Le dernier film du scénariste et réalisateur italien Paolo Sorrentino, Parthenope, sort en salle en février. Celui qui a reçu l’Oscar du meilleur film international en 2014 pour La Grande beauté (La Grande bellezza) semble cette fois convaincre à moitié le public.
Le réalisateur Paolo Sorrentino souhaitait adresser une lettre d’amour à sa ville natale, Naples, une volonté qui transparaît dans des plans soigneusement colorés. L’esthétique est flamboyante et renvoie à un feu brûlant, aussi nourri par les habitant·e·s de la ville. Naples est ainsi dépeinte comme une ville vibrante autour de laquelle une fresque de personnages se bousculent à l’écran, dans des dialogues souvent théâtraux et remplis de sous-entendus. Pourtant, si le film emprunte les codes de la tragédie grecque, il peine à susciter des émotions ou à engager une réflexion profonde.
La baie de Naples semble être responsable à plusieurs reprises du destin de ses habitant·e·s. Au tout début du film, elle accueille la protagoniste, Parthenope, interprétée par Celeste Dalla Porta. Elle est également prête à engloutir d’autres vies, comme celui du frère de Parthenope, dont une chute fatale depuis une terrasse suggère le suicide, en direction des vagues. La baie, la plage et la ville deviennent alors les témoins d’un récit oscillant entre liberté, insouciance, amour et mélancolie, des années 1950 à aujourd’hui.
Sensuelle, mais superficielle
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Pour la première fois de sa carrière, le réalisateur met en avant un premier rôle féminin. Si cette démarche novatrice est remarquable, le personnage de Parthenope semble peu convaincant. Née dans les eaux de la baie, Parthenope porte le nom de la créature mythologique fondatrice de l’ancienne Naples, façonnée par et pour la ville. Elle incarne à la fois l’élégance et l’excentricité, à l’image de son carrosse, qui fait office de lit, symbole de la richesse familiale.
Au-delà de cette construction mythique, Parthenope apparaît comme un objet fascinant, qui suscite le désir des femmes comme des hommes. En bikini ou en robe échancrée, elle attire les regards par sa sensualité, mais peine à susciter de véritables émotions. Son charme mystérieux et irrésistible séduit tous les personnages, même son propre frère ainsi qu’un évêque problématique. « Parthenope, tu es une déesse », lui disent-ils. Seul son professeur semble se distinguer, affichant une certaine indifférence à son attrait physique, bien qu’il la vénère tout de même pour son intelligence en la qualifiant de « génie ».
Tout au long du film, plusieurs personnages interrogent Parthenope sur ses pensées, mais la jeune femme semble jouer avec eux comme avec le public, conservant une distance insaisissable. Cette femme sensuelle, qui se montre nue devant un jardinier sans raison, finit par devenir incomprise. Un mystère difficile à percer tant son existence devient source de questionnements. Elle finit par avouer être triste et frivole comme Naples, vivante et seule, et se demande si l’amour pour survivre a été un échec.
Finalement, si Paolo Sorrentino offre un univers esthétiquement envoûtant sous le soleil perçant de Naples, son film peine à impliquer pleinement l’auditoire dans son drame. Sa protagoniste, insaisissable et superficielle, finit par lasser plutôt que d’hypnotiser. Parthenope est une muse qui charme, mais son mystère reste trop creux pour être pleinement fascinant.
Le film, en compétition au Festival de Cannes en mai 2024, est désormais en salle en version originale italienne avec sous-titres anglais au Cineplex Forum) et avec sous-titres français au Cinéma du Parc ainsi qu’au cinéma Le Clap Ste-Foy).