édition par et pour les femmes racisées et les personnes en minorité de genre », affirme la cofondatrice de Diverses Syllabes, Élise Achille. On part d’une perspective féministe intersectionnelle et queer pour permettre plus de parité dans les milieux littéraires. »

Le projet a vu le jour au moment des différents mouvements de dénonciations l’été dernier. « La fondation de Diverses syllabes résonne avec le mouvement Black Lives Matter et la volonté de repenser les lieux de création et de diffusion suivant les dénonciations d’inconduites et de violences sexuelles », peut-on lire sur la page Facebook de Diverses Syllabes.

Un manque de représentation

La maison d’édition est née d’une volonté d’offrir une meilleure représentation des minorités dans le milieu littéraire au Québec. « On veut faire une place à ceux qu’on entend moins et qui n’osent pas se joindre à ce milieu par manque de représentativité, déclare Mme Achille. On veut donner la place à des personnes qui n’ont jamais été publiées, à des jeunes, etc. »

La directrice générale et autre cofondatrice de Diverses Syllabes, Madioula Kébé-Kamara, a été victime de ce manque de représentativité. « Elle s’est privée de son rêve littéraire justement à cause du manque de représentation des minorités dans le milieu culturel et littéraire », déplore Mme Achille.

Se distinguer des autres maisons d’édition

Diverses Syllabes veut se démarquer des autres maisons d’édition. Mme Achille mentionne la précarité du milieu littéraire et souhaite mettre en place des conditions propices à un salaire « décent » aux auteurs et aux autrices. La maison d’édition leur allouerait ainsi une rémunération de base de 1 000 dollars dès la signature de leur contrat.

Au niveau de la composition de l’équipe de travail, Mme Achille affirme vouloir offrir un espace « sécuritaire » et « bienveillant ». « On souhaite réduire les dynamiques de pouvoir malsaines, ne pas reconduire les répressions et ne pas reproduire la marginalisation, assure-t-elle. On veut être un espace sécuritaire où toutes les voix et tous les vécus peuvent se sentir valides. »

En attente de fonds du gouvernement

« On maintient une volonté d’être indépendant et de ne pas dépendre d’une institution », précise Mme Achille. Grâce à une collecte de fonds auprès du public, la maison d’édition espère recueillir 60 000 dollars afin d’être indépendante pour les deux prochaines années. Ce montant lui permettrait de publier les cinq premiers ouvrages requis pour faire une demande de financement au Conseil des arts et des lettres du Québec, dans le but d’obtenir des fonds du gouvernement.

« Notre objectif à court terme est la publication d’un premier ouvrage collectif, qui va rassembler les auteurs et les autrices autour d’un thème commun », ajoute Mme Achille. L’équipe fera bientôt l’annonce officielle du premier ouvrage qu’elle publiera l’été prochain.

En attendant celui-ci, Diverses Syllabes a participé au Salon du livre de Montréal 2020, qui s’est déroulé en ligne du 12 au 15 novembre derniers.