Lisa s’est d’abord heurtée à une situation commune dans la métropole : la cour arrière de son appartement était habitée par des chats errants. « Un d’eux s’est reproduit et la situation a dégénéré », explique-t-elle. Ces animaux abandonnés ou nés dans la rue sont exposés à des conditions difficiles comme le manque de nourriture et les maladies, rappelle l’étudiante.
Œuvrer directement dans un refuge ne convenait pas à Lisa, qui se considère trop sensible. Le site Web devient pour elle l’option la plus intéressante. Elle peut ainsi poser un geste tout en conservant une certaine distance par rapport à la réalité de quelques animaux, parfois très mal en point. « J’ai démarré Kotchka en quelques jours, explique-t-elle. Le 3 octobre, la page Facebook était en ligne. Pour le nom, je me suis inspirée du mot tchèque ko?ka, qui signifie chat. »
L’animal au premier plan
La fondatrice de Kotchka précise quelques points à l’intention des familles d’accueil. « Il ne faut pas être égoïste, avertit-elle. Il faut accueillir le chat et ne pas avoir spécialement d’attentes envers lui. » Puisque la condition physique du chat est généralement inconnue, il n’est pas question de marchander. Les participants peuvent déterminer les limites de leur engagement, mais ne choisissent pas l’animal accueilli.
Être famille d’accueil, comme l’est l’étudiante en design de présentation au Cégep du Vieux-Montréal Gwenn Perrot, permet de jouir d’une présence féline à la maison sans devoir s’engager sur plusieurs années comme dans le cas d’une adoption. « Je fais ça parce que j’adore les animaux, renchérit-elle. Je veux tout faire pour qu’ils soient bien. » Son mode de vie, qui l’amène à se déplacer fréquemment, rend l’adoption permanente difficile à envisager.
En général, l’animal demeure chez elle pour une période d’un à deux mois, jusqu’à ce qu’on lui trouve une famille permanente, explique-t-elle. « Quand la famille vient visiter, on le voit tout de suite si le chat est bien, confie-t-elle. J’agis selon les besoins du félin. Du coup, la séparation n’est pas difficile à faire pour moi. »
Gwenn se réjouit de la réponse rapide de Kotchka. Un refuge l’a contactée pour évaluer sa candidature et il ne reste plus que la visite de routine à domicile, au cours de laquelle on s’assure qu’elle saura prendre soin des bêtes qui lui seront confiées.
Agir avec peu
Un certain nombre d’obstacles se dressent devant les refuges animaliers. « En fait, l’argent est notre plus grand problème », déplore la cofondatrice du refuge Chat’cun son Toît, France Chassé. Le groupe, qui collabore avec Kotchka, doit payer l’ensemble des frais d’exploitation sans l’aide de subventions. « Aux frais de vétérinaires s’ajoutent les dépenses pour la nourriture et la litière », spécifie-t-elle.
Les refuges peinent aussi à répondre à la demande et, chez Chat’cun son Toît comme ailleurs, la capacité d’accueil est limitée. « Nous travaillons aux adoptions, mais les chatons sont adoptés souvent en premier et on reste avec les adultes », déclare Mme Chassé.
Kotchka vise prioritairement à mettre en relation ceux qui souhaitent aider les félins. « L’autre gros problème, ce sont les familles d’accueil, fait ressortir Lisa. Les refuges ne peuvent pas mettre tous les chats chez eux, forcément. On ne se rend pas compte. Il n’y a pas que la SPCA ou le Berger Blanc. Il y a plein de petits refuges, de gens qui font ça chez eux. » Elle insiste aussi sur le fait que, bien souvent, le besoin d’une famille d’accueil est urgent. Parfois, le chat doit être placé en quelques jours.
Trouver des familles d’accueil reste l’option privilégiée par le refuge Kitty-Kat dans Le Plateau-Mont-Royal. « C’est beaucoup moins stressant pour eux et surtout plus sécuritaire, souligne la fondatrice du refuge, Nancy-Ann Michaud. Il y a tellement de maladies contagieuses chez les félins. » Chez Kitty-Kat, l’euthanasie n’est jamais envisagée. « Le refuge n’accueille les félins que s’ils ont d’abord une place pour eux en famille d’accueil », souligne Mme Michaud.
Les projets d’avenir de Kotchka sont loin d’être définis. Son objectif premier était de trouver dix foyers pour autant de bêtes. Cela dit, grâce à la bonne réception que Lisa considère avoir reçue pour son projet, elle voit l’avenir d’un bon œil. Elle a d’ailleurs déjà trouvé quatre personnes prêtes à devenir familles d’accueil pour les refuges. L’étudiante caresse l’idée d’étendre son réseau partout où la demande se fera sentir.