Une encyclopédie du cinéma à 2,5 M $

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Par Pascal Thibault
mercredi 14 octobre 2015
Une encyclopédie du cinéma à 2,5 M $
André Gaudreault, chercheur et professeur titulaire au Département d’histoire de l’art et études cinématographiques dirige section canadienne du projet Technès. Crédit Photo: Guillaume Villeneuve.
André Gaudreault, chercheur et professeur titulaire au Département d’histoire de l’art et études cinématographiques dirige section canadienne du projet Technès. Crédit Photo: Guillaume Villeneuve.
Deux millions et demi de dollars. C’est le montant que le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) a octroyé le 25 septembre dernier au chercheur et professeur titulaire au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’UdeM André Gaudreault pour son projet Technès. L’objet de cette bourse : une étude des moyens de production de l’image et du son qui se concrétisera par une encyclopédie numérique et accessible en ligne.
« Quelqu’un aurait dit, en 1982, qu’un jour il se donnerait une subvention de 2,5 millions pour une étude en cinéma, on aurait été morts de rire ! »
André Gaudreault - Chercheur et professeur titulaire au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’UdeM

Technès emploiera plus de 40 chercheurs canadiens, américains et européens qui travailleront dans le cadre d’un partenariat international réunissant l’UdeM, l’Université de Lausanne et celle de Rennes II. De nombreux étudiants, tous cycles confondus, sont également encouragés à participer au projet. Celui-ci a débuté cet automne et doit s’étaler sur cinq ans. « L’objectif est de réintégrer la dimension technique dans la réflexion scientifique sur le cinéma », précise le directeur de la section canadienne, M.?Gaudreault.

« On est rendus là dans la discipline », affirme-t-il, pour justifier en partie l’obtention de la subvention. Cette aide financière du CRSH n’est pas uniquement due à l’appui de collaborateurs tels que la Cinémathèque québécoise, l’Institut de l’image et du son (INIS) ou la chaîne télévisuelle Canal Savoir. « Quelqu’un aurait dit, en 1982, qu’un jour il se donnerait une subvention de 2,5?millions pour une étude en cinéma, on aurait été morts de rire ! », résume-t-il. Derrière cette somme, il y a « une forte reconnaissance institutionnelle » dont jouissent désormais les études cinématographiques, confirme M. Gaudreault, et ce, grâce à leur grand développement ces dernières années.

« Les gens doivent avoir les outils pour reconnaître les images qui les entourent, pour comprendre d’où elles viennent et ce qu’elles signifient », pense la doctorante en études cinématographiques et nouvelle employée de Technès, Solène Secq, lorsque questionnée sur la pertinence du projet. L’encyclopédie de Technès, en ce sens, aidera le citoyen à saisir les particularités des images en explicitant les moyens de production.

Le doctorant en études cinématographiques de l’UdeM et membre du projet Nicolas Dulac souhaite que la participation étudiante au projet soit forte. « Le but, c’est de les impliquer de plus en plus pour qu’ils restent dans le projet et intègrent celui-ci dans leur maîtrise », confie-t-il. Technès, dont l’équipe est encore en cours de constitution, ouvre grand sa porte aux étudiants qui s’intéressent à la recherche esthétique, historique et philosophique de l’évolution des techniques et des technologies du cinéma. Les étudiants auront, entre autres, à tourner des entrevues avec des artisans du cinéma, à réaliser des missions d’archivage à l’étranger et à numériser en 3D des appareils de production cinématographique.

« À l’heure où le numérique est venu faire du cinéma un média de l’image parmi les autres, en brouillant les frontières entre les types d’images en mouvement, il y a une nécessité de retracer l’évolution des techniques et des technologies du cinéma, pour des raisons patrimoniales », constate M. Gaudreault. C’est en partie la mission que s’est donnée l’équipe de Technès.