Une formation au cœur de la transdiversité

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Par Esther Thommeret
jeudi 9 janvier 2020
Une formation au cœur de la transdiversité
Photo courtoisie : Groupe d’action trans de l’UdeM (GATUM).
Photo courtoisie : Groupe d’action trans de l’UdeM (GATUM).
En décembre dernier, l’UdeM a lancé le premier cours francophone sur la transdiversité afin de sensibiliser la communauté universitaire et le public aux enjeux trans. Basée sur de vrais témoignages, cette formation propose un guide des comportements à adopter pour améliorer le quotidien des personnes trans et non binaires.

« L’objectif est de pouvoir donner aux gens une idée de ce qu’est une personne trans, une personne non binaire, la transphobie, les rôles de genre, mais aussi de démystifier et d’éduquer », explique le co-porte-parole du Groupe d’action trans de l’UdeM (GATUM), Hélio*. D’après lui, le cours Transdiversité (DSG 101.1) aborde plusieurs thèmes tels que l’identité de genre et la transidentité, et donne des conseils sur les pratiques à adopter pour soutenir les personnes trans, tant à l’université que dans la vie de tous les jours.

« Je pense que, même en étant très ouvert et en ayant envie de bien réagir, on ne sait pas nécessairement comment s’y prendre », souligne la doctorante en études hispaniques à l’UdeM Gabrielle Pannetier Leboeuf. Également chargée de cours, Gabrielle estime la formation complète et pertinente, elle y a notamment appris à accueillir une personne trans, à réagir à un dévoilement et à comprendre certains enjeux et concepts liés à la question du genre. « Ce que j’ai aimé, c’est qu’ils expliquent qu’il n’y a pas une seule façon de réagir, qu’il n’y a pas “la” réaction parfaite, précise-t-elle. C’est plutôt de montrer à la personne qu’on est présent, de la remercier pour sa confiance et d’ouvrir le dialogue. »

L’importance des mots

D’après le GATUM, expliquer les termes de personne cis, trans ou non binaire, identité de genre, socialisation genrée, dysphorie, transphobie ou encore processus de transition peut permettre aux personnes vivant ces réalités d’être acceptées et reconnues dans leur différence. « On a remarqué que, souvent, les personnes sont pleines de bonne volonté, mais ne savent pas comment faire, détaille Hélio. L’objectif est donc de leur donner les outils pour qu’ils puissent savoir comment agir. » Le co-porte-parole ajoute que certains gestes « simples » peuvent changer le quotidien des personnes trans et non binaires. « Par exemple, en demandant à la personne par quel prénom elle souhaite se faire appeler », développe-t-il.

Selon le GATUM, le principe du « prénom choisi » sera adopté par l’UdeM le 22 janvier prochain. Il sera donc désormais possible de changer son prénom usuel au sein de l’administration de l’Université.

De la théorie à la pratique

D’une durée de trois heures, le cours est composé de trois modules qui prennent diverses formes comme des lectures interactives, des courts films d’animation, des vidéos témoignages ou encore des mises en situation réelles. Pour rendre le cours le plus proche possible de la réalité, le GATUM a souhaité se baser sur des expériences vécues par des personnes trans et non binaire au sein de l’université. « Le but était vraiment que les personnes concernées puissent être au cœur du projet, affirme Hélio. On a donc voulu les impliquer dans les vidéos et y mettre de vrais témoignages. »

Par exemple, Hélio explique le poids de la carte étudiante sur le quotidien d’une personne trans. « Tu dois montrer ta carte étudiante quand tu passes un examen, quand tu vas à la bibliothèque, quand tu vas faire ta carte OPUS, mais aussi quand tu veux avoir un rabais au musée, explique le co-porte-parole. Les gens voient que la photo ne “matche” pas, il faut constamment se justifier. »

En tant que chargée de cours, Gabrielle a été particulièrement intéressée par le volet pratique de la formation, qui propose des mises en situation concrètes. « Je ne m’étais pas doutée que certaines situations pouvaient créer un malaise pour certaines personnes, ou être problématiques, comme ça peut être le cas lorsqu’on cite les noms de la liste de présence, précise-t-elle. Quelqu’un peut avoir un prénom usuel différent de celui qui apparaît sur la liste. » Gabrielle estime qu’il est intéressant de suivre ce cours afin d’apprendre à réagir à certaines situations pouvant survenir dans une salle de cours. « J’ai l’impression que je suis mieux outillée pour la suite », conclut-elle.

Accessible gratuitement en ligne depuis le 10 décembre dernier, la formation a été réalisée en partenariat avec le GATUM, la Chaire de recherche du Canada sur les enfants transgenres et leurs familles et le Vice-rectorat aux affaires étudiantes et aux études de l’UdeM.

*La personne agissant à titre de co-porte-parole du GATUM n’a pas souhaité donner son nom ni son genre pour assurer sa sécurité et son anonymat, « le » et « il » sont ainsi utilisés à titre de masculin générique au sein de l’article.